Après 4 chefs d’œuvre (Little Odessa, The Yards, La nuit nous appartient et Two Lovers) j’avais perdu de vue James Gray. Le voici de retour sur les thèmes qui lui sont chers et dans lequel il excelle : l’intime, la famille. Mais pour autant, à aucun moment James Gray ne verse dans la nostalgie, dans la douce description d’un paradis perdu. Non, le monde qu il nous décrit est cruel, comme l’est avec ses parents le personnage de ce jeune enfant.
Armageddon Times est un film qui avance sans fracas, sans effet mais qui, au fil des séquences, vous émeut, vous intrigue, vous accroche. On y retrouve l’atmosphère de Little Odessa et de toute évidence c’est un film autobiographique, à la fois très daté ( le début des années 80), très contemporain et social (rien n’a bougé depuis les années Reagan ou du moins rien ne s’est amélioré. )
Parmi les très grandes qualités de ce film (scénario classique mais très finement ciselé, mise en scène sans esbroufe, magnifique photo de Darius Khondji) il faut saluer la très belle interprétation. Le jeune héros, qui ose affirmer avec panache sa singularité et évoque a de nombreuses reprises le jeune Antoine Dioinel, Anthony Hopkins magnifique d’humanité, Anne Hathaway dans un registre different, entre abandon et émotion et Jeremy Strong formidable en transfuge de classe, père aimant dépassé par les événements et ce foutu rêve américain qui veut que tout le monde se sente obligé d’avoir une bonne place au festin de la vie…et enfin le jeune ami, qui nous amuse et nous bouleverse. Car Armageddon Time est aussi, et peut être surtout, une histoire d’amitié entre deux momes d’une origine sociale tres différente er qui pourtant se reconnaissent. Et surtout un film qui, même si son auteur se penche sur sa jeunesse, ne cède jamais à une nostalgie douillette ni aux travers une reconstitution folklorique.
Il y a chez James Gray une exigence morale et esthétique qui force le respect car il réussit à faire passer de grandes émotions sans jamais céder à la facilité.