Retour vers un cinéma plus intimiste, vers l'intimité des familles, mais cette fois il n'y a pas de voyous ou de flics: James Gray explore le monde de l'enfance, et on devine qu'il y a mis beaucoup de la sienne.... C'est une famille juive très soudée, très aimante; les déjeuners, avec les oncles et les tantes, sont sacrés, même si au départ, les deux familles n'appartenaient pas tout à fait au même milieu; celle d'Esther (Anne Hathaway) était très à l'aise; le père d'Irving (Jeremy Strong) était plombier.
C'est une famille aimante, donc, même si parfois ça flashe assez fort. Il faut dire que Paul (Banks Repeta), le second des deux garçons, est assez désespérant; il est charmant, affectueux, quand il veut, même en même temps rebelle, insolent. A l'école, il rêvasse; il dessine; il a décidé qu'il serait artiste! Il va dans une école publique plutôt déshéritée, les professeurs crient beaucoup mais ne punissent jamais.. Face aux désobéissances, Irving se met parfois très en colère et sort sa ceinture, Esther est très fâchée, mais le marmot terrible est vite pardonné.
Dans la classe de Paul, il y a Johnny (Jaylin Webb). Johnny est noir, pauvre, il n'a pas de parents, il vit avec une grand-mère grabataire. C'est dire que l'école, il n'en a rien à faire; c'est le perturbateur en chef. Evidemment, ça matche entre les deux rebelles, bien qu'il y ait, intrinsèquement, une grande différence entre eux. Johnny sait qu'il a tiré la mauvaise carte; noir, orphelin, pauvre, il n'a aucune chance de s'en sortir; même s'il rêve des fusées, des astronautes, de la Nasa, ce n'est pour lui présent que sous forme de vignettes Panini.... Alors que Paul fait la crise d'adolescence du petit bourgeois trop gâté...
Dans cette famille, il y a un ange gardien, plein de sagesse et de grandeur d'âme, c'est Aaron, le grand-père maternel. C'est lui qui tient les fils de la famille; il y a entre Paul et lui, beaucoup d'amour, beaucoup de complicité, et à vrai dire c'est la seule personne capable de raisonner ce jeune poulain indocile. Mais les grands pères ne sont pas éternels. Anthony Hopkins est formidable!!!
C'est lui qui convainc Paul d'aller dans la luxueuse école privée (la famille Trump fait partie des mécènes) que fréquente déjà le frère aîné. Uniforme, cravate, chaussures cirées.... Paul essaye tant bien que mal de s'intégrer. Mais Johnny ne va pas laisser son copain l'abandonner comme cela!
Et quand ils feront une très grosse bêtise, celui qui s'en tirera, on sait bien qui ce sera.
C'est l'apprentissage de la vie. Voilà, c'est une histoire d'apprentissage de la vie. Tellement bien écrite, tellement vraie!! Tout est tellement juste dans la description de cette famille marquée par sa judéité et les rebuffades éprouvées à cause de cette judéité, qui vote à gauche -mais préfèrerait quand même que Paul ait un copain plus présentable. Qui a américanisé son nom. Qui envoie ses fils dans une école où ils auront toutes les chances de réussite.... à condition de ne pas mettre en avant leurs origines. Une famille pleine d contradictions, donc, comme tout le monde. Magnifique.
A signaler: les deux jeunes acteurs sont épatants! Alors que souvent les enfants acteurs sont d'agaçants petits singes savants.....