“Armageddon Time”, c’est une ambiance, un amour pour le New York des années 80, une immersion dans l’enfance du réalisateur James Gray, quelque chose d’assez personnel au final. Cela se sent rapidement, au devant de la caméra, par delà la photographie, les filtres et les couleurs, ainsi que le soin dans les décors et les costumes. L‘atmosphère du film nous transporte rapidement, on s’y croirait tellement, la bande originale ne fait qu’ajouter une immersion des plus agréable dans le quartier du Queens, à l’époque des Sugarhill Gang de du fameux “Rapper’s Delight” song. Mais “Armageddon Time”, c’est surtout l’histoire d’un enfant lucide, Paul Graff (Banks Repeta) victime des diktats de la société Américaine, des familles de riches comme la famille Trump qui impose son modèle de société et souhaite éduquer les générations à venir, qui assurera une Amérique forte sur le plan économique, stratégique et démographique. Un racisme omniprésent qui rayonne au travers du jeune Johnny Davis (Jaylin Webb), l’immigration marque également une partie de l’histoire et de la famille Graff. Un passé qui fait ce que Paul est ce qu’il est aujourd’hui. Et face au vaste monde, il essaye de se faire une place, écoute ses envies. Une ode à la jeunesse, à l’écoute de soi, au détriment des codes de la société. Paul rentre dans un conflit intérieur, déchiré entre l’état d’esprit de sa famille, un modèle forgé par la société, et celui qu’il souhaite réellement, une âme d’artiste. Une scission marquée dans les relations entre le père et son fils très autoritaire, et entre la mère et son fils d’autant plus basée sur la médiation et le partage. Ainsi qu’une relation grand-père/petit-fils d’une grande force et d’une grande sagesse. Anthony Hopkins dans le rôle de Aaron Rabinowitz est juste, je rêve de l’avoir comme grand-père dès les premiers échanges, si amoureux pour sa famille, si attentionné, avec un regard plein d’espoir de bienveillance. Le long-métrage met du temps à trouver un rythme, car d’une inertie plutôt lente, mais quand on regarde l’ensemble, nous avons un récit sincère, authentique et probant. Marquant la fin du citoyen américain qui reproduit inlassablement le modèle patriotique, familial et s’épanouit de la beauté de la vie, des gens qu’il rencontre, des opportunités qui s'offrent à lui, de son âme de créateur.