Quand on me disait que Lara Croft : Tomb Raider était un vrai film daubesque, je n'osais le croire; les quelques images vues au détour d'un zapping, ainsi que la présence de la très bonne Angelina Jolie au casting me poussaient à espérer tomber sur quelque chose d'un minimum convaincant. Et puis, j'ai vu Wanted, avec ladite actrice; dès lors, quelque chose s'est fissuré en moi : mon innocence de gamin. Alors, je suis enfin devenu adulte. Fini les daubes bien notées, fini les coups de coeur pour les séries z et les navets les plus infâmes. Fini d'être sympa, fini d'être clément ( ça tombe bien, je m'appelle Florent ), ça va dépoter sévère. Pire, ça va saigner, saigner dans les casseroles. Ca va être la fin des épinards, un raz de marée de violence et de déchaînement meurtrier. Oui, mes amis, les mauvais films vont prendre cher. Démontons donc ce Lara Croft. Première adaptation cinématographique d'une saga vidéoludique culte au possible, elle se plante lamentablement dans le rayon de la fidélité : tenant plus du sous-film d'action pompant allègrement sur la mise en scène des Wachowsky ( le style et le génie en moins ) avec le style kung-fu/clipesque du premier Blade, que du film d'aventure à la Indiana Jones, Tomb Raider est une oeuvre mineure, mal foutue, mal menée, laide et inintéressante. L'on aurait pu espérer des combats qu'ils soient un minimum divertissants; que nenni, mes chers amis ! Gavant à défaut d'être intéressant, puéril sans être une fois convaincant. Tout pour faire un excellent film de genre. La mise en scène, horriblement clipesque, foire constamment ses scènes d'action. Les plans sont mal étudiés, mal cadrés, mal réalisés; ça bouge dans tous les sens, ça tremble, ça manque de style, de beauté, d'art. Un gâchis visuel saupoudré d'un zeste de techno bas de gamme typée années 2000, bande-son insupportable et répétitive qui te ferait passer les textes de Jul pour du grand César. Manquant de punch et de puissance, cette Lara Croft est également portée par des acteurs à la ramasse ( faut voir la gueule que tire Angelina Jolie, tombant toujours dans la caricature la plus infâme ) et des dialogues savoureusement inadmissibles. Mise à part la performance de Jolie, on retiendra surtout le manque de crédibilité de Iain Glen, et l'inutilité saisissante du personnage de Jon Voight. Sacrée idée d'avoir voulu le faire tourner dedans, d'ailleurs. Très originale, même : qu'il incarne le père d'Angelina, c'est vachement pas cliché du tout. En un mot, c'est révolutionnaire. Un peu comme le personnage de Daniel Craig, affreusement peu marquant. Craig qui s'avèrera être le meilleur acteur du film, malgré l'épaisseur toute relative de son personnage. Peu aidés par des dialogues bourrins et stupides, ces acteurs n'y croient pas une seconde; Jolie semble même en rire, de son rôle si douteux. Elle se fiche du personnage, se moque de ses fans autant que du réalisateur. Dans son regard, c'est comme si tu lisais : "tu m'as fait jouer dedans, tant pis pour toi." Hideuse bouillie visuelle et sonore, cette oeuvre catastrophique n'en finira plus de vous prendre la tête, tant c'est mauvais, mal foutu, laid. Douteux et ridicule, niais et stupide, plombé par ses acteurs non-engagés et son esthétique répugnante, Lara Croft est un film tellement mauvais qu'il t'en donne des leçons de cinéma. C'est fort, quand même.