Dans la galerie commerciale Matongé, dans la commune d’Ixelles (limitrophe de Bruxelles), se trouve un salon de coiffure comme on en compte des dizaines dans le quartier (ancien haut lieu de la communauté congolaise). “Chez Jolie Coiffure”, on y retrouve Sabine, la gérante de ce petit salon de coiffure de 8m², un lieu de vie, d’échanges et de rencontres, où l’on s’entraident et s’organisent pour faire face à la clandestinité.
Loin d’être un banal salon de coiffure, c’est aussi et surtout un lien essentiel du tissu social où les africains (et surtout, les camerounais) se retrouvent. Comme Sabine, le parcours migratoire de la plupart des camerounaises se ressemblent en tout point. Depuis le Cameroun, via des agences de recrutement de femmes de ménage pour le Liban, une fois sur place, elles seront réduites en quasi esclavage et parfois violées. Quand elles y arrivent, elles fuient le Liban pour la Belgique. Les mésaventures se suivent et hélas, se ressemblent toutes, alors que l’on pensait que la traite des esclaves étaient derrière nous.
La réalisatrice camerounaise Rosine Mbakam (Les Prières de Delphine - 2021) a filmé un huis clos qui détonne totalement du monde extérieur. Dans la galerie commerciale, les échanges sont parfois virulents, il n’est pas rare que la police y fasse des contrôles d’identités et pire encore, on a parfois l’impression d’être au zoo, avec ces touristes blancs qui se baladent dans la galerie et scrutent d’un air hagard l’intérieur du salon de coiffure comme si Sabine et ses consoeurs n’étaient rien d’autre que des objets en vitrine (une séquence assez déroutante, qui nous renvoie de pleine fouet à l’époque coloniale).
Chez Jolie Coiffure (2019) dresse le parcours migratoire de ces femmes qui, rêvant d’une vie meilleure, se sont bien souvent retrouvées dans une situation bien pire qu’elles ne l’étaient avant. Et n’allez pas croire qu’en Belgique elles ont enfin trouvé la vie rêvée, loin de là…
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