"Bravo, Einstein...". Old est un film qui sent le Shyamalan "qui aurait besoin de vacances" : passée la surprise du début (pourquoi les vacanciers vieillissent aussi vite sur cette plage, et surtout : pourquoi ne peuvent-ils plus s'en échapper ? On est d'emblée piqué de curiosité), le film n'arrive pas à garder le zénith et se ternit de plus en plus, au fil des rebondissements improbables ("
on vieillit à cause du magnétisme de la roche"
... C'est digne d'un épisode de Lost, pas d'un Shyamalan), des effets spéciaux très laids, et surtout d'un twist qu'on avait deviné dès le mi-film... D'ordinaire, un Shyamalan nous fait ouvrir grands les yeux à l'annonce du twist, et ici malheureusement on nous sert littéralement la solution sur un plateau d'argent dès le début. Bien trop d'indices sont donnés quant au "pourquoi" de l'isolation des vacanciers (dès le départ,
on fait des fixettes sur les maladies des touristes, on insiste bien sur le "Calcium cocktail" qui correspond à la maladie des os de verre de la dame, on repère à cent mètres qu'il s'agit d'un hôtel de remise en forme, qui fouille dans les dossiers des "patients" : "tenez, un cocktail de bienvenue qui a été calculé selon votre dossier"
... Non, vraiment, bien trop d'indices. Couplé au fait que les gens sont piégés dans une sorte de
téléréalité en accéléré
... N'en jetez plus, on a pigé, et ce, dès le milieu du film). Peut-être ne pas dévoiler les
caméras
si tôt dans l'intrigue aurait permis de garder un peu de mystère, et ne pas faire autant de tintamarre autour du
caractère "curatif" de l'hôtel
aurait évité d'avoir un twist où l'on se dit "Bravo, Einstein !". Une expression qu'on a appliqué bien souvent dans Old, face à la lenteur "à la comprenette" des personnages, visiblement pas très éclairés malgré le soleil de plomb : ils mettent un temps fou à comprendre qu'ils vieillissent (faut-il attendre que Trent ait de la barbe et Maddox fasse un bonnet D pour le comprendre ? Quand Jarin annonce enfin "Je crois qu'on vieillit sur cette plage" dans la réunion de groupe, on lui décernerait une médaille). De même que, sachant cela, ils ne se méfient pas de l'accélération de la dégénérescence du personnage schizophrène (et il a un couteau : "Bravo, Einstein !"), ils restent souvent sans surveillance "en groupes réduits" (on voyait le coup du bébé venir à cent mètres, la crise d'épilepsie, les meurtres...), et on rigole même lors de la dernière séquence de voir que les deux enfants (grandis) n'ont aucune réaction particulière alors qu'ils
survolent en hélico le lieu où toute leur vie s'est effondrée (encore heureux, l'hélico ne s'est pas crashé, avec le "magnétisme de la roche"...
Eh bien, Night, vous n'avez pas vu le beau twist final "délicieusement méchant" qu'on aurait pu créer ? Pour changer de la happy-end bien trop prévisible et doucereuse que l'on s'est coltiné...). On ne retiendra d'Old que ce démarrage intriguant, que quelques rebondissements sympas (les enfants qui ne comprennent pas ce qui leur arrive, on a pitié), que le rythme qui n'est pas mauvais (on ne s'ennuie pas), et les rares scènes qui osent "montrer" (la tumeur, les os de verre...) contrairement aux restes des morts qui sont systématiquement cachées (une déception, on croit que le film pense qu'on a 6 ans). Mais la solution est bien trop facile à deviner avec la flopée d'indices qu'on nous sert au début, les personnages ne sont vraiment pas des prix Nobel, et on reste déçus de la prévisibilité de la fin. On vous envoie des vitamines (ou des vacances), Night, pour que votre prochain film nous subjugue à votre habitude.