M. Night Shyamalan fait parti de ces réalisateurs/scénaristes à la carrière inégale mais toujours innovante, allant des chefs-d'oeuvre fantastiques aux ratages total... Malgré ça, il reste un raconteur d'histoires hors-pair, expert en twists, en scénarios originaux et mises en scène marquantes. Je suis toujours super emballé à l'idée de découvrir ses nouvelles inventions ! Avec "Old", son quatorzième long-métrage, il adapte pour la première fois un concept qui n'est pas directement sorti de son imaginaire. En effet, l'inspiration est née du roman graphique de l’écrivain français Pierre-Oscar Lévy, "Château de sable", qui présente un huis-clos à ciel ouvert sur une plage paradisiaque. Plusieurs personnes, d'origines et d'âges différents, y sont venues pour profiter de leurs vacances mais elles découvrent avec effroi que leur vieillissement est subitement accélérée et qu'aucune issue n'est possible... Tout comme "Midsommar" qui instaure un climat anxiogène et horrible sous un soleil éclatant, "Old" distord la temporalité pour éveiller des angoisses et invoquer le fantastique. D'emblée, l'atmosphère se révèle mystérieuse et captivante, amplifiée par des gros plans étouffants, des flous chaotiques, des travellings circulaires angoissants et autres hors-champs flippants. Si ce dernier cauchemar de Shyamalan est visuellement maitrisé, et que les thèmes de l'illusion, de l'hostilité de la nature et de la peur de la décrépitude forment un mélange audacieux et étonnant, le scénario peine parfois à nous garder en haleine. Car après la découverte des premiers symptômes inquiétants, entre des enfants qui grandissent à toute vitesse, une grossesse accélérée et des hémorragies et malaises surprises, l'intrigue se veut rapidement répétitive, incohérente voire même parfois guignolesque... Avec un grand nombre de personnages, la caméra a du mal à se poser et à toucher à l'intime, préférant mettre l'accent sur les coups de théâtre au sein de ce terrain de jeu improbable. C'est d'ailleurs grâce à eux que le réalisateur parvient à jamais nous ennuyer et à préserver une tension qui aboutit sur un climax qui justifie tous les mystères. Si l'idée est affriolante et presque inquiétante quand on met en parallèle notre pandémie actuelle, elle n'en est pas moins trop surlignée, notamment par les personnages qui n'arrêtent pas d’expliquer méthodiquement aux spectateurs tout ce qu’il se passe pour être bien sûr qu’ils ne perdent pas le fil. Côté maquillage et vieillissement, je suis un peu resté sur ma faim et je trouve que le film aurait pu aller beaucoup plus loin. Mis à part ces quelques défauts, "Old" reste une terreur simple, bien foutue et divertissante, une réflexion sur notre obsolescence programmée et la finitude de chaque chose. Mais l'une des meilleures trouvailles du film réside tout de même dans le petit rôle pervers et bien pensé que s'offre Shyamalan... Au sein de sa filmographie, "Old" se classe dans un entre-deux à la fois effrayant et redondant, malsain et anecdotique. Un peu comme l'avait fait "The Visit" il y a six ans...