Le Public mondial ne s'y est pas trompé. Il a pour une grande part rejeté, l'anti-histoire d'amour du film PEARL HARBOR. Il est impossible d'ailleurs de faire une critique cohérente de l'anti-histoire d'amour, car elle est délirante, elle contient tout et son contraire, elle est redondante (des bouffées d'amour platonique ressurgissent jusqu'à la fin et on se demande si le trio maudit va se séparer un jour). C'est le héros qui souffre (d'ailleurs dans la réalité ce héros souffrirait beaucoup plus que ce que les acteurs expriment, souffrance suffisante pour la dépression ou le suicide).
Tout le problème est là : On commence le film avec la naissance d'un grand amour. Les spectateurs s'attendent à voir se dérouler une histoire où le héros (Ben Afflek) et l'héroïne (Beckinsale) vont affronter les difficultés ensemble grâce à leur amour. Au lieu de cela on entre dans une relation à trois pas nette. Le héros serait le préféré de l'héroïne mais devrait céder sa place au voleur de fiancée. Cela pourrait être l'objet d'un film tragique. Mais ce n'est pas le cas ici, on comprend pas l'intérêt de ces péripéties. En tout cas cela casse la romance. On est loin des romances du Titanic ou de Pretty woman. Dans ces 2 romances la fin peut-être tragique ou heureuse, mais c'est le Grand Amour. Les spectateurs ont adoré.
Le problème aussi c'est que ce film de guerre a une logique très forte. Même si on y voit les destructions de Pearl Harbor, comme on connaît la fin de l'histoire militaire en 1945, on sait que l'espoir est du côté des alliés. Une nation entière est mobilisée et se met sur le chemin de la victoire. Alors comment le héros du film (Ben Afflec) pourrait-il arriver à la fin du film sans sa femme, sans rien, psychologiquement castré, en échec total avec un futur même pas suggéré?
Le scénario du film se dirige dans une impasse, alors comme c'est impossible de réduire à néant le héros du film, dans les dernières images, on tue le troisième homme (qui est l'intrus pour la Morale populaire) et on remet instantanément les héros (Ben Afflek et Becksindale) dans les bras l'un de l'autre. On n'y croit plus beaucoup. (C'est morbide, le gosse qui a 6 ans est encore devant la tombe de son père biologique. Mais qui aime-t-elle, Becksindale, des 2 pilotes?)
Impossible d'aller plus loin, car jusqu'à la fin il y a une grande confusion, les membres du trio s'aiment d'une grande amitié tout en se faisant beaucoup de mal. Les propos sont souvent contestables surtout ceux de la troisième personne (l'intrus). Le troisième personnage, voleur de fiancée de guerre (la pire des choses en temps de guerre), peut apparaître désagréable pour le Public mais les réalisateurs essaient en permanence de redresser son image. Il meurt en héros en sauvant son ami.
Avec tout cela on ne peut pas faire une grande histoire d'amour.
Notons au passage qu'une personne déclarée à tort morte mais en fait vivante, conserve tous ses droits, toutes ses promesses. Le sujet était trop difficile à gérer par le scénariste, il a donc mis enceinte l'héroïne promise. Notons aussi que le héros était disparu ce qui n'est pas la même chose que mort et pouvait ouvrir sur une attente de la fiancée. Cela aurait ravi le Public. Et on n'aurait pas eu le handicap de la grossesse par l'intrus. Les 2 pilotes (le héros et l'intrus) auraient pu conserver une pure amitié et accomplir des exploits ensemble. Dans Pretty Woman, le héros ne laisse pas celle qu'il commence à aimer être violée par son meilleur ami. L'ex-ami dégage. Cela le Public le comprend, cela le Public aime.