J'étais fortement réticent à l'idée de voir ce film.
En effet, je savais à quoi m'attendre : de la romance fleuve, du patriotisme lourdingue, une réalisation consensuelle, une esquive volontaire de faits historiques pour le moins consternants, à savoir les fautes américaines graves (et dont une controverse diront qu'elles furent volontaires) ayant poussé les japonais à l'attaque, fournissant le prétexte attendu pour que l'opinion américaine accepte la guerre.
Mais après avoir vu un autre film de Micheal Bay, qui m'avait scotché par ses moyens et sa qualité de tournage, je me suis finalement dit que je devais tout de même voir ce film, au moins pour le cinéma en tant que tel.
En l'abordant en toute connaissance de cause de ses défauts, j'ai pu l'apprécier l'esprit reposé.
Du point de vue du scénario, c'est bien sur fait avec de gros sabots. Répliques, émotions, attitudes, sentiments, coté "fierté d'être américain", sens du devoir, sont des éléments déjà formatés, et grossièrement restitués par Micheal Bay. Cependant, malgré cet aspect formaté, la narration est suffisament solide pour faire avaler la dragée. Il y a de sérieuses chances pour que votre compagne soit ravie de l'histoire romanesque encore davantage.
Maintenant, du point de vue réalisation et action, c'est une vraie tuerie. Le film est très propre. Même au coeur de l'action la plus chaotique, il parvient à combiner une lisibilité parfaite sur des scènes pourtant survitaminées. En cela je considère Micheal Bay comme un réalisateur exceptionnel qui maitrise l'intensité, le dynamisme, le suspens, le rythme et la puissance des scènes d'action.
Les moyens sont dantesques, même avec un budget astronomique, on en vient à douter qu'il pu être suffisant. Le rendu est totalement explicite, on voit tout, la bataille est entièrement reconstituée, sur une échelle de grandeur totale. Le spectacle est bluffant.
Si je devais faire le comparatif avec une autre scène de guerre ayant marqué les esprits au cinéma, celle du débarquement de Spielberg : les scènes de pearl harbor sont aussi dynamiques, restituant parfaitement la sensation de carnage, tout en étant plus compréhensibles et n'abusant pas d'effets artificiels. Elles sont en revanche moins violentes et moins sanguinolantes, mais nettement plus grandioses.
J'ai finalement passé un bon moment à voir ce film. Inévitablement, son coté tout public se devait de respecter des codes simples et accessibles à tous, parfois supportables à condition de rester volontairement naif.