Michael Bay, non content de se targuer d'avoir réalisé un véritable blockbuster (ou presque, dans tous les sens du terme), se vanterait-il de vouloir escompter à son film le succès qu'à eu Titanic ? Car oui, Pearl Harbor, comprenez "Titanic 2, Le Retour" (version nanar), c'est un peu tout et rien à la fois.
D'un coté quelques scènes (dont les dernières minutes) excellent visuellement ou marquent un véritable crescendo émotionnel, de l'autre, toujours les mêmes constatations reviennent car à défaut d'avoir réussi à copier les ficelles commerciales de Titanic, le film exhibe nombre d'incohérences et d'impertinences, aussi grandiloquentes d'ailleurs que les effets spéciaux et explosions, à la pelle qui le composent.
Une impression de latence perpétuelle se dégage d'un film trop peu intense (le ton solennel est adopté au dépends d'une musique qui se fait rare, estompant justement tout le côté halenant dont jouissait Titanic), trop long (bon sang, mais pourquoi Michael Bay a t-il, dans un même film scénarisé les attaques de Pearl Harbor et de Tokyo ?), trop imparfait et justement trop vaste. Pléthores de dimensions transcendent le film, accumulant les incompréhension (on ne sait même plus où le réalisateur veut nous emmener, à quel moment va t-il arrêter son film ?).
Michael Bay a raté son coup, Titanic ne sera pas Pearl Harbor. D'abord car l'esprit du huit-clos est totalement absent ici (le champ géographique semble être le monde entier), puis la corrélation musique-image ne semble pas être aussi puissante que dans Titanic (pauvre Hans Zimmer, quel travail pour trouver un musique qui couvre l’apanage de ressentis se dégageant d'un tel film ...), enfin, il faut croire que le charisme dégagé par les acteurs (même Affleck-Beckinsale ne vaut pas un bon Winslet-DiCaprio).
Maintenant, pour parler du film dans sa singularité, plusieurs points positifs sont à noter. L'esthétique travaillée fait nettement naître un utopie, l'idylle des îles Hawaïennes qui se transforme rapidement en dystopie. Le film est aussi fort émotionnellement, très mélo (cf. Thème musical), cruel mais certes réaliste dans son rapport à la guerre. C'est l'histoire d'un fils qui n'a pas pu profiter de son père, d'un père qui n'a pas pu profiter de la vie, en somme, le destin tragique de familles, légions déchirées par le conflit sanglant, des guerres, et en particulier celle de 39-45. C'est aussi, bien que périphériquement un belle réflexion sur la guerre, sur l'histoire.
En somme, Pearl Harbor est donc à voir, mais avec Pop-Corn de préférence ! (car la finalité ne justifie pas 3 heures de film)