3 Ans après un Fourmiz prometteur, DreamWorks Animation frappa un grand coup avec son second film d’animation en images de synthèse : Shrek. Celui-ci, adapté d’un conte de fées de William Steig, rencontra en effet un incommensurable succès, et le studio devint sans conteste le concurrent n°1 de Pixar ; les raisons d’un tel triomphe tenaient alors un univers novateur sur bien des points, à commencer par son propos hautement parodique, voire irrévérencieux (sans virer dans le n’importe quoi), vis-à-vis des contes (de fées ou autres) traditionnels, bien souvent adaptés par vous-savez-qui… Pris dans son ensemble, Shrek s’apparente donc à un pied de nez adressé aux rivaux de chez Disney/Pixar, soit un visionnage jubilatoire à l’humour conséquent ; ce dernier fait d’ailleurs mouche à l’aide de son anti-héros méchamment attachant, figure de proue d’une version détournée (mais savoureuse) des contes classiques, tandis que l’intrigue s’attache à lui conférer peu à peu une profondeur bienvenue. Le film se veut donc très réussi côté personnages, le désormais mythique Ogre formant d’ailleurs un trio des plus marquant avec l’improbable Âne, sorte de parasite jacassant à longueur de temps, et Fiona, aussi charmante que surprenante (à même d’adresser un high-kick à quelques princesses cucul la praline), avec qui il forme un couple détonnant. Côté protagonistes secondaires il subsiste aussi quelques bonnes apparitions, à commencer par le délicieusement exécrable Lord Farquaad, tandis que bon nombre de personnages de contes se trouvent parodiés au détour de courtes séquences efficaces ; l’humour n’en est d’ailleurs que plus percutant, d’autant que si l’on excepte ces références moqueuses il subsiste en majorité des gags peu fins, pour ne pas dire pipi-caca, à même de plaire d’abord aux plus jeunes. Shrek enchaine donc les bonnes trouvailles, au gré d’une intrigue mettant parfaitement en valeur son verdâtre sujet, et d’une réalisation visuelle globalement satisfaisante ; toutefois, il y avait à mon sens mieux à faire, le long-métrage m’apparaissant comme étant imparfait, car n’exploitant pas au maximum son potentiel comique. Sur ce point les fameuses figures secondaires faites de Pinocchio, Petit Bonhomme de pain d’épices (le mieux mis en valeur) ou autre Grand Méchant Loup semblent n’avoir été exploité qu’en surface, leur apport scénaristique étant d’ailleurs plus ou moins inexistant (au profit du trio Shrek-Âne-Fiona) ; deuxièmement le récit se veut un peu trop linéaire à mon goût, celui-ci consistant en grande partie en des allers-retours, certes plaisant en terme de péripéties principales (le sauvetage de la princesse par exemple), mais pauvres en péripéties annexes du fait d’une sous-implication des personnages secondaires. En conclusion Shrek n’aura pas volé son succès, fort d’un univers parodique aussi original qu’amusant, et de personnages assurant un divertissement haut en couleurs ; reste quelques regrets nuançant l’efficacité de son humour et de ses protagonistes secondaires, mais cela n’entache que de façon minime le plaisir du visionnage, aussi bravo à DreamWorks pour cette pépite du cinéma d’animation !