Tout le monde a déjà entendu parler de Shrek, cet ogre vert qui doit aller sauver une princesse détenant un terrible secret (suspense...). Si sa renommée n'est peut-être pas totalement méritée, force est de reconnaître que le film ne s'en sort tout de même pas trop mal. Et pourtant, c'était loin, très loin d'être gagné : pour n'importe quel spectateur adulte ayant lu le synopsis, vu la bande annonce, bref sachant un peu à quoi s'attendre, la première demi-heure est d'une platitude extrême. On sait que le but est de faire un pied de nez aux classiques de Walt Disney, de casser le mythe du prince charmant vraiment charmant, gendre idéal et bien sous tous rapports. Il y avait de l'idée. Seulement, cette idée, le premier tiers du film ne fait que l'exploiter sans jamais l'approfondir : aucune surprise et un humour franchement limité... Rien à faire, ça ne marche pas. On a juste droit au cliché de l'antihéros solitaire flanqué bien malgré lui d'un compagnon loufoque et collant, au contact duquel il va bien évidemment finir par s'ouvrir davantage. Bref, tout cela n'augurait rien de bon... Mais c'était compter sans l'apparition du personnage clé du film, la princesse, après plus de trente minutes de pellicule, donc. Et là, miracle. Le film prend un nouveau départ et le visage du spectateur s'illumine peu à peu, comme par magie. Non, ce n'est pas (ou pas seulement) le charme de la demoiselle qui transforme une histoire aussi quelconque en séduisante épopée. Fiona, de son prénom, apporte une fraîcheur bienvenue au périple de Shrek, et lui permet de trouver enfin son rythme, entre humour et rebondissements. On nous offre même, outre un astucieux quiproquo, quelques moments de réelle sensibilité, doublés d'une réflexion inattendue sur l'importance du paraître, introduite à la faveur d'un dialogue au clair de lune.