Marla est spécialisée dans l’arnaque au troisième âge. Elle parvient régulièrement à isoler des retraités fortunés en maison de repos, et à se faire nommer tutrice légale afin de jouir de tous leurs biens. Une combine aussi immorale qu’efficace, et un excellent point de départ pour ce film qui critique les dérives du capitalisme et du « géronto-business ». Cependant, « I Care a Lot » pose lui-même de nombreux pièges qu’il ne parvient pas à éviter. En premier lieu, les situations sont vraiment très grossières et parfois tirées par les cheveux, si bien que l’on a du mal à adhérer à l’histoire. Par exemple, Marla bénéficie visiblement systématiquement de la complicité d’un médecin pourri, d’une andouille de juge, et d’un directeur peu scrupuleux de maison de retraite (et de son personnel), sans que le scandale ne soit remonté ni que les interlocuteurs changent, malgré la foule de cas qu’elle a arnaquée. Ou encore
Marla qui dispose miraculeusement, à la fin du film, de tasers et de produits médicaux qui lui permettent de venir à bout, sans sourciller, de criminels endurcis… Ou Marla qui devient tutrice d’un gangster sans papier en deux minutes chrono, sans que personne ne lui ait demandé son identité…
L’autre problème majeur est la protagoniste. Rosamund Pike excelle dans ce rôle de femme froide, sans empathie, déterminée et arriviste, sorte de variante de son personnage de « Gone Girl » (et raison pour laquelle elle a été embauchée ?). Mais le souci est qu’elle est rapidement très antipathique, et que le récit est centrée sur elle. Difficile en conséquence de s’impliquer émotionnellement dans l’intrigue, ou dans des rebondissements où l’on a qu’une seule envie : qu’elle échoue et qu’elle en prenne plein la figure ! Enfin, le film semble hésiter dans son ton. Défini comme une « black comedy », il mélange des éléments de thriller à peu près sérieux, avec des éléments satiriques forcés sur le système américain lié à la vieillesse. Mais il ne semble pas savoir sur quel pied danser, les passages sérieux n’étant jamais vraiment inquiétants, et les éléments satiriques jamais vraiment drôles. Bref, beaucoup de ratés, non compensés par une mise en scène anecdotique. Reste tout de même, face à Rosamund Pike, un Peter Dinklage très convaincant. Et un sous-texte presque féministe qui contient des éléments intéressants ou originaux, tels qu’un couple de protagoniste lesbiens (pas si fréquent au cinéma) qui s’oppose essentiellement à des hommes.