J'avoue que je le note peut-être très généreusement, mais j'ai été agréablement surpris en regardant ce film dont je n'attendais pas grand chose.
On suit les péripéties de Jack Harper (Tom Cruise) et sa femme "Vika" (Andréa Riseborough) dans cette station orbitale au dessus d'une Terre qui n'est plus que l'ombre d'elle-même.
Très rapidement on devine qu'au-delà des missions de routine de Jack, quelque chose cloche.
Le film va réussir se tour de force de ne pas être trop lourd sur certains points pour que les problématiques se glissent progressivement dans notre visionnage. Attentions détails en spoilers :
Qui sont les "Chacals" et que veulent-ils ?
Que cachent les ordres de "Sally" ?
Pourquoi le personnage de Jack est-il si curieux ?
Et malgré le fait que l'on soit très clairement dans une histoire d'inspiration de Philippe K. Dick, avec des problématiques de temps, de personnalité, toutes les questions trouveront des réponses très lisibles et bien amenées.
Le film nous donne ainsi les indices nécessaires pour comprendre un univers particulier avec ces personnages.
Tout le cast fait un très bon boulot, hormis peut-être un Nikolaj Coster-Waldau un peu caricatural et terne.
Vika joue parfaitement son rôle, au même titre que Julia, ce triangle de relations avec le personnage de Jack sera parfaitement maitrisé de bout en bout. A noter aussi la présence de Morgan Freeman, qui impose toujours par la justesse de son jeu, à défaut d'avoir un personnage réellement très profond.
La photo est elle aussi plutôt soignée, on se plait à voir la planète d'en haut, de parcourir ces terres dévastées avec cette navette rapide. J'ai trouvé le design également très à propos, un concept futuriste assez "old-school", avec des costumes neutres, des transports ayant vraiment un look du futur et les armes également. Sur ce dernier point, Oblivion fait dans le sobre, mais efficace.
La musique n'est pas en reste, une composition très inspirée de Joseph Trapanese avec la collaboration du frenchy de M83 : Anthony Gonzalez. On alternera entre du symphonique épique (violons virevoltants avec nappes de synthés pour le thème récurrent présent dans "Waking Up" ou "I'm Sending you Away"), et des phases douces généralement au piano. Les auteurs trouvent souvent la tonalité juste du moment, même si parfois on lorgne vers le "too much".
A noter aussi que "A Winter Shade of Pale" reste un peu dans la tête après ce film :D
C'est vraiment lors de la scène finale qu'elle prendra tout son sens, moment très touchant avec une musique discrète très bien choisie.
En parlant de cette scène finale, ça fait longtemps que je n'ai pas fini un film avec le sourire aux lèvres en me disant "franchement, c'est une belle conclusion". Détails en spoilers :
C'est moins niais que ça n'en a l'air.
Le personnage de Jack qui a partagé ces moments avec Julia est bel et bien mort, et c'était bien lui le héros de notre histoire. Le clone passe d'antagoniste a protagoniste sur cette dernière séquence, la joie de Julia de le voir ne peut compenser à 100% la peine d'avoir perdu l'autre Jack, le numéro 49.
Et aussi, ce genre de scénario de science-fiction se termine très majoritairement de façon funeste. Souvent c'est "Sally" qui gagne, ou les héros qui meurent en ayant été dupés sur la réalité et leurs objectifs. C'est limite un contrepied de la science-fiction classique ;)
Et quand on voit leur monde, on se dit qu'effectivement : pourquoi pas un peu de bonheur à un moment ? Raison pour laquelle je trouve que cette fin est "parfaite" pour ainsi dire pour ce film.
Bref, un excellent film qui propose de la science-fiction efficace, bien réalisée, et bien écrite, avec une super bande-son.