La bande-annonce du film rassurait sur le propos et ce à quoi on pouvait s'attendre : un énième blockbuster avec Tom Cruise, la belle jambe. Pour une fois, l'action n'est pas le maître-mot du film, la mise en scène joue davantage avec les errances géographiques, amoureuses et psychique du héros. J'aime la volonté de ne pas faire du spectaculaire, pas de scènes d'action tape-à-l'œil à la Zack Snyder, ni d'explosions pyrotechniques à la Michael Bay, l'esthétique est de facto un des choix les plus criants dans la création de ce monde, avec une certaine sophistication, de longs plan-séquences, et des choix de mise en scène afin le récit prenne son temps pour se développer progressivement. Pas non plus de retournements de situation -tracté, ni de suspense insoutenable entretenu artificiellement. Le choix de l'esthétique se reflètent dans des paysages somptueux, des décors épurés et très S-F à l'ancienne ; ainsi, la station où Jack et Victoria sont installés rappellent les maisons d'architecte. Idem pour les effets spéciaux, subtiles, impossibles à distinguer des prises de vues réelles, sans jamais s'y attarder. La technique sert uniquement le récit et pas le contraire. On pourra reprocher au film l'absence de véritable thématiques fortes et d'intéressantes réflexions, élément inhérent à tout chef d'œuvre de S-F. Pour ce que ça vaux, en ma qualité de cinéphile, j'ai trouvé nombres de références, plus ou moins subtiles au 7ème art et à la culture américaine : la course-poursuite dans le canyon rappelle celle de l'Étoile de la Mort (Star Wars), le crash du module semble tout droit sorti d'un film de la saga Alien, les indigènes extraterrestres rappelle également des Homme des sables de Tatooine (encore Star Wars, oui), on n'oubliera pas les rebelles se cachant dans les ruines de la civilisation qui copient (comme tous les autres films post-apocalyptiques) le style vestimentaire de Mad Max 2. Si les acteurs sont bons, il manque l'étincelle qui ferait la différence. Encore une fois, c'est Olga Kurylenko qui plombe le casting, donnant l'impression de sortir d'une opération chirurgicale, blafarde et diminuée au possible. Si le film reprends avec quelques virages les codes des classiques de la science-fiction, il n'a pas la volonté nécessaire pour s'en démarquer, oser sortir des chemins battus (principale rôle de la S-F) et bouleverser le public et ses croyances. Le cliché de la petite maison dans la prairie, pardon, au bord du lac; les images d'Épinal sur la famille, la patrie dans la croyance d'une l'éternelle résistance à l'oppression; les poncifs sur l'amour impossible; la froideur et l'inhumanité des supérieurs face aux doutes humanistes d'un héros curieux et téméraire; et la logique selon laquelle le bien/la justice triomphe toujours du mal/de l'injustice grâce à un ultime sacrifice, tout cela rend ce long-métrage prisonnier des carcans du cinéma américain de ces trente dernières années. Oblivion reste un très bon divertissement dans le genre S-F, qui ne tombe jamais dans la gratuité, signé avec une certaine maîtrise de la mise en scène et des effets spéciaux, visant un public plutôt adulte et mature.