J'ai vu un film... un film magnifique de Jane Campion... que j'aime cette réalisatrice, pour la subtilité de sa patte, avec une touche de finesse... dans un western hors-norme, qui casse les codes et qui bouleverse les certitudes.
Elle réussit à faire émerger, grâce à son casting magnifique, des émotions fortes, des combats intérieurs, des doutes destructeurs... Ce western est totalement fascinant. Il prend son temps pour poser les personnages, les situations... Les duels entre chacun des personnages (les 2 frères, les 2 frères et leurs parents, la mère et son fils, le mari et la femme, le frère et le fils, le frère et la femme de son frère...). Il y a tellement d'antagonismes...
Benedict Cumberbatch (Phil) est totalement parfait, vulgaire, violent, misogyne à souhait... Quel comédien puissant, élégant, intérieur... Un rôle qui lui sied totalement. J'ai adoré Kristen Dunst qui aborde ce rôle avec une immense maturité avec des fêlures et des tensions qui transparaissent à chacune de ses respirations. Et que dire de Kodi Smit-McPhee qui est une découverte prometteuse de ce film. Jesse Plemons trouve un rôle plus profond que les personnages de ses précédents films... Une alchimie exceptionnelle s'installe entre les différents protagonistes de cette tragédie shakespearienne, qui nous embarque très loin dans les méandres de l'âme humaine.
Le thème de ce film, c'est l'affirmation de soi, la revendication de son identité, dans un monde pétri de règles, avec cette dimension de machisme assumé, de domination de l'Homme sur la nature, sur le bétail, et de la domination de l'homme sur toutes les autres créatures, y compris la femme... et dans ce jeu de dupe et de faux-semblant, Phil doit masquer, doit dissimuler sa sensibilité, ses appréhensions et doit montrer un visage dominateur.
La qualité de la réalisation est exceptionnelle, les dialogues sont truffés de doubles-sens, d'images phalliques, de gênes partagées... et de tout cela, naît une violence latente, brutale et sourde. Ce film révèle la part de faiblesse en l'homme, la part de l'âme sensible en l'homme.
Les paysages sont somptueux, on est embarqué dans une Far-West magnifié, envoûtant... et paradoxalement, malgré les grands espaces, on s'enfonce dans un huis-clos étouffant. La reconstitution de la fin de ce monde de cow-boy et du far-west est absolument fabuleuse.