Dominique Chabol (Louis Talpe) est un cycliste vieillissant qui, depuis près de vingt ans, assure au sein de son équipe, le rôle de « domestique » pour le leader de son équipe : il le protège du vent, le tire dans sa roue… et s’efface avant le sprint final.
Lorsque le Tour de France prend en 1998 son départ d’Irlande, Dom est au crépuscule de sa carrière. Comme la plupart de ses camarades, il se dope en toute illégalité pour garder le rythme. mais il ignore si son contrat sera renouvelé.
On dit souvent que les films sur le sport professionnel sont ratés, qu’ils peinent à rendre compte de la réalité de l’engagement physique, qu’il s’agisse du football, du tennis ou du vélo. Il est vrai qu’aucun ne figure parmi les chefs d’oeuvre du cinéma si ce n’est peut-être "Les Chariots de feu" sur l’athlétisme durant les tout premiers Jeux olympiques – servi par la musique iconique de Vangelis.
Des héros à vélo, le cinéma en a filmé quelques uns : Charlot, le voleur de bicyclettes, Monsieur Hulot… Mais des films sur le cyclisme, il n’y en pas eu tant que ça. En 2015, dans "The Program", le grand Stephen Frears s’est essayé avec un succès mitigé à raconter l’histoire de Lance Armstrong.
"L’Equipier" entrelace plusieurs sujets au risque de la surcharge : son arrière-plan est l’affaire Festina et la révélation lors du Tour 1998 des dopages massifs à l’EPO dans tout le peloton. Mais son vrai sujet, c’est son héros, au rôle ingrat : maman, grand frère, souffre-douleur, il doit s’effacer devant son leader et en supporter les sautes d’humeur.
Mais c’est aussi le portrait d’un sportif au crépuscule de sa carrière. Une carrière en demi-teinte qui lui a certes permis de sillonner les cinq continents, mais surtout, de son propre aveu, pour bouffer du macadam, le nez dans le cul des autres coureurs.
Ce portrait là n’est pas d’une inventivité renversante. "L’Equipier" aurait d’ailleurs pu faire l’économie de l’histoire d’amour qui se noue entre Dom et une jeune docteure. Mais il est suffisamment sensible et original pour faire de L’Equipier une bonne surprise cinématographique qui plaira aux amateurs de vélo et aux autres.