Alors qu'il traite d'une maladie qui touche forcément à toute sensibilité, "The Father" choisit un angle assez inédit pour en raconter les symptômes, celui de l'oeil du malade et non celui du regard des proches et des témoins. Par un travail de mise en scène incroyable, les pertes de mémoires sont vécues par le spectateur comme celles vécues par le personnage d'Anthony. De cette position inconfortable, on en ressent, comme lui, une perte de repère de temps, de lieu, de faits, de la paranoïa. Des visions assez hallucinantes, telles que les vit le souffrant dans une totale incompréhension de son environnement de plus en plus oppressant. "The Father", au delà d'un sujet fort qu'il met très justement et humblement en lumière, c'est sa réalisation qui étonne et surprend, en nous prenant totalement en otage, sans effets spéciaux, juste par du cadrage et un scénario méticuleux et particulièrement malin. Parallèlement, le personnage de la fille Anne nous remet à notre place de témoin, à l'extérieur du regard de Anthony, pour observer une situation qui lui échappe et dont on ne sait lui trouver une solution. Sur ce point, là encore, F.Zeller évite tout voyeurisme et effets larmoyants gratuits. A.Hopkins est phénoménal, O.Colman étonnante. Servi par un scénario et une mise en scène étonnants, F.Zeller livre un premier film fabuleux et prenant, un regard inédit sur la maladie d'Alzheimer, qui restera, lui, bien gravé dans nos mémoires.