Rarement dans ma vie ma patience n'a été mise à si rude épreuve. Pourtant, l'engouement semble unanime ; les critiques, dithyrambiques, se pressent de jeter des épithètes prémâchées toutes bonnes à attirer les foules d'un public en mal de productions formatées. Tous les excès sont permis : « époustouflant, remarquable, bouleversant, magistral... » Je mentirais en disant que j'ai trouvé la performance de Hopkins autre chose que grotesque. Crédible, certes. Convaincant, permettez-moi d'en douter.
Le sujet d'origine offrait pourtant un potentiel riche, mais mal exploité. Le scénario, décousu, nous plonge bien vite dans une torpeur sépulcrale jamais atteinte jusqu'alors, et la performance de Hopkins, aussi maîtrisée soit-elle, est loin d'être suffisante, et ne permet hélas pas de rattraper la redondance du propos. Les tribulations de ce vieillard, que l'on se force à suivre d'un œil las, n'arrivent à nous arracher tout au plus qu'un morne élan de pitié, et ne suscitera en le spectateur qu'un vague intérêt, au mieux, et un ennui morbide, au pire. Ennuyée, je l'ai été, et de bien des façons. Porté respectivement par la figure du père, de la fille et de la jeune assistante, l'intrigue monotone se mêle aux bons sentiments faciles, touts empreints du misérabilisme si cher à l'industrie d'Hollywood.
Difficile de s'attacher à ce triumvirat antipathique, engoncé dans un cadre paresseux doublée d'une photographie carrément laide, froide, aseptisée. Les effets de style, usé jusqu'à la corde, perdent bien vite de leur efficacité, et le spectateur s'en lasse autant que le film s'enlise dans un scénario incohérent et dénué de la moindre émotion. Portées par des dialogues d'un vide consternant et d'une Olivia Colman peu inspirée, les séquences s'enchaînent, soporifiques, faisant se côtoyer des dialogues répétitifs et des clés de compréhension délivrées au compte-goutte, pour notre plus grand déplaisir. La mise en scène n'échappe pas bien longtemps à l'insipidité, distillant çà et là quelques astuces paresseuses et grossières, devant lesquelles certains crient déjà au génie.
La forme du huis clos aurait pu être ingénieuse si elle n'avait pas manqué si cruellement d'audace ; elle offre pourtant ici une lecture statique, pénible, laborieuse, tout en lourdeur et en longueur.
Moi qui suis, en général si prompte à m'émouvoir, aucune larme ne fut au rendez-vous, et je cherchais autour de moi n'importe quoi qui aurait pu me distraire de ce spectacle désolant dictée par une ineffable monotonie. Car ici, l'émotion n'est guère conviée ; quasi inexistante, balayée par des répliques fumeuses, amputée par un montage décousu qui plongera le spectateur le plus aguerri dans une confusion aberrante. À l'instar du personnage du père, figure centrale de ce film, qui tourne en rond dans les couloirs distordus de sa mémoire altérée, le film à son tour se perd dans les dédales labyrinthiques d'une auto-suffisance morose.
En conclusion, The Father n'incarne à mon sens guère plus qu'un portrait fade, sans saveur, d'un ennui incroyable et qui ne vous laissera en bouche qu'un déplaisant goût de contrariété.
Une déception.