Décidément, le cinéma n’aura pas mis longtemps pour me faire de nouveau vibrer. Car, THE FATHER a clairement été une ÉNORME baffe aussi bien émotionnelle que cinématographique. La prouesse est d’autant plus forte que Florian Zeller réalise ici son premier film, adapté d’une de ses pièces de théâtre.
Émotionnelle, car il aborde un sujet tabou mais qui parlera au plus grand nombre : La fin de vie et la place que notre société laisse à ses aînés. Le film traite ça de façon très juste, sans jugement et forcément ça fait réfléchir.
On y suit un homme de 80 ans, interprété par un Anthony Hopkins bluffant, dont la réalité se brise littéralement sous nos yeux et que sa fille essaie d’accompagner de son mieux. Mais avant tout, le film parlera d’une terrible maladie, Alzheimer, sans que le nom ne soit jamais prononcé. Et il le fait avec justesse et dignité, sans jamais être lourd dans ses propos et pourtant avec une redoutable efficacité.
Car, la plus grande idée du film, est de faire vivre son histoire via le regard de son protagoniste et non de son entourage. Le film offre un scénario vraiment ingénieux qui est fait de telle sorte, qu’en tant que spectateur, on se sente perdu dans un labyrinthe psychologique. Grace à son écriture, Zeller nous fait vivre la situation plutôt que de nous la montrer. On est plongé dans la tête du héros et on finit par perdre pied avec lui, arrivant même parfois, nous aussi, à douter de ce qui se passe devant nos yeux. Au début, c’est assez troublant, mais finalement terriblement efficace.
La mise en scène ingénieuse vient enfoncer le clou, avec un énorme travail sur les décors et les cadres, dont je ne peux parler sans trop en dévoiler. Zeller, malgré le huit clos, évite le cliché du théâtre filmé en utilisant le montage qui est au cœur de la construction de son œuvre. Le film empruntera souvent les codes du thriller paranoïaque intensifiant le sentiment de malaise ressenti par le spectateur. Clairement, pour un premier film, ça laisse admiratif.
L’interprétation d’Anthony Hopkins est fabuleuse et prouve une nouvelle fois qu’il est un des plus grands acteurs que le 7e art ait connu. Le fait qu’on ait grandit avec lui, au fil de sa carrière, et que son personnage porte le même prénom qui lui, donne même un côté film testamentaire, le rendant encore plus touchant.
Mais quelle palette d’émotion ! Souvent tendre et drôle, parfois exécrable, fragile et vulnérable la plupart du temps, il livre une prestation exemplaire jusqu’à un final qui laisse sans voix…
Olivia Colman n’est pas en reste. Avec un jeu tout en retenue, elle est bouleversante dans son rôle de fille aimante, mais impuissante, qui voit sombrer son père dans une démence sénile.
Plus qu’un film, c’est une expérience cinématographique que nous livre Zeller, qui grâce à un casting de haut vol vient toucher le spectateur de plein fouet.
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