Nouvel ovni cinématographique au format inhabituel de 50 minutes environ, "Lux Aeterna" est en fait une commande faite par Saint-Laurent, une carte blanche où devait figurer égéries et pièces vestimentaires de la célèbre maison de couture. En deux mois seulement, Gaspar Noé a du revoir l'un de ses scénarios laissé dans un tiroir pour l'adapter à ce drôle d'exercice. D'un côté, on sent que le réalisateur a suivi ses instincts en s'adonnant à divers expérimentations formelles, en se foutant des conventions, ce qui en fait une oeuvre unique en son genre. Mais de l'autre, ce qui devrait être un condensé explosif se révèle étrangement long sans jamais atteindre de point d'acmé à la hauteur de nos attentes. Au vu du démarrage lent et improvisé entre les deux actrices, Charlotte Gainsbourg et Béatrice Dalle, je m'attendais à une montée progressive et délirante vers un final qui prend au cou. Au lieu de ça, j'ai vraiment eu l'impression d'avoir un soufflé rempli d'air, qui retombe aussitôt. C'est étrange d'avoir un film si court et de trouver le temps de s'ennuyer non ? Pourtant, sa réflexion sur les sorcières est intéressante, notamment le début avec des images de vieux films et des intertitres cyniques et explicatifs. S'ensuit un tournage de cinéma qui peine à démarrer, avec une scène de bûcher, où la représentation de la sorcière fait plus figure de prétexte esthétique... Cependant, ce que j'aime chez ce réalisateur, c'est sa manière de déstructurer le groupe ou le formel, pour mettre progressivement en exergue le chaos... Là, le tournage part en cacahuète, déjà par la tension qui s'en émane puis par l'écran coupé en deux multipliant ainsi cette sensation de perte de contrôle, pour enfin s'achever sur une pluie stroboscopique insupportable... bon. Le numérique submerge les spectateurs et étouffe le jeu des actrices, ce qui m'a encore moins permis de cerner son propos... Le mix entre sorcière brûlée au bûcher en lunettes de soleil, pagaille sur un plateau de tournage, hystérie des actrices et effets visuels aveuglant me font dire que Noé a su cocher les cases de son cahier des charges avec succès mais qu'il n'a pas vraiment tout connecté. Ceux qui parlent de chef-d'oeuvre ont été hypnotisé par les stroboscopes, c'est pas possible autrement... Pour moi, "Lux Aeterna" est une esquisse prometteuse mais imprécise de ce que pourrait être un long-métrage.