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Sami
6 abonnés
73 critiques
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5,0
Publiée le 16 septembre 2021
Ce film est un poème de la révolte absolue, un poing levé vers le ciel, un cri d'un coeur brisé qui a soif de justice. C'est comme un huis clos (une pièce d'un seul acte) qui se passe dans un désert, probablement celui d'une conscience tourmentée pleine de déchirements, de sanglots, d'affres, d'angoisse. En cela il a quelque chose d'universel qui va au-delà d'une lecture géo-politique ! Un des deux acteurs principaux, Avashalom Polak, est exceptionnel de présence, il crève l'écran (et une source en jaillit). Sur le plan de l'écriture cinématographique, il y a quelques scènes qui font basculer le film du côté de la danse théâtre à la Pina Bausch ou à la Maguy Marin.
Le réalisateur israélien Nadav Lapid me pose régulièrement des problèmes : je n'avais guère aimé "Le policier", j'avais détesté "L'institutrice" et je n'avais pas été voir "Synonymes". Et voilà son dernier film en compétition au dernier Festival de Cannes. On y rencontre Y, un réalisateur de cinéma qui projette de réaliser un film sur Ahed, une jeune palestinienne qui a giflé un soldat israélien quand un groupe de soldats a voulu entrer dans la maison familiale et que, dorénavant, une grande partie du peuple israélien voudrait voir punir sous la forme d'un genou brisé (l'histoire est vraie, c'est celle de Ahed Tamimi, une adolescence qui avait 16 ans à l'époque des faits !). Voici Y invité dans un village de l'Arava pour présenter son film précédent. Il est reçu par la sous-directrice des bibliothèques au ministère de la culture qui lui dit que, pour être payé, il devra signer un document où il s'engagerait à ne parler que de sujets conformes à ceux autorisés par le régime. Pendant plus d'une heure, cette situation étant présentée de façon mollassonne et prétentieuse, j'avais l'impression que le syndrome Lapid frappait à nouveau ! Sauf que, d'un seul coup, une demi-heure avant la fin, voici Y qui se lance dans une diatribe d'une force inouïe, d'une sévérité exceptionnelle pour les uns, d'une grande justesse pour les autres, contre la politique menée par l'Etat d'Israël. "Le Ministre de l'art qui déteste l'art dans un gouvernement qui déteste les gens du peuple", petit échantillon. Au point qu'on se demande comment ce film a pu se faire financer en Israël. Peut-être parce que Y est présenté comme un personnage peu sympathique et, en particulier, très manipulateur.
Quoi de plus banal qu’un genou ? Cette partie du corps que personne ne regarde, ne prête attention ou ne cite comme quelque chose qu’on aime ou déteste. Titre du film qu’est en train de préparer le cinéaste décrit dans le film du même nom, “Le Genou d’Ahed” est aussi alambiqué que cette phrase. On a d’ailleurs du mal à saisir les enjeux de l’histoire tant la mise en scène nous entourloupe et la caméra nous distrait. En plein désert israélien, Nadav Lapid règle ses comptes avec son pays. Il y sera question de formulaire qui décide ce dont on a le droit de mettre en scène ou non, mais aussi d’un ministre de l’art qui déteste l’art et la beauté de l’être humain. “Le Genou d’Ahed” est à la fois un drame expérimental, à la fois une critique de la liberté d’expression. Un long métrage brutal qui suscite colère et émoi. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Dans ce film, le réalisateur tire à boulets rouges sur la censure politique des idées et de l’art qui prévaut en Israêl. C’est bien réalisé et l’interprétation du cinéaste qui va présenter son film et la responsable culturel de la petite ville israélienne perdue en plein désert où il se rend, est fort bien maitrisée. Ce film porte un regard et une réflexion intéressante sur l’ostracisme culturel qui règne dans ce pays et qui peut détruire la liberté d’un peuple.
Il semble bien que l'on ne retrouvera plus (mais sait-on jamais) le Nadav Lapid des débuts (L'institutrice, Le policier), puissant dans un certain classicisme narratif, qui a laissé la place avec Synonymes et désormais Le genou d'Ahed à une dimension de critique virulente de la politique de l’État israélien, de ses dirigeants, de sa culture et même de son peuple endormi. Le genou d'Ahed est un pamphlet d'une très grande violence mais très disparate selon les scènes et parfois franchement (et volontairement ?) grotesque ou drôle. Si le film se déroule en grande partie dans le désert avec un dialogue très nourri entre un cinéaste et une responsable culturelle du Gouvernement, Lapid s'autorise beaucoup de figures libres, liées notamment aux guerres menées au Liban, ce qui nous vaut d'ailleurs un clip très sensuel autour de combattantes du pays. Oui, Le genou d'Ahed a de quoi épuiser le spectateur le plus résistant, quoique Synonymes reste largement plus verbeux en la matière. La forme épouse assez bien le discours offensif, avec des angles incongrus et des ruptures franches de ton. Moyennant quoi, malgré un discours qui laisse pantois par sa densité et son déchaînement, le film se laisse voir par la qualité de ses images et leur variété. Lapid est très doué, on le sait depuis son premier long-métrage, peut-être aura t-il l'idée de revenir à des récits moins éclatés et tarabiscotés, tout en conservant sa verve, voire sa colère, intactes ?