Ce genre récit autoguidé, il en faut de temps en temps, pour amuser la galerie ou simplement pour se faire plaisir. Il faudra cependant être client de cette aventure, qui n’emprunte pas grand-chose au cinéma, si ce n’est le luxe de la découvrir en salle. Nous en retrouverons toujours aux alentours des fêtes, le prétexte idéal pour renouveler la machine à sentiment qui passe comme le pop-corn que l’on consomme sans modération. Et ce sera Kat Coiro qui aura la tâche d’emballer les éléments sucrés du roman graphique de Bobby Crosby. Cependant, il ne faudra pas longtemps avant de constater que cette dernière vient essentiellement du petit écran, où les raccourcis narratifs dévalent frontalement, devant un spectateur à moitié conscient de la magie qui opère, ou presque. Le postulat de départ est assez proche du « Coup de foudre à Notting Hill », mais semble si loin de la finesse d’écriture d’un Richard Curtis.
Un mariage se profile à l’horizon, plus précisément noyé dans les pixels du monde numérique. Il constituera un des enjeux de l’intrigue, où l’image d’une célébrité se confond avec ses ambitions intimes. Jennifer Lopez est Kat Valdez, dont la renommée internationale est appropriée par des fans de tous les bords et de tous les âges. Et comme plus rien ne semble d’ordre privé aujourd’hui, autant organisé une cérémonie en concert et en ligne. Il sera alors assez intéressant d’observer comment on peut tomber en disgrâce, quand bien même on cultive l’optimisme. Le professeur de mathématiques, Charlie Gilbert, campé par Owen Wilson résiste pourtant à autant de privilèges que des éventuelles sources de bonheur qui entoure son château-fort familial. C’est la rencontre soudaine de deux électrons libres qui font que l’alchimie puisse opérer, avec un peu de temps et d’engagement.
Elle en fait trop, lui pas assez. L’équilibre reste à sonder entre ces deux personnalités qui ne semblent plus rien contrôler depuis la déclaration spontanée. Rien de neuf dans cette comédie romantique donc, car les étapes resteront les mêmes et les décors ne seront que plus anecdotiques, malgré quelques magnifiques plans aériens, qui ne servent ni le propos, ni les vertiges ou les contraintes de la relation. Pourtant, ce qui avait tout pour échouer sur le papier, gagne à être joué. Avec deux interprètes aussi complices, rien n’est impossible pour emballer un spectateur qui est prêt à avaler les guimauves qui pendent au-dessus de sa tête. Cela ne veut pas dire que le film régale, mais n’hésite pas à entrer dans des discours radicaux, où les rôles s’inversent. Tout reste poli, rien ne déborde et rien ne flamboie comme on le promet depuis l’ouverture.
C’est ce qui fait d’ailleurs son charme, en optant pour une approche plus minimaliste, à l’abri des regards, de la foule et des écrans. Mais cela ne fonctionnera qu’un temps, avant que l’on continue le bombardement médiatique et moral d’un amour qui naît de l’apprentissage et du deuil de soi. Les héros vont mal jusqu’au happy end inévitable, mais cela véhicule toutefois un portrait moins lisse que les précédents. Dommage que l’on ne les assume pas jusqu’au bout, car « Marry Me » est comme un refrain qui se répète. Il admet cette caractéristique enivrante et fait l’impasse sur les détours et les détails qui comptent. Ce n’est ni en rendant l’agent de la star plus à l’écoute, ni en survolant le développement d’une collègue lesbienne qu’on viendra cueillir l’originalité. Il suffit d’observer l’évolution de la garde-robe des protagonistes pour se convaincre de la superficialité d’une balade qui se raccroche à la nostalgie de la première rencontre.