Rêves de Jeunesse : les secrets du tournage

La question du politique, au centre de Rêves de Jeunesse, a toujours habité Alain Raoust sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. Le réalisateur confie : "J’étais un enfant en incessant questionnement. Et finalement c’est peut-être cela le politique. La question du pourquoi. Pourquoi ça marche comme ça ? Pourquoi le monde est comme cela ? Pourquoi faut-il subir ? L’enfance du politique ou la politique de l’enfance, je ne sais pas comment le dire... Forcément, à l’adolescence tous ces pourquoi sans réponse m’ont mis en colère. Comme le dit de sa propre adolescence le personnage de Salomé. Quoiqu’il en soit, à travers ces questionnements, j’ai développé un rapport politique au monde. Rapport qui, aujourd’hui encore, transparaît dans mes films. Un peu malgré moi au fond."

L'ambition de Alain Raoust est toutefois plus poétique et consiste à se situer dans la conscience du monde sans l’expliquer réellement. "Comment vous dire... si je formule ce que je ne m’explique pas, alors je m’approche de la poésie. Ce côté suggestif dont vous parlez se retrouve, par exemple, dans le décor central du film : la déchetterie. On y voit trois bennes : l’une bleue, l’autre rouge et une blanche. Tout d’un coup, quelque chose de symbolique ou de poétique s’immisce dans le récit et tente de dresser, à un instant précis, la cartographie du politique", précise le metteur en scène.

Le film est présenté à l'ACID au Festival de Cannes 2019.

La révolte qui anime certains des personnages de Rêves de Jeunesse prend une résonance toute particulière avec le mouvement des gilets jaunes. Alain Raoust développe : "Subitement le film était porteur de quelque chose qui avait un lien avec cette expression populaire et nationale qui devait avoir valeur de grand débat. Longtemps le film s’est appelé « A.L.A.S.K.A ou le nouveau monde ». A.L.A.S.K.A c’était en référence à la collocation dans laquelle habite Salomé et sa soeur. « Le nouveau monde » en résonance avec ce que j’entendais très souvent à la radio à l’arrivée de la macronie. Mais ce monde nouveau me semblait pourtant très ancien, du moins dans son fonctionnement. A la manière du « Guépard » : « Il faut que tout change pour que rien ne change »."