Algérie 1994, au plus fort des années de plomb. Deux policiers amis d'enfance, Lofti et "S.", se lancent dans le grand sud algérien à la poursuite d'un terroriste Abou Leila. On comprend assez vite que cette chasse à l'homme est essentiellement un prétexte pour éviter l'internement psychiatrique de "S.", traumatisé par un attentat. Les délires paranoïaques de "S." sont l'occasion de scènes surréalistes de belle facture, mais sa folie est malheureusement le reflet assez réaliste de l'état de la société algérienne pendant cette sinistre période, avec cette explication dans la bouche de Lofti "le pays tout entier est un asile d'aliéné". Une partie du film a été tournée dans la très belle région de Djanet, mais Amin Sidi Boumedine, privilégiant la tension de son récit, a limité les plans larges montrant les paysages, qui nous distrairaient du seul récit.
Sidi-Boumediène a sorti tout ce qu'il avait dans les tripes depuis son enfance, baignée par la terreur des années 90 à Alger. Abou Leila est un coup de poing aussi violent que Voyage au bout de l'enfer, mais sur le thème de la décennie noire. Ce voyage au bout du désert en une réussite à beaucoup de points de vue. Le traitement du basculement vers la folie, la perte des repères, la fausse culpabilité que l'on ne peut pas évacuer ni expliquer. S'il fallait trouver un bémol, ce serait peut-être la longueur, encore que cela ne compte guère dans le désert! Les deux acteurs sont excellents, la mise en scène élaborée, le montage réussi, et la bande son accompagne subtilement les aller-retours entre hallucination et réalité. Et quand on connait le Sahara et ses paysages sublimes, la plongée en arrière est encore plus remarquable… Mais aussi douloureuse, car le gâchis apparait dans toute son immensité. L'homme était devenu un lion pour l'homme. Abou Leila ne cherche pas à expliquer mais à illustrer la paranoïa qui s'est abattue sur tout un pays pendant cette décennie, et qui laissera des traces pour une ou deux générations au minimum. D'un point cinématographique, l'homogénéité de ses qualités donne au film un caractère très abouti surprenante pour un premier long métrage. Un réalisateur à suivre. Festival Cinémas du Sud - Lyon - juillet 2021
Abou Leila manifeste une ivresse de soi, la certitude que son geste artiste est virtuose qui le conduisent à faire se succéder les poses, les déluges de violence entre deux voyages dans des paysages désertiques sans penser son film en termes d’évolution : dans la caractérisation des personnages, dans la montée en puissance du récit, dans l’économie des moyens au diapason des étendues désolées qu’il traverse. Nous avons l’impression fâcheuse d’observer un disciple de Nicolas Winding Refn se complaire dans du gore sous néons et dans une esthétisation emphatique et autosuffisante des plans-séquences – pensons à l’ouverture ou à l’embuscade autour de la voiture –, attribuant d’ailleurs à son personnage principal une noirceur proche de celle du chauffeur de Drive (2011). Quelques figures plus cocasses retiennent davantage l’attention, à l’instar d’un fou déguisé en chef militaire qui arbore fièrement costume et lunettes de soleil dans un bar. Pas de quoi, néanmoins, justifier le visionnage d’une œuvre qui aurait gagné à s’affranchir de modèles trop lourd à porter pour creuser son propre sillon.
Superbe réalisation. Les paysages sont somptueux : Beni Abbes et l’hotel Grand Erg (retapé), les dunes de Taghit, le centre de Timimoun et l’immensité du Tassili n'Ajjer (Djanet). Des acteurs transcendants. Bref. A voir absolument.
Le film commence par l'assassinat d'un intellectuel en Algérie en 1994, où la guerre bat son plein. Ensuite, on peut suivre deux hommes, Lofti, et son compagnon en proie à des hallucinations et des crises d'angoisse qui demandent une attention de tous les instants. La première heure est intéressante avec les questionnements sur la suite de ce périple. Malheureusement, le film s'étire en longueur pour peu à peu sombrer dans le fantastique et l'horreur. Certaines scènes sont hyper dures, chose peut-être voulue par le réalisateur pour créer une confusion à l'image de l'Algérie de cette époque. Très déstabilisant.
« Algérie 1994. » L’ensemble des informations de contextualisation du film est contenu dans ce panneau par lequel s’ouvre Abou Leila. On n’en saura pas plus, si ce n’est que le titre fait référence au nom d’un dangereux terroriste que deux hommes doivent retrouver dans le Sahara. Entre quête impossible et peinture d’une époque où le terrorisme atteignait un point de non-retour, le film nous mène sur les rives de la folie et du danger. (lire la suite : https://cultureauxtrousses.com/2020/07/15/abou-leila/)
Un grand voyage intérieur des paysages des couleurs du son et une intrigue bien construite A recommander sans hésitations Un film au mélange des genres policier thrilleur et un peu de fantastique
1994. Un homme est abattu dans les rues d’Alger. Deux autres traversent en voiture le Sud algérien. L’un, sous médicaments, est dans un sale état, les nuits peuplées de cauchemars, les jours plongés dans un brouillard nébuleux. L’autre inlassablement le soigne et l’encourage. On comprend qu’ils sont flics et qu’ils traquent Abou Leila, l’auteur du meurtre commis à Alger.
"Abou Leila" est un film ambitieux. Il voudrait évoquer la décennie noire en Algérie – qui opposa le gouvernement aux islamistes et fit environ une centaine de milliers de victimes – à travers la paranoïa d’un homme. La thèse est simple et forte : la guerre civile a fait basculer l’Algérie et sa population dans la folie. Elle est illustrée avec une maîtrise impressionnante pour un premier film. Le travail du son est en particulier remarquable. Les paysages du Sahara offrent au dernier tiers du film un écrin majestueux et presque trop écrasant.
Mais "Abou Leila" a le défaut de s’étirer en longueur. Le film dure deux heures et quinze minutes. Il aurait aisément pu être amputé d’un tiers sans nuire à son sujet. L’attention du spectateur ne se serait peut-être pas perdue dans les sables.
Ce n'est pas un film pour tous les publics. L'ambiance est lugubre et pesante. Il y a des scènes de véritable film d'horreur. Mais le réalisateur réussit parfaitement à nous faire rentrer dans la période de l'Algérie des année 90. J'ai ressenti cet engrenage de folie et de sauvagerie. Il y a beaucoup de grilles de lecture et beaucoup de thèmes sont abordés. La fin du film se fait dans le très beau décor du désert.
Drôle de film, auquel on ne comprend pas grand-chose, comme le demandait à la sortie une dame"née dans les Aurès".. Et pourtant, bien que largué vers le milieu du film, (rêves ou réalité??) c'est tellement bien filmé qu'on ne s'ennuie pas, malgré la longueur, et l'absence de chichis et d'afféteries fait qu'on pardonne un propos quelque peu abscons.
Il y a déjà beaucoup de cinéma dans ce premier long-métrage d'Amin Sidi-Boumédiène : originalité du scénario, idées de mise en scène, intéressant travail de l'image et du son… Dans un contexte de guerre civile algérienne, d'instabilité et de tension qui poussent à la folie, l'histoire du film est d'une certaine puissance en matière d'expression de traumatisme et d'horreur. Le problème, c'est que le scénario, à force de cultiver le mystère, n'en finit plus de brouiller les pistes de compréhension, de naviguer entre réalité et cauchemar, de charger la symbolique, au point de rendre le propos peu clair et de lasser. On met du temps, beaucoup de temps, avant de raccrocher les wagons de l'histoire, et encore, pas tous… Cela dit, par son inspiration et son ambition, le cinéaste algérien donne envie de le suivre à l'avenir.
Un bon moment de cinéma, dans des paysages de désert grandiose, avec une sorte de road movie, de deux individus au passé incertain....Le film semble une fable politique sur l'Algérie des années 1990, une époque sanglante où le crime était à chaque coin de rue, voire coin du désert....La fin du film précise ce que sont ces deux individus, et il semble que les passages les plus étranges, nous parlent de leur passé, de leur psychoses même (l'un revoit son enfance, sa mère, son père) de façon lancinante....spoiler: Le massacre des chèvres semble en rapport avec le massacre de petites filles dans un hôtel) ...c'est un film symbolique, parfois hermétique qui possède un côté angoissant, un côté thriller, accentué par une bande son élaborée....IL parlera parfois davantage aux algériens qui ont vécu ces sinistres années politiques....Même si le film possède quelques longueurs dans sa deuxième moitié, il reste prenant d'un bout à l'autre dans une ambiance marquée et laisse beaucoup d'interprétations possibles;;..J'ai aimé