A la fois subjuguant et touchant, Illusions Perdues, adaptant le célèbre roman d'Honoré de Balzac, met en avant la mesquinerie de la noblesse parisienne du XIXème siècle.
Un jeune homme, Lucien, naïf et passionné de littérature qui, à son bras, se trouve Louise, son premier amour qui l'accompagne à Paris. Mais Paris n'est pas une ville toute rose, les requins rôdent et n'hésitent pas, malgré leurs belles figures, à faire couler les nouveaux venus. On change d'époque, se faisant transporter par les décors, les acteurs, les costumes, et surtout par la musique. En effet, le réalisateur affirme que c'est en se plongeant dans le roman d'Honoré de Balzac et ainsi, réaliser une œuvre aussi rythmée et fidèle au roman. Le parallèle de la province d'Angoulême à la ville moderne de Paris fait imaginer à deux mondes différents, dont le personnage principal va bien vite se rendre compte. Le plus important dans cette société, c'est la facette, le rang social, les fréquentations, le pouvoir. Là où l'on pourrait penser trouver un véritable ami se verra nous tourner le dos lorsque les billets seront plus nombreux de l'autre côté.
D'une part, Xavier Giannoli présente la province, Angoulême, charitable, où les relations mal cachées n'ont pas d'importance. De l'autre, la capitale, Paris, fourmillante, où un regard mal placé peut faire tomber un homme. Au milieu, Lucien, rêvant de publier son recueil de poème et de vivre sa passion, lâché dans la gueule du loup, où l'unique règle pour monter en statut est de dégrader le travail des autres. Paris, la ville de l'amour, si idéalisée et pourtant si cruelle, c'est bien l'illusion que Lucien s'en faisait. Un mélange de trahison, professionnelles et sentimentales, de quête de pouvoir, par ses articles tranchants, et d'amour envers la littérature, Illusions Perdues porte bien son nom.
Dans cette guerre entre la sincérité et le profit, Xavier Giannoli filme d'une manière à connaître toute la fausseté de la mondanité française, de tous les coups bas et des traîtrises que l'argent et la société peuvent engendrer sur l'homme, même le plus pur d'entre eux : "T'es royaliste ou libéral ? - Le journal est financé par des libéraux, donc je suis libéral. Toi aussi t'es libéral, tu le sais pas encore mais t'es libéral." (Etienne à Lucien). Au cours de ce long-métrage, narré par Nathan D'Anastazio, auteur français édité par Dauriat auquel on apprend la véritable identité qu'à la fin, la vie entière du célèbre journaliste Lucien de Rubempré est racontée, avec ses trahisons, ses amours, ses ambitions de fond en comble. Au départ, son personnage niais ne souhaite qu'aimer et vivre de son écriture, puis il se fait empoisonner dans ce tourbillon infernal qu'est la société parisienne. L'expression "Manger ou être mangé" prend ici tout son sens, mais prenez garde à ne pas être trop gourmant, car votre faim peut vous dévorer entière, Lucien l'a compris trop tard.
Illusions Perdues est une véritable ode à la liberté, et à la littérature, à laquelle Xavier Giannoli a su transmettre une panoplie d'émotions à la perfection.