Vu au ciné "ILLUSIONS PERDUES" adaptation par Xavier Giannoli du récit de Balzac, comédie de moeurs narrant l'histoire d'un jeune poète ambitieux montant à Paris dans la France du 19e siècle et qui va vouloir et devoir grimper les différents échelons de la société, d'abord candide puis devenant au fil de ses rencontres plus cynique, avant de se brûler les ailes et de connaître une chute inévitable.Une fresque sociale à la fois politique, satirique et romanesque qui montre surtout ce théâtre de faux-semblants qu'est la société de l'époque, augurant l'avènement du capitalisme moderne, particulièrement ici à travers le monde de la presse dans lequel va plonger ce jeune poète, ou l'argent et la corruption font la loi, notamment à travers ces critiques qui se donnent au plus offrant pour encenser ou détruire une oeuvre littéraire, une pièce de théâtre, le tout renvoyant à notre société actuelle notamment avec ces " canards", ancêtres des rumeurs et autre fakenews, une " flaque de compromissions" de toutes sortes; la mise en scène élégante et chaleureuse, au plus près des personnages, s'accompagne de dialogues vifs et jamais plombants, aussi tous les interprètes de cette comédie humaine s'en donnent à coeur joie et délivrent de magnifiques compositions: on ne pourrait tous les citer tellement le casting est riche et incroyable: Gérard Depardieu (qui a trois scènes) excellent en ogre éditeur ("un vrai poème" comme le présente le rédacteur à son apprenti), Cécile de France en baronne protectrice, apportant une touche de romantisme, Xavier Dolan en écrivain, Vincent Lacoste en rédacteur en chef, ou le regretté Jean-François Stevenin dans le rôle incroyable de celui qu'on paie au théâtre pour faire applaudir ou huer, plus une jeune actrice formidable dans le rôle de la fiancée comédienne, aussi d'autres comme le toujours excellent André Marcon, et surtout ,dans le rôle principal, Benjamin Voisin qui confirme ici son talent: parfait pour le rôle, beauté insolente, fougue et ambition mêlées, le jeune acteur électrise avec son jeu brut cette histoire assez cruelle de désillusion(s), où il est dit que plutôt que de continuer à espérer il va falloir simplement apprendre à vivre. Une adaptation ambitieuse mais qui réussit le pari d'être populaire, l'un des meilleurs films français de cette année.