C'est sans doute du beau cinéma : des images bien léchées, un texte travaillé, une bonne histoire, un intérêt historique et documentaire évident, des acteurs et actrices magnifiques ... Le souci évident de Giannoli d'établir un parallèle entre le monde décrit par Balzac et l'actuel, même s'il est un tantinet trop appuyé et insistant et caricatural, est intéressant et loin d'être dénué de sens. Qu'est-ce donc qui cloche ? Qu'est-ce qui fait que je me suis profondément ennuyé à la projection ? D'abord l'acteur qui joue Lucien. C'est très subjectif sans doute, et je ne sais s'il faut l'attribuer à l'acteur ou au réalisateur, mais pour moi il n'incarne pas un personnage auquel on peut s'attacher, il reste en-dehors de son personnage, et du coup le spectateur reste en-dehors du film. Comme beaucoup, j'ai pensé à l'Amadeus de Forman - malheureusement, Lucien de Rubempré n'est pas Mozart, ni Giannolii, Forman. L'autre élément qui m'a empêché d'entrer dans ce film est l'utilisation de la voix off, qui accompagne et supporte l'intégralité du film. J'ai eu l'impression que les images n'étaient au fond qu'une illustration, presque facultative, du récit off - un peu comme dans une émission de Secrets d'Histoire. Si une voix neutre et impersonnelle vous raconte l'histoire qui se déroule sous vos yeux, est-ce encore du cinéma ? Au chapitre des critiques négatives, et en clin d’œil à une scène assez réussie du film sur le thème des critiques, j'ajouterai l’académisme sans surprise de la réalisation, la mièvrerie de la musique, la prévisibilité des événements, le manque de légèreté, de finesse, de folie ... Cela dit, le film mérite d'être vu, pour son intérêt historique, et pour ses acteurs et actrices - Cécile de France et Jeanne Balibar sont merveilleuses, Depardieu, Dolan, Lacoste, Stévenin, et tous les autres sont excellents.