Lucien (Benjamin Voisin) est un jeune poète inconnu dans la France du XIXème siècle. Il a de grandes espérances et veut se forger un destin. Il quitte l’imprimerie familiale de sa province natale pour tenter sa chance à Paris, au bras de sa protectrice (Cécilede France). Bientôt livré à lui-même dans la ville fabuleuse, le jeune homme va découvrir les coulisses d’un monde voué à la loi du profit et des faux-semblants. Une comédie humaine où tout s’achète et se vend, la littérature comme la presse, la politique comme les sentiments, les réputations comme les âmes. Il va aimer, il va souffrir, et survivre à ses illusions.
Voici ce que j'appelle un très bon film ! Bien écrit, bien joué, bien réalisé. Aucune fausse note dans cette fresque du XIXème siècle qui pourrait très bien se dérouler aujourd'hui tant les travers dénoncés de la société d'alors sont toujours les mêmes : l'argent roi, la corruption, la bassesse et la lâcheté, les faux-semblants et les faux-amis. Décidément, Balzac - qui, encore une fois, mériterait de reposer au Panthéon - avait très bien cerné l'humain, cette fameuse comédie humaine qui a été le fil conducteur de son œuvre et, dans ce domaine au moins, il y a une égalité totale entre les hommes et les femmes.
L'histoire se déroule sous la Restauration, à une époque où le maître mot est la recherche du profit personnel, contraste saisissant avec la période impériale où l'honneur et la défense de la nation primaient sur l'intérêt individuel. Toutes ces manigances, toute cette hypocrisie, ces journalistes avides d'argent et de gloire, qui déshonorent leur profession en se prostituant au plus offrant et laissent entrer la publicité dans leurs colonnes, journalistes dont les politiques se servent et tout ce petit monde au service de la finance, tout ceci est très actuel. Avec, en prime, devant la montée en puissance de l'argent, cette phrase prononcée par l'un des personnages "un jour, un banquier entrera au gouvernement".
L'interprétation est brillante, à commencer par le jeune Benjamin Voisin, dont j'avais déjà vanté les mérites dans "Été 85" et qui démontre une nouvelle fois qu'il est promis à une belle carrière. De plus, avec son côté rebelle et son charme particulier mais réel il me fait penser à Belmondo jeune. Je ne peux que lui souhaiter la même carrière. Vincent Lacoste confirme lui aussi qu'il a un grand talent et qu'il est à l'aise dans des rôles très divers et Cécile de France rayonne de beauté et de talent comme d'habitude. Notons également le grand Depardieu dans un second rôle haut en couleurs et Jean-François Stévenin dont c'était là plus l'un des derniers rôles, ainsi que Salomé Dewaels dans un rôle pas simple. Et puis, pour compléter cette brillante distribution, le petit génie, Xavier Dolan, aussi à l'aise devant que derrière la caméra et très convaincant dans ce rôle d'ami qui ne dit pas son nom.
La réalisation n'est pas en reste, avec des effets simples et efficaces qui servent l'action et les personnages. Xavier Giannoli démontre une nouvelle fois qu'il est l'un des réalisateurs actuels les plus brillants.
Bref, vous l'aurez compris, je ne peux que vous inviter à aller voir ce long métrage, qui est un excellent film et ne vous arrêtez pas à ses 2h35, on ne les voit pas passer.