"Bull" est le premier long métrage de la réalisatrice américaine Annie Silverstein. Présenté dans la Sélection Un Certain Regard de Cannes 2019, il a, quelques mois plus tard, trusté les Prix au Festival du cinéma américain de Deauville : Grand Prix du Jury, Prix de la critique, Prix de la révélation. Des récompenses loin d'être usurpées, ce film exposant avec talent une peinture naturaliste de l'Amérique rurale du sud des Etats-Unis. Tourné au Texas, dans la région qui s'étend entre Houston et la mer, il raconte les rapports, tout d'abord tumultueux, puis de plus en plus chaleureux, entre Krystal, une adolescente de 14 ans, et Abe, un noir qui, quoique ayant déjà bien avancé en âge, continue à se produire dans les rodéos locaux. Leur mère purgeant une peine de prison, le ou les pères étant absents, Kristal et sa jeune sœur sont élevées par une de leur grand-mères. Kristal attend avec impatience la sortie de prison de sa mère, avec l'espoir d'aller s'établir en famille dans un ranch, dans l'Oklahoma. En attendant, elle accumule les bêtises, en particulier au détriment de Abe, un voisin de la grand-mère. C'est avec beaucoup de pudeur et de sensibilité qu'Annie Silverstein montre les liens qui, malgré tout, arrivent à se tisser entre Kristal et Abe. Tout est d'une grande justesse dans "Bull" : les rapports entre Kristal et sa mère ; ceux entre Kristal et Abe, qui, pour elle, tend à prendre, petit à petit, la place du père absent ; la peinture de l'atmosphère des rodéos, ces spectacles particulièrement prisés au Texas avec leurs cérémonies d'ouverture bien particulières. La présence relativement importante des rodéos dans le film ne peut que le rapprocher de "The Rider", le deuxième long métrage de Chloé Zhao. Tout en ayant apprécié "The Rider", on est en droit de préférer "Bull" !