J'ai vu un film... et quel film... Il se déroule pendant cette guerre civile (si vile ?) des années 90 qui a vu l'assassinat de plus de 150 000 personnes, des dizaines de milliers d'exilés et des millions de déplacés... On suit une jeune fille rebelle dans une Algérie déchirée entre un gouvernement corrompu jusqu'à la moëlle et des fanatiques religieux ... Et le tout dans une société patriarcale (j'invite tout ceux qui jugent la société française comme patriarcale d'avoir le courage de porter un jugement "progressiste" sur ce film...) empreint de mépris pour les femmes... Le film est est brillant, lumineux, effrayant, et si sombre... Papicha est un mot typiquement algérois, qui qualifie une jeune femme drôle, jolie, libérée. C'est un film indispensable pour essayer de comprendre et surtout pour arrêter ce relativisme culturel qui consiste à ne pas juger les sociétés rétrogrades et mortifères. Lyna Khoudri et Shirine Boutella sont impressionnantes, émouvantes, fragiles et pourtant si fortes en Papicha, écrasées par le poids de la société... C'est simple, le film de Mounia Meddour est un chef-d’œuvre. Il est inspiré de faits réels, et ça tord le ventre à chaque minute. On sent, on voit, on ressent ce que veut dire l'oppression du corps féminin par le fondamentalisme islamiste. Pauvres femmes, pauvre société, pauvre civilisation. On suit avec tristesse le parcours de ces jeunes filles pour leur lutte, leur émancipation, leur liberté de vivre dans une société qui oppresse. Et le film le montre si bien, avec des partis pris très systématiques du montage et du cadrage très serrés, des plans très courts qui cadrent les actrices au plus près. Et leurs visages, leurs si beaux visages si plein de joie, de bonheur, d'espoir et de larmes. L'Algérie, ce pays sans espoir, ce pays que tout le monde veut fuir, ce pays qui a échoué dans le fait de donner de l'espoir à sa jeunesse... Ce film est une sacrée réussite... si tenté qu'il y ait vraiment des choses sacrées en ce bas monde...