C'est toujours avec une certaine gêne qu'on se permet de faire un certain nombre de réserves à propos d'un premier film, certainement très sincère et plein de peps, tout simplement parce que on trouve des choses à redire au niveau de la forme ! Ben oui, mais un film, c'est un tout. Dans "Papicha", il y a donc du bon, le fond du film, et, pour moi, du moins bon, la forme. Rien à redire donc sur le fait de choisir une époque, les années 90, époque cruciale dans l'histoire de l'Algérie, l'époque de la décennie noire avec le conflit qui a opposé alors le gouvernement algérien à divers groupes islamistes armés. Rien à redire sur le fait de raconter l'histoire de Nedjma, une jeune fille de 18 ans, étudiante en lettres à Alger mais rêvant de devenir styliste, logeant dans une cité universitaire d'où il est très difficile de sortir le soir, une jeune fille sans arrêt en train de braver les interdits ce qui, dans le contexte de l'époque, pouvait s'avérer dangereux. Au fait, qu'est-ce qu'une papicha ? Dans l'argot algérien, une papicha, c'est une jeune femme drôle, jolie, libérée. Nedjma est une papicha et elle aimerait organiser, pour d'autres papichas, un défilé de mode dans la cité universitaire. Il y a d'autres éléments très intéressants comme la peinture qui est faite du machisme ordinaire chez les hommes que Nedjma et ses amies sont amenées à fréquenter. Après le positif, le négatif, que l'on va donc trouver dans la forme du film, mais aussi dans un élément à mi chemin entre forme et fond. Tout d'abord, un montage qui s'avère fatigant pour le spectateur, avec, souvent, trop de plans par unité de temps. Ensuite, un élément peu compréhensible dans le comportement de Nedjma : alors que Linda, la soeur de Nedjma, a été tuée alors que les 2 sœurs étaient chez leur mère, Nedjma donne l'impression de ne pas croire à un éventuel danger lorsque Mehdi lui propose de quitter avec lui l'Algérie et ses dangers. Quelques éléments pour terminer : Mounia Meddour, la réalisatrice, est la fille du réalisateur algérien Azzedine Meddour. Sa famille a décidé de quitter l'Algérie en 2015 alors qu'elle faisait sa scolarité en habitant une cité universitaire ressemblant beaucoup à celle qu'on voit dans le film. Quant à Lyna Khoudri, l'interprète de Nedjma, on l'avait déjà remarquée dans "Luna" et, surtout, dans "Les bienheureux". Une certitude : on n'a pas fini de la voir, tellement grandes sont ses qualités.