Dans un Saint-Louis en pleine perdition, Parker (Shea Whigham) un agent des services sociaux, se bat pour éviter que des enfants aient à connaître les souffrances dont lui-même fut victime dans sa jeunesse. Alors que son combat semble un peu plus perdu d'avance chaque jour passé dans des quartiers pauvres gangrenés par la criminalité et la drogue, Avery découvre que le mari, récemment libéré de prison, d'une femme (Olivia Munn) dont il s'occupe personnellement la met en danger elle et sa fille par ses agissements pour le compte d'un gangster local (Frank Grillo)...
De son ambiance anachronique de thriller convoquant le pessimisme du néo-noir dans une esthétique multicolore de série B 70's (et la B.O. qui va avec) à son intrigue cousue de fil blanc, tous les éléments de "The Gateway" semblent concourir à faire de Parker un homme torturé prêt à embrasser le rôle de vigilante n'ayant plus que sa violence bouillonnante comme unique réponse à un système incapable d'assouvir sa soif de justice. Par la force des choses, ce basculement inévitable aura d'ailleurs bien lieu pour le personnage mais, là où le style et l'atmosphère de "The Gateway" laissaient présager qu'il s'aventurerait sur un terrain bien plus brut de décoffrage, presque en mode grindhouse, pour mettre en scène cette rage contenue ainsi libérée, le film va préférer avant tout se focaliser sur les démons de Parker et la guérison qu'il cherche à travers sa dévotion héroïque pour cette mère et sa fillette. Évidemment, la recherche d'une possible réconciliation avec le passé par ce prisme aura du sens et les failles si humaines de Parker seront traduites de manière irréprochables à l'écran par un Shea Whigham décidément toujours épatant mais, faute d'une écriture suffisamment subtile pour en tirer le meilleur, le parcours existentiel de cet assistant social, aussi touchant soit-il dans les grandes lignes, aura bien du mal à faire la différence face au caractère insignifiant de l'intrigue chargée de le mettre en relief. Comme un symbole à ce problème, le dernier acte, qui, pour le coup, aurait vraiment gagné en puissance en s'attardant sur un affrontement beaucoup plus long et démonstratif en termes de violence afin de "libérer" frontalement Parker de sa douleur, se retrouvera complètement expédié au profit de la mise en avant d'un petit twist psychologique fatigué et relativement inconséquent sur notre attachement déjà bien installé pour le personnage.
Grâce à son ambiance attractive et à la prestation impeccable de son acteur principal, "The Gateway" a tout de même le mérite de se montrer un minimum divertissant mais, à force de ne pas savoir sur quel pied danser entre les trop rares explosions de la violence que l'on sent pourtant omniprésente en son cadre et le manque de finesse pour aborder les blessures de son héros qu'il tend à privilégier, il échoue à être un tant soit peu marquant sur les deux tableaux. Dommage, il y avait sûrement mieux à faire qu'un film au résultat finalement aussi oubliable que sa mauvaise affiche de DTV.