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Michèle G
42 abonnés
26 critiques
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4,0
Publiée le 12 janvier 2020
Quand le cinéma brise son propre miroir et nous renvoie la lumière glaçante d'un rêve d'ombres, nous franchissons quelque chose qui s'apparente à des frontières dont toute trace s'efface au fil d'un temps pelliculaire. Un temps au cours duquel les rêves et cauchemars, les mises en scène et le "réel" deviennent un seul et même monde dans lequel s'immisce la beauté du "diable"... La magie réussie du 7ème art !
Il y a quelques années, certains spectateurs privilégiés ont pu voir les premiers films du cinéaste taïwanais Midi Z, d'origine birmane, au Festival de La Rochelle, avant même que Adieu Mandalay ne soit distribué en France. Nina Wu marque un radical changement de style pour le réalisateur avec un scénario écrit par son actrice principale, Wu Ke-Xi, dont l'inspiration se trouve du côté de l'affaire Weinstein. Mais Midi Z abandonne ici sa manière intégralement réaliste en épousant les traumatismes d'une comédienne qui accède à son premier grand rôle et dont l'état mental va en se dégradant après un tournage éprouvant. Si le film décrit parfaitement les humiliations subies par les femmes pour se faire une place dans le monde machiste du cinéma, c'est autant à travers les fantasmes et les délires de son héroïne que par la crudité de situations qui créent un immense malaise. Avant la dernière scène, insupportable et qui peut apparaître comme presque complaisante, Nina Wu glisse dans un univers glacé et déplaisant, dont l'élégance de la mise en scène de Midi Z ne parvient pas complètement à faire oublier le côté parfois bancal de l'architecture narrative dont certains éléments, disons classiques (vie privée et familiale) versent dans la banalité. En revanche, la cohérence esthétique du film (avec une prédominance de rouges) est assez remarquable sans pour autant convaincre de la réussite d'un scénario alambiqué et pouvant apparaître comme illisible ou même inutilement choquant pour certains.
C’est je crois l'un des tous premiers films qui réellement traite du harcèlement sexuel et pire encore dans le milieu du cinéma, voire plus largement, celui de la culture. Wu Ke-Xi qui a écrit le scénario l’interprète également avec sinon un vécu, tout du moins un ressenti qui à l’écran échafaude un univers complètement inhumain. A Taipei une actrice et une romancière se sont suicidées après des traitements sexistes à leur égard. Wu Ke-Xi a pu s’inspirer de leur calvaire pour rapporter celui de cette jeune femme dont le rêve est de jouer un personnage conséquent dans un film. Pour obtenir le rôle il lui faudra passer par bien des étapes dégradantes, humiliantes face à une autorité sans limite. On pense bien évidemment à l’affaire Weinstein avec un final très éloquent en la matière. Je crois personnellement qu’il n’était pas nécessaire, tant la mise en scène explicite et le jeune inébranlable de Wu Ke-Xi ont su nous mener dans ces coulisses post-#MeToo. Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Les tribulations d une apprentie starlette assez nulle et aussi expressive qu un poisson mort prête à tout pour avoir un rôle et qui répète inlassablement la même scène dans tout le film. Cela a été très pénible et très décevant de rester jusqu'à la fin. Peut être un film à réserver aux chinois....
Nina a quitté depuis plusieurs années sa ville d'origine, sa famille, sa fiancée pour s'installer à Taipei et y faire l'actrice. Mais la célébrité tarde à venir : elle n'a guère tourné que dans quelques courts métrages et quelques publicités. Aussi, quand son agent lui propose le casting du rôle titre d'un film à grand budget, Nina n'hésite pas, même si le tournage s'annonce exigeant.
"Nina Wu" est un film spirale qui s'enroule autour d'un événement traumatisant qui ne sera révélé qu'à son tout dernier plan. En parler n'est pas simple car ce qui fait son intérêt est précisément l'attente de sa révélation et sa découverte sidérante. Aussi, cher lecteur qui hésitez à aller voir "Nina Wu" et ne voulez pas être privé de ce plaisir-là, interrompez ici votre lecture et venez l'achever après la séance.
spoiler: "Nina Wu" est donc un film #MeToo qui sort en plein procès d'Harvey Weinstein et qui met en scène une actrice violée durant un casting par le producteur qui l'auditionne. Le viol se déroule dans la chambre 1408 d'un grand hôtel taipéien - "Chambre 1408" étant précisément le titre d'un film d'horreur avec John Cusack et Samuel L. Jackson produit par Weinstein en 2007.
Il sera vite éclipsé par "Scandale" qui sort mercredi prochain en France, en lice pour l'Oscar du meilleur film, de la meilleure actrice (Charlize Theron) et du meilleur second rôle féminin (Margot Robbie), qui traite du même sujet.
spoiler: Comment raconter un viol et le traumatisme qu'il provoque chez une actrice ? Midi Z opte pour un parti pris doublement réussi en en retardant la révélation. Il tisse un scénario complexe où se mêle les flash-back et les cauchemars de Nina. Cette construction à laquelle on pourrait reprocher son inutile sophistication colle au contraire à l'état de confusion dans laquelle cette femme est plongée, qui essaie en vain de refouler un traumatisme qu'elle aimerait oublier.
À la différence de "Scandale" qui joue sur l'empathie avec les personnages, Midi Z et sa scénariste Wu Ke-Xi (qui interprète le rôle titre) ont peint une héroïne glacée et glaçante, une cousine asiatique des héroïnes des films de David Lynch. Nina est sur le fil du rasoir, manifestant une volonté de fer pour mener à terme un tournage éprouvant avec un réalisateur sadique et résistant de toutes ses forces à l'effet dévastateur d'un stress post-traumatique. Elle n'est pas "sympathique" et ne cherche pas à l'être, compliquant le processus d'identification qui attache le spectateur aux héros d'un film. Nina n'en reste pas moins un personnage perturbant dont les pulsions contradictoires ne s'effaceront pas de sitôt de nos mémoires.
Né en Birmanie en 1982, Midi Z vit à Taïwan depuis l’âge de 16 ans. "Nina Wu" est son 5ème long métrage de fiction, mais, jusqu’à présent, seul son film précédent," Adieu Mandalay", avait eu droit à une sortie en salles dans notre pays. "Nina Wu" est le premier film qu’il réalise à partir d’un scénario dont il n’est pas l’auteur, même si, y ayant apporté quelques retouches, il est quand même crédité comme étant co-scénariste. La véritable scénariste est l’actrice principale du film, Wu Ke-Xi, laquelle, profondément marquée fin 2017 par l’affaire Weinstein, a repris une ébauche de scénario écrite en 2016 pour aboutir à l’histoire de Nina Wu. Nina Wu faisait partie de la sélection Un Certain Regard de Cannes 2019. Très réaliste dans "Adieu Mandelei", Midi Z a complètement complètement changé son fusil d’épaule dans sa réalisation de "Nina Wu". Un peu comme si les frères Dardenne se mettaient à réaliser un film qu’on pourrait comparer à des œuvres de David Lynch ! Changement judicieux ? Sûrement pas pour celles et ceux qui trouvent le cinéma de David Lynch trop intellectuel, trop artificiel. Peut-être pas pour les fans de David Lynch qui trouveront peut-être que, dans ce genre, l’original sera toujours supérieur.
« Nina Wu » pourrait être considéré comme le pur produit de l’après scandale de l’affaire Weinstein et du mouvement #MeToo qui en suivi. Le titre du film est également le nom de notre protagoniste, une comédienne en galère qui enchaîne les figurations et publicités. L’actrice finit par gagner de l’argent en s’exhibant sur Internet sur des sites de webcams. C’est alors qu’on lui offre enfin une chance en lui ouvrant les portes d’une audition pour un grand rôle. Midi Z nous montre l’univers du cinéma avec ses belles robes, le Festival de Cannes et son tapis rouge, ses soins de beauté et ses massages ainsi que la relation avec les journalistes et les articles qui en ressortent. Le cinéaste rend également hommage aux figurants et dresse le portrait de réalisateurs bien connus qui poussent leurs actrices à bout pour qu’elles donnent le meilleur d’une scène. Le film s’avère alors être une comédie maline par ses clins d’œil référentiels. Mais « Nina Wu » ne serait pas un thriller s’il s’arrêtait ici, le film va plus loin dans les repères acerbes du milieu caché du cinéma. Entre humiliation, soumission et viol, « Nina Wu » ouvre le débat. Jusqu’où sommes-nous prêt à aller pour obtenir quelque chose ? La notion de consentement ne sera pas reçue de la même façon d’un spectateur à l’autre et c’est toute la réussite de Midi Z, s’être arrêté au bon moment. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
J’ai passé une très mauvaise séance lors du film Nina Wu, peut-être est-ce le genre de film que je déteste ? Ce qui est sûr c’est que je n’ai pas adhérer aux parties pris du film (j’admet quand même de grosse qualités comme l’actrice principale).