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    Les Misérables
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    Caine78
    Caine78

    6 703 abonnés 7 398 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 janvier 2020
    J'avoue que la bande-annonce ne m'avais pas du tout convaincu, au point de réellement hésiter sur le fait de me déplacer en salles. Mais bon, les critiques étaient tellement enthousiastes et le cinéma si près que je me suis quand même laissé tenter : à raison. D'ailleurs, après une introduction réussie, la suite n'a pas été pour me rassurer. Légère impression de déjà vu, personnages de flics stéréotypés dont l'opposition paraît limite grossière... Mes craintes semblaient se confirmer, ce « voyage à travers la banlieue » ne proposant rien de vraiment excitant. Pourtant, lentement mais sûrement, Ladj Ly parvient à dresser un portrait beaucoup plus complexe de ses personnages comme de cette misère sociale qu'il décrit. Il n'est pas donneur de leçons. Mieux, même si cela peut paraître paradoxal : il n'a pas de solutions, ne sait pas quoi faire pour améliorer une situation s'étant aggravée dans des proportions dramatiques ces dernières années dans l'indifférence la plus générale. Il ne se cache pas, filme ce qu'il connaît, a même probablement vécu (partiellement, du moins je l'espère!). Ce n'est finalement jamais simpliste, chaque protagoniste, même les plus antipathiques, ayant leur raison d'agir comme ils le font, du côté de la loi comme des « voyous ». Au final, chaque discours s'entend, sans pouvoir être réellement contredit, au point d'en être assez éclairants sur le malaise profond qui sévit dans le département. Mais aussi (et surtout) une vraie œuvre cinématographique, avec beaucoup de densité, de tension, à l'image d'un scénario très bien construit et surtout d'un final impressionnant, explosif à souhait, n'ayant absolument rien à envier (bien au contraire!) au cinéma américain, pour le coup. On pourra toujours débattre de ce dénouement « en suspens », mais il peut aussi se défendre aussi dans cette logique « infernale » et où, comment pourra t-elle s'arrêter. Très solide interprétation. Tout en gardant certaines réserves quant à la manière d'appréhender le premier tiers de l'œuvre, « Les Misérables », également par ses nombreuses scènes mémorables, a la puissance, l'intensité dont peu de films peuvent se vanter aujourd'hui. Assurément l'un des incontournables de l'année.
    Cinememories
    Cinememories

    482 abonnés 1 465 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 8 octobre 2021
    La haine alimente toujours la violence, notamment dans les noyaux les plus atteints par la misère et l’indépendance du délit. Ladj Ly nous présente ainsi son Montfermeil natal, du point d’un point de vue interne et externe, grâce à l’appui du spectateur. Il appelle à l’authenticité, en nous immergeant dans une cité malade et rongée par des vices qui croissent sans cesse. Pour un premier long-métrage, ce metteur en scène se révèle vif et ouvert, ne laissant transparaître que son message, tout en s’appuyant de faits vécus. Il interprète les valeurs de Victor Hugo à sa manière, sans l’aspect romantique et en actualisant les drames dans ce nid de guêpes. Il insiste également sur le fait que l’image est un outil de persuasion, la caméra une arme et les yeux sont les témoins du naufrage du peuple français de nos jours.

    Si l’introduction se distingue par la joie, la bonne humeur et cette France unie, patriote jusqu’au bout, l’événement se dissipe rapidement dans certains recoins, non entretenus par l’Etat. Le film ne cache pas son besoin d’être politique et humaniste, car il accomplit parfaitement ce rôle d’intermédiaire entre ces banlieues défavorisées et toute personne étrangère leur climat. L’œuvre mesure également les personnages en ne prenant pas de parti-pris, bien que l’on suive le déroulé par le biais de policiers en patrouille. Le réalisateur prend le temps d’iconiser et de nuancer les propos, car il y a bien une différence entre porter le titre de force de l’ordre et d’assimiler son prestige aux yeux de la loi. On évite souvent les pièges du cliché, tout en amenant des archétypes à remettre en question cet univers. Dans cette violence que l’on dénonce, les débordements que l’on appréhende encore et les menaces de la jeunesse, on reconnaît les symptômes de « La Haine », « Dheepan » ou le récent « Banlieusards », et bien d’autres trouveront leur écho en ce nouveau-né. Donc pas de jugements définitifs, on suggère l’instant et le film nous laisse en perpétuelle réflexion sur ce qu’on observe, sur ce qu’on ressent.

    Et c’est à travers le fil rouge de Gavroche qu’on cherche l’inspiration et l’étincelle, voire le comburant de cette cité, particulièrement étroite et oubliée. Rien n’a évolué et la haine continue de prendre le dessus sur tout. Au plus proche des individus, comme le suggère David Ayer dans son « End Of Watch », le trio de policiers soulève bien la question de l’autorité, la vraie. Nous sommes lâchés dans un « no man’s law » perverti par la peur et la facilité, comme si l’écosystème entretenait tout cela, sans motivation pour en sortir. Tous finissent dans le même panier et récoltent ce qu’ils ont semé. Et si on nous montre que les enfants représentent l’avenir, il y a fort à faire dans ce gouffre, car ils détiennent la clé et la voix nécessaire pour faire tomber ce monde qui intuitivement leur appartient.

    S’agit-il donc de craindre le mouton, le berger ou l’enclos ? Ladj Ly connaît les réponses possibles, mais nous laisse le choix d’intervenir, de rompre avec la fiction ou la réalité et d’enfin ouvrir les yeux et l’esprit. Du court-métrage au film, « Les Misérables » a bien eu le temps de mûrir et d’assimiler cette terreur que sèment maladroitement ou volontairement les forces de l’ordre. De même, il illustre de manière globale ces sanctuaires de misères à travers la nation et le monde que l’Etat délaisse, par manque de solutions ou de conviction. Ce film dénonce, non pas avec violence comme certains auraient appréciés la manœuvre, mais surtout avec du symbolisme là où le dernier acte suffit amplement à justifier une action rapide, afin de préserver des âmes affaiblies par le pouvoir. Reste à savoir si l’écoute a été bonne et si son rôle d’ambassadeur permettra de faire bouger les choses, car il y a dans le fond un message qui persiste à croire en l’espoir de voir les français renaître de leurs cendres.
    Ricco92
    Ricco92

    224 abonnés 2 150 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 30 janvier 2020
    Les Misérables a souvent été présenté comme étant La Haine version 2019. Si le film de Ladj Ly possède certains aspects communs spoiler: (la fin rappelant fortement celle du film de Mathieu Kassovitz, le fait de suivre 3 personnages principaux, un récit se déroulant sur une journée environ…)
    , il s’en différencie par le fait que cette fois l’histoire est vue à travers le point de vue des policiers. Ainsi, Ladj Ly offre une vision plus ambiguë de Montfermeil car il présente ces derniers comme des êtres humains différents les uns des autres qui présentent chacun des faiblesses (il semble même que c’est pour masquer celles-ci que certains peuvent déraper). De même, il ne présente pas les jeunes de cités que comme des victimes mais comme un ensemble disparate contenant des personnes irrécupérables (Issa), d’autres tentant de vivre paisiblement (Salah) et d’autres cherchant à faire régner le calme dans la cité pour asseoir leur pouvoir (Le Maire). Cette véracité de l’ensemble provient sûrement du fait que Ladj Ly a grandi dans ce lieu et a connu un passé compliqué avec la justice et la Police, lui ayant probablement permis de réfléchir à ces sujets tout en ayant une expérience vécue (si on excepte Jean-François Richet et certains rappeurs devenu cinéastes comme Akhénaton, il est rare que les réalisateurs traitant de la banlieue en proviennent). Le résultat est donc extrêmement fort et subtil, intelligemment mis en scène et présente hélas un constat encore plus catastrophique que celui présenté dans La Haine notamment en ce qui concerne les plus jeunes. Un des meilleurs films sur le sujet.
    Nicothrash
    Nicothrash

    368 abonnés 3 025 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 décembre 2019
    Le film coup de poing de cette fin d'année ! Accompagné de critiques dithyrambiques après son passage remarqué à Cannes, j'y allais méfiant, une méfiance accrue après les quelques premières minutes étranges durant lesquelles on se demande où le réalisateur veut nous emmener. Et puis sous ses airs de Training Day, le métrage nous propulse en pleine cité où l'on suit le quotidien d'une brigade de la BAC. Immédiatement saisissante, l'action met l'accent sur la relation parfois tendue entre cette brigade et la population sur place, l'impression de clichés passe très rapidement au profit d'un suspens qui va vite devenir haletant, la barrière entre le bien et le mal devient de plus en plus flou au fur et à mesure que l'intrigue avance et nous, pauvres spectateurs, nous retrouvons de plus en plus ancrés dans nos fauteuils, se demandant jusqu'où tout cela va-t-il aller ... Grosses interprétations, sens du réalisme, mise en scène percutante et aucune concession font de ce film une véritable claque, on y est pris à la gorge jusqu'au final, ouvert, et qui nous laisse beaucoup de questions sans réponses ...
    Tumtumtree
    Tumtumtree

    168 abonnés 533 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 décembre 2019
    Les Misérables ne joue pas la carte esthétisante et métaphorique de La Haine. Non, il s'agit d'une immersion hyper-réaliste dans le quotidien d'une cité avec ses activités sportives et culturelles, ses régulateurs de chaos, son économie parallèle, sa police musclée. De ce fait, le film n'atteint pas la grandeur mythique/mystique de l'opus de Kassowitz. Mais le choix de l'unité de temps et d'action, couplé à une fin épique, lui donne une certaine grandeur. On est pris aux tripes par ce dérapage incontrôlé d'une journée qui part en vrilles complètement. Les comédiens sont très bons, et très bien choisis dans leur variété de profil et de caractère. Le cinéaste-scénariste refuse tout manichéisme : chacun a ses raisons d'agir, commet des erreurs, etc. La montée en tension finale signifie magistralement une abolition des corps intermédiaires débouchant sur une société du chaos total. Elle est suffisamment en suspension pour laisser une note d'espoir...
    📞 Appelez-moi Jo
    📞 Appelez-moi Jo

    29 abonnés 188 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 6 avril 2020
    L’ambition, honorable de Ladj Ly s’inscrit dans une grande tradition du cinéma, en particulier du cinéma américain, un film volontairement choc pour témoigner de la séparation irréversibles des communautés.
    Shephard69
    Shephard69

    333 abonnés 2 259 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 avril 2020
    Un film indéniablement coup de poing à mi-chemin entre "Do the right thing" de Spike Lee pour sa tension dramatique qui grimpe crescendo jusqu'à un final explosif dans un théâtre moite, caniculaire et "La haine" de Mathieu Kassovitz ou "Ma 6-T va cracker" de Jean-François Richet pour sa peinture âpre, sans concessions d'une banlieue "chaude" de la région parisienne entre violences tant verbale que physique, désoeuvrement de la jeunesse mais aussi rivalités entre les différents groupes tant religieux qu'ethniques. Une mise en scène recherchée, un bon nombre de scènes très anxiogènes, psychologiquement immersives et fortes, de très bons acteurs. Une grosse sensation.
    Min S
    Min S

    58 abonnés 458 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 décembre 2019
    Je m'attendais à un film style documentaire, au départ j'ai eu un peu de mal à enregistrer que c'était un pur film. Très très bien, sans jugement on peut se mettre dans la peau de tout le monde, ce film nous invite à avoir de l'empathie élément indispensable et en voie de disparition dans notre société.
    Katia L.
    Katia L.

    15 abonnés 38 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 27 octobre 2019
    Excellent film sans parti pris ce qui n'était pas gagné vu la trajectoire de ce jeune metteur en scène
    On vit le film de l'intérieur l'étude des différentes cultures au sein d'une même cité est riche d'enseignements
    La montée de la violence embarque le spe tateur car ce sont les enfants qui sont au centre et l'avenir de ces zones de non droit
    Bravo à tous ces jeunes acteurs tellement vrais et justes dans leur rôle
    Film riche ' et fort beaucoup d'émotions Avoir absolument
    Attigus R. Rosh
    Attigus R. Rosh

    194 abonnés 2 509 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 1 juin 2020
    Les Misérables est un film puissant signé Ladj Ly, dont l'impact et les polémiques qu'il a suscité ne sont évidemment pas sans rappeler l'effet qu'a eu le film La Haine sur le cinéma français.
    Contrairement à ce qu'on pourrait redouter, le film n'est pas du tout manichéen ; les principaux acteurs de la banlieue (flics, gamins turbulents, chefs de gangs, gitans, salafistes repentis, …) ont tous leurs – quelques – qualités et leurs défauts. Ce long-métrage dessine avec précision une banlieue qui est au bord de l'explosion spoiler: (le plan final suggère même qu'elle explose puisqu'on peut supposer que le flic va tirer et / ou que le mioche va lancer son cocktail molotov)
    et qui, à défaut d'être exactement comme la nôtre (nous ne sommes pas encore dans un état de siège) y est extrêmement proche. D'où la nécessité de voir en ce film un message d'alerte, nous rappelant que la situation actuelle des banlieues peut déraper sur un bête kidnapping de lionceau avec des conséquences incontrôlables.
    Sans grandes performances, les acteurs sont convaincants.
    Très bon long-métrage.
    Guillaume C.
    Guillaume C.

    86 abonnés 182 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 27 novembre 2019
    En de rares occasions le cinéma nous livre une oeuvre coup de poing, et "Les Misérables" en est un tant il est viscéral. Brutal, sans filtre, il prend aux tripes.

    Ladj Ly nous plonge directement dans la dure réalité des banlieues délaissées de la République. Celles où faute de moyens mis par l'Etat, l'oisiveté devient reine et est mère de tous les vices, alors que la jeunesse déborde d'énergie, celle justement des talents perdus, celle de la débrouille, où tous les protagonistes tentent de vivre par leur propre moyen. Car dans "Les Misérables" tous sont abandonnés par la République, Ladj Ly ne fait pas dans le manichéisme, ici ni gentils banlieusards, ni méchants baccueux, pas de racailles ou de flics exemplaires, seulement des individus livrés à eux même et à cet environnement impitoyable.

    La force de Ladj Ly c'est aussi de nous montrer l'équilibre aussi fragile que précaire de cette 2ème France. Où les compromis installent une pseudo paix illusoire, dans laquelle il n'y a que des perdants, où la moindre étincelle peut tout embraser.
    "Les Misérables" c'est ce que le gouvernement et l'opinion publique veulent cacher sous le tapis qui explose sur grand écran, surtout que Ly nous jette dans la fosses comme si nous étions, sa façon de filmer nous laisse penser que nous sommes un personnage à part entière, du coup le film a beaucoup plus d'impact. D'autant plus qu'il ne nous laisse pas une seconde de répit, pendant les 1h45 nous sommes cramponnés à notre siège car Ly nous met toujours au bord du gouffre sans nous y faire plonger pour autant spoiler: (exception faite de la fin).
    Il multiplie les fausses pistes et les enjeux pour maintenir un suspense à couper au couteau et nous réserve une fin juste magistrale. Glaçante, violente, extrêmement symbolique spoiler: (dans le final qui voit Issa et Pento se confronter)
    et très inventive spoiler: (tout filmer dans une cage d'escalier c'est fort)
    ce final digne d'un Spike Lee est le point d'orgue d'un film sans faille dans son interprétation, dans son déroulé, dans sa dynamique.

    Ladj Ly signe une oeuvre de très haut vol dont on ne ressort pas indemne, comme si on avait encaissé un violent uppercut au foi dont on peine à se remettre. Une performance que l'on ne voit qu'une ou deux fois l'an au cinéma. A voir absolument.
    montecristo59
    montecristo59

    39 abonnés 288 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 janvier 2020
    Film choc s'il en fut ! "Les misérables" fait écho bien sûr à "La haine", auquel je ne le comparerai pas faute d'avoir revu ce dernier récemment. Je n'irais pas jusqu'à dire que je vais me dépêcher de combler cette lacune en revoyant le film de Kassovitz, car je craindrais l'indigestion...
    Le film fait aussi écho, bien sûr, aux émeutes de banlieue de la première décennie 2000, qui ont fait suite si mes souvenirs sont bons à une bavure policière. Le "dérapage" du début qu'a mis en scène Ladj Ly dans son synopsis y gagne en vraisemblance de même que l'escalade qui suit, montée en puissance parfaitement crédible qui fonctionne autant comme un suspense habilement dosé que comme un cri d'alarme pour le moins flippant, mais j'oserai dire utile. Dans la galerie de portraits que Ladj Ly tire de sa cité, si le personnage de Chris est sans doute une caricature assumée du flic bourrin, les deux autres membres du trio BAC sont quant à eux traités avec plus de nuance et c'est tant mieux pour le film. Mais les moins bien servis sont de loin les gitans, qui font bien froid dans le dos, et leur portrait à charge pourrait m'inciter à taxer le réal de manichéisme, voire de sectarisme, voire plus étant donné la...dignité qu'il accorde à la plupart des barbus musulmans. Bon, comme je n'ai jamais vécu à Montfermeil ni récemment dans aucune grande ville, je ne le ferai pas. En tous cas, ça m'a mis vraiment mal à l'aise, même si j'ai bien conscience de ne rien connaître de la faune interlope qui s'agitait à l'écran devant moi, vu que je vis paisiblement dans un hameau à la campagne...
    Pour le moins, voilà un film qui ne donne pas envie d'aller s'installer en mégapole, pas plus qu'il ne distille une forte dose d'espérance en mon coeur d'agnostique de bonne volonté. L'époque dans laquelle j'existe, mes semblables que je regarde vivre, un peu en retrait dans ma cambrousse, tout ceci m' inquiète encore plus au sortir de la salle obscure, de même que l'hypocrite incurie de nos politiques, qui m'exaspère si souvent. Serons-nous un jour autre chose que des nuisibles ? Serons-nous un jour les bons agriculteurs qu'Hugo appelle de ses voeux dans le générique de fin ? Nos différences devraient pouvoir nous enrichir, mais la promiscuité engendrera-t-elle au final autre chose que la haine ? Des expériences ont montré je crois que chez les rats, c'est ce qu'elle fait. Nous autres humains sommes-nous foncièrement différents ? Si on veut que les choses changent, en tous cas, on a intérêt à se retrousser les manches, y a du pain sur la planche...
    Humphrey D.
    Humphrey D.

    20 abonnés 17 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 décembre 2019
    Tout a été dit à propos du film de Ladj Ly, coup de poing, dynamite visuelle, suffocation respiratoire, renouveau du film de banlieue, dans une superlativisation qui pourrait paraître suspecte au premier abord. Et puis non, au fil des séquences, le doute disparaît, les tripes se nouent, le cœur se resserre, l'esprit s'affole, le frisson gagne, pris d'un vertige face au gouffre de l'explosion finale.
    Ce voyage au bout de l'enfer laisse pantois et désamorce toute tentative d'analyse immédiate, dépassés que nous sommes, à l'instar du jeune flic impétrant et de ses collègues de la Bac, par l'engrenage des évènements alors que la dernière ressource des policiers est de feindre qu'ils en sont les organisateurs. Le film démarre dès la première image dans ce qui nourrira de façon emblématique la suite de la narration, à savoir le panoptisme généralisé. Un drone survole les barres d'une cité, plonge au cœur de cette banlieue par effraction, presque à la façon d'un viol, en s'attardant de manière voyeuriste devant des fenêtres derrière lesquelles se meuvent des femmes dans leur quotidien. Le ton est donné : voir à distance sans être vu, capter la vie par images dérobées et interposées, se servir desdites images comme armes de jouissance et/ou de combat. On se croirait dans Fenêtre sur cour, mais très vite le retour au sol s'amorce et l'œil qui regarde change de nature. La cellule photo-électrique qui va saisir la lumière et fixer les instants de vie de cette banlieue se trouve être une voiture de police banalisée, sorte de caméra obscura que l'on suivra dans un vaste panoramique des différentes communautés constitutives de la géographie sociale et ethnographique de la cité. État des lieux, mais aussi état des liens qui régissent les différentes interactions entre les groupes en présence : infusion du religieux par les islamistes barbus, territorialisation mafieuse dont l'ordre et la régulation sont opérés par un parrain noir plus bête que méchant, communautarisme aux relents salafistes dont le cœur battant est un café dont les femmes semblent exclues, population gitane musculeuse faisant son "cirque" à propos d'un lionceau volé, jeunesse désœuvrée tour à tour guetteuse, basketteuse, joueuse parmi les détritus avant de terminer meurtrière et haineuse. Tout ce petit monde est vu à travers les yeux de trois policiers, renards dans cette basse-cour, prédateurs qui finiront prédatés, dont l'un est suradapté à ce milieu hostile en pratiquant l'invective agressive et machiste, le deuxième lâchement complice des excès du premier et le troisième, nouveau venu, témoin atterré et littéralement sidéré par le cynisme et l'engeance de ses deux collègues.
    Mais l'engrenage est fatal, au sens de la fatalité, car la violence, si elle surgit de partout, n'a pas d'autre alternative que de se reproduire dans un mouvement perpétuel. Tous coupables et tous innocents, serait-on tenté de dire alors que Ladj Ly ne prend jamais parti. Il montre sans accuser, alors que les protagonistes du film accusent parfois sans montrer (voir la séquence avec les filles à l'arrêt du bus) ou montrent pour accuser (la vidéo de la bavure ). Qui, de l'œuf ou de la poule, a fait naître le chaos ? Comment retracer la généalogie de tous ces désordres ? Aucune réponse n'est apportée, seul demeure l'énoncé des faits, et les faits sont têtus, voire meurtriers.
    Document ethnographique, enquête chez les affreux, rapport circonstancié sur les territoires perdus de la République, le film est un peu tout cela à la fois. Ladj Ly serait-il le Jean Rouch des banlieues ? Si La haine, de Kassowitz, se terminait par le bruit d'une déflagration qui présageait du pire, Les misérables s'achève sur un fondu au noir dont on ne sait trop s'il est annonciateur d'une guerre à venir ou d'un retour à une raison plus pacifique. La question reste d'actualité pour nos banlieues françaises.
    Didier C.
    Didier C.

    18 abonnés 93 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 4 décembre 2019
    Il m'aura fallu du temps pour digérer ce film tant il impose une intensité rare. J'en suis ressorti tremblant, ahuri par un tel déluge de violences et de réalisme. La mécanique du film est implacable et nous inflige une réalité qu'on ne veut pas voir. C'est prodigieux et, en même temps, la limite de ce film. Car où est l'espoir ? Dans les bons "cultivateurs"... malheureusement absents de ce long-métrage.
    Travel S
    Travel S

    14 abonnés 54 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 29 novembre 2019
    Kourtrajmé est un groupe d'amis vidéastes/cinéates, qui ont toujours étaient proches de la culture Hip-Hop et qui ont, à leur début, réalisé des clips, puis des films, salués par la critique.
    Et tout comme Kim Chapiron et Romain Gavras, Ladj Ly nous livre sont premier long métrage, nommé LES MISÉRABLES !

    Ne tournons pas autour du pot : Cette oeuvre est un véritable uppercut.

    Le scénario, l'écriture, les personnages, nous embarquent dans ce drame, à la tension infernale.

    La mise en scène n'est pas forcément impressionnante malgré que les plans en drônes soient magnifiques, mais une telle histoire n'a pas forcément besoin d'une mise en scène hyper technique et Ladj Ly l'a très bien compris. La force de son métrage est dans son scénario. Et quel scénario !

    Mais il y a aussi ces personnages, qui sont hyper charismatiques et très bien retranscrits à l'écran.
    On a l'impression que ce ne sont pas des personnages de Cinéma, mais bien des hommes qui mènent leur vie de tout les jours, dans cette brigade. Ils sont vrais et ne surjouent pas.

    Le casting est vraiment parfait, les acteurs sont quasi inconnus du grand public et leurs personnages sont crédibles et attachants.

    La photographie est belle, les plans sont très académiques, certes, mais très beaux à la fois.

    L'affiche du film est d'ailleurs très réussie, aussi.

    LES MISÉRABLES est à la base, un court métrage, que Ladj Ly avait réalisé avec les mêmes acteurs.

    Damien Bonnard qui interprête le nouveau membre de la BAC, Stéphane alias Pento, est vraiment l'acteur remarquable du film, avec l'interprête du personnage Chris, campé par Alexis Manenti, et qui est un autre membre de cette brigade et présenté comme le supérieur de celle-ci.

    Puis Djebril Zonga interprête Gwada, le troisième membre. Acteur et ami de longue date du réalisateur, qui est très charismatique aussi.
    Son personnage est très touchant également.

    Mais l'histoire est surtout vue des yeux de Pento (Damien Bonnard) qui est un homme qui veut faire correctement son travail, mais qui se rend vite compte qu'ici, c'est quasi impossible de ne pas devenir corrompu...

    Cet acteur va se faire une grande place dans le Cinéma, je pense.

    J'ai beaucoup aimé l'interprêtation d'Alexis Manenti également, qui est très détestable dans son rôle.

    Le long métrage est sous tension, dans sa quasi totalité et nous sommes captivé du début à la fin.

    Et quelle fin !

    Bref, Ladj Ly s'impose grandement dans le septième Art et ça promet pour la suite de sa carrière de metteur en scène.

    Il faut soutenir ce genre de Cinéma français.
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