Une appli qui tue... Il fallait bien un jour que l'on en arrive là vu l'inventivité impressionnante des teen-épouvanteries qui ne cessent de fleurir ces dernières années. Des démons et des fantômes greffés aux nouvelles technologies ou à n'importe quoi de djeun's, on en a eu de toutes les sortes récemment (il y en a même un qui a trouvé le moyen de posséder une partie d'Action ou Vérité, respect infini pour cette bestiole infernale !) mais il est vrai qu'aucun d'eux n'avait encore eu l'idée de concevoir une application donnant la possibilité à ses victimes humaines de connaître la date de leur mort... sans que celles-ci puissent y échapper après consultation. Et, rien que pour avoir imaginer une créature démoniaque se triturer à ce point les méninges afin de dézinguer du mortel, le réalisateur et scénariste de "Countdown", Justin Dec, mérite d'être salué ! En plus, marketing bien huilé oblige, l'appli existe vraiment et on vous encourage bien évidemment à l'installer sur votre téléphone juste avant de visionner le long-métrage car, si celle-ci marchait vraiment, elle vous indiquerait que vous avez toutes les chances de mourir d'ennui dans les prochaines 90 minutes...
Avec "The Ring" pour la date fatale, "Destination Finale" sur la question de la mort ou les tentatives d'esquive aux règles imposées, "Countdown" secoue le shaker de ses idées empruntées ici et là dans le but de dénicher sa propre mythologie technologique... et aboutit étonnamment sur un melting-pot où l'on décerne un certain potentiel. Bon, rien de fou globalement si vous vous mangez régulièrement des films d'épouvante de cet acabit, mais, par moment, "Countdown" laisse entrevoir certaines pistes pas si inintéressantes sur la manière dont fonctionne l'appli démoniaque et, surtout, pour y trouver une porte de sortie (même son petit discours sur les consommateurs qui acceptent tout type de condition sans le savoir au moindre achat virtuel n'est pas si bête). Ajoutez à cela quelques personnages secondaires bien plus décalés qu'à l'accoutumée et il apparaît clair que "Countdown" tente tout de même de trouver sa propre identité dans la masse de ce genre de produit aussi vite oublié que consommé.
Malheureusement, au-delà de cet effort qui méritait d'être salué, le film retombe vite dans la platitude la plus totale quand il ne va pas lorgner du côté du ridicule.
Apparemment tout fier d'avoir trouvé le prétexte idéal pour enchaîner les apparitions/jumpscares le plus gratuitement possible, Justin Dec se fait plaisir en en fourrant dans tous les recoins de son long-métrage jusqu'à l'overdose et avec un ratio d'efficacité somme toute très relatif vu l'extrême prévisibilité de certains (comptez un ou deux sursauts sur la totalité du long-métrage). Il en résulte vraiment l'impression d'un film traversé de courants d'air que l'on tente de dissimuler par ce procédé en gagnant du temps plutôt que d'exploiter pleinement les quelques bonnes idées évoquées plus haut.
Passons sur les personnages principaux transparents et leurs traumas insipides (qui serviront forcément à un moment ou à un autre au milieu de cette petite affaire démoniaque vu qu'ils sont explicités sur une musique tristounette) et arrêtons-nous sur la façon opportuniste et aberrante dont le film essaie de surfer sur le mouvement #MeToo. Comme il s'inscrit dans un cadre très contemporain, il est logique que "Countdown" s'appuie sur des problèmes sociétaux qui lui sont propres, l'intention d'intégrer à l'ensemble un petit message sur le harcèlement sexuel est donc plus que louable. Seulement, après l'avoir dénoncé, le film s'embarque carrément dans un discours très étrange où la solution la plus radicalement violente est prônée comme seul recours contre ce type d'agression ! Déjà que l'on était déjà affligé par à peu près tous les mauvais choix pris jusque-là, ce propos aux relents très nauséabonds achève d'enterrer le peu d'estime que l'on pouvait avoir pour le long-métrage de Justin Dec.
Bon, on gardera tout de même en tête que le film nous a laissé entrevoir un semblant d'intérêt à son univers d'appli meurtrière (ce qui n'est déjà pas rien !) mais, pour le reste, un simple compte à rebours de 10 secondes suffira à nous le faire oublier...