Tout le monde savait, j'en suis sûr, au moment de voir Countdown que l'expérience ne serait pas brillante, mais comment se retenir d'aller tenter le visionnage en voyant ces deux particularités non négligeables alliées en seul film : le certificat de genre "épouvante/horreur/thriller" et le concept pourtant intéressant du Time Out d'Andrew Niccol, qui aime décidément beaucoup jouer avec les sociétés futuristes et dystopiques.
Le proverbe jamais deux sans trois n'ayant jamais été aussi juste, les bandes-annonce montraient en filigrane une troisième source d'inspiration évidente, saga d'horreur pour adolescents au succès plus ou moins certifié : les fameux Destination Finale, qui enflammèrent de longues années durant les ardeurs d'un public persuadé d'y voir de l'horreur pure, quand il s'agissait souvent de satire sociale et d'ironie presque comique.
Il semblerait d'ailleurs que Countdown tente de reprendre un peu de ce ton léger, sans jamais apporter de réflexion derrière, sans jamais y donner de quelconque sens caché : très premier degré, ce premier long-métrage de Justin Dec, qu'il a aussi scénarisé, se comporte en fait comme une sorte de fan-fiction des deux oeuvres citées, avec du The Grudge en supplément (le type de lieux choisis et la manière de les filmer, l'apparition de visages connus y font irrémédiablement penser). Une mauvaise fan fic, bien sûr, trop sérieuse pour imiter le ton décalé de ses inspirations horrifiques, et sans assez d'imagination pour apporter quelque chose au concept intéressant de Time Out.
Ce qu'il réussit, c'est de tomber à ses frais dans le domaine du nanar (est-ce surprenant?) et constituer de fait un divertissement très plaisant : que faire d'autre que rire face au jeu des acteurs désastreux, à sa réalisation ratée, à l'iconisation ridicule de son boogeyman au design simpliste, à la bêtise d'un scénario qui tente, entre ses personnages stupides et ses dialogues débiles, de basculer du côté de la satire sociale ?
Critique de l'importance des smartphones dans nos vies (il fallait s'en douter), de la superficialité de nos existences de jeunes basées sur le regard et le jugement de l'autre, de nos vies construites à l'adolescence et menées jusqu'alors autour des applications présentes sur notre téléphone, sans éviter, il fallait s'en douter, un pseudo féminisme à deux balles (il est vraiment amené et géré n'importe comment) ayant pour principal but d'inscrire le film dans un mouvement historique particulier, le fameux #balancetonporc, et de balancer, en supplément comme au kebab, une analyse de classe où les riches sont, fallait encore une fois s'en douter, les méchants.
Là où l'héroïne se pose comme un modèle à suivre, une figure féminine lorgnant du côté des The Grudge et autres Ring (l'influence de l'horreur Japonaise est indéniable) avec l'évidente tentative d'incarner la femme forte féministe qui fera écho, sans trop de profondeur de développement de personnalité, à n'importe quelle ado en quête de repaires, les médecins jouent les méchants pervers de l'histoire, et le racisme n'est cautionné que quand il est anti-blanc : il faut tout de même relever la non feinte de ce personnage principal afro-américain satisfait de faire le jeu des racistes en précisant le bien que cela lui fait de tabasser du blanc.
Comme s'il n'était pas suffisamment mal écrit et antipathique, il aura fallu lui coller une intrigue amoureuse avec l'héroïne, histoire de réunir pour de bon les deux clichés progressistes : leur parcours amoureux, dont on connaît la conclusion au premier regard, aura le mérite d'amener sur une fin incongrue et illogique, seulement justifiée par le fait qu'elle rentre en écho avec le cliché habituel des fins de films d'horreur à rebondissement "imprévu", qui ne doivent visiblement jamais bien se finir : si suite il doit y avoir, on attend les prochaines critiques sociales proposées.
Ainsi, Countdown a tout des parodies de discours de vieux aigris qui ne savent plus vivre avec les nouvelles générations, et en bon intolérants qu'ils sont, débitent bêtises sur bêtises au nom de l'inculture et du rejet des autres. Il est aussi irréfléchi que cela, et se prenant au sérieux tout du long, ne cesse de se ridiculiser à chaque fois plus encore. C'est quand il parle le plus qu'il est le plus comique; c'est qu'on le bénirait presque des barres de rire qu'il transmet à ses dépens, avec générosité et sans retenue.