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    Never Rarely Sometimes Always
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    38 critiques spectateurs

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    Jorik V
    Jorik V

    1 279 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 9 avril 2022
    On aurait aimé davantage ce film au sujet important, quoique relativement souvent traité au cinéma, en l’occurrence l’avortement. Tout comme on aurait aimé que la scène pivot du film qui s’avère d’une justesse et d’une puissance incontestable - et qui lui donne d’ailleurs son titre - infuse sur tout le long-métrage de cette manière. D’une durée d’une dizaine de minutes, elle prend place dans la clinique d’avortement et voit l’assistance sociale posé le questionnaire d’usage à cette adolescente brisée. Implacable, dur et émouvant, cette séquence est le cœur du long-métrage. Malheureusement, malgré toutes ces bonnes intentions louables, le reste de « Never rarely sometimes always » se heurte à un traitement bien trop monotone, mutique et neurasthénique pour emporter tous les suffrages, surtout dans la seconde partie après cette scène vraiment mémorable, importante et réussie.



    Ce qui se passe dans le film est certes courant mais reste grave et triste. A une ère où on voit un retour aux populismes et aux pratiques moyenâgeuses où l’avortement devient un sujet politique, il est bon de rappeler certaines choses et ce film fait office de piqure de rappel nécessaire. Dommage qu’on soit rarement touché par ce qui se passe à l’écran. Les choix radicaux de la réalisatrice comme la quasi absence de dialogues et l’enchaînement de séquences atones et étirées finit par lasser (surtout quand les jeunes filles errent dans Manhattan). Hormis, encore une fois, ces dix minutes en milieu de film d’une force émotionnelle incontestable, le reste semble un peu faible. Tout le film aurait dû être de l’acabit de cette séquence mais malheureusement ce n’est pas le cas. On apprécie tout de même la manière dont est dépeint le quotidien de ces adolescentes dans un bled paumé de Pennsylvanie entre ennui, misère sociale et bêtise morale. Mais tout cela on l’a déjà vu dans beaucoup de films indépendants américains et souvent en mieux.



    De plus, la moue boudeuse des deux actrices principales, comme le fait de ne quasiment rien savoir sur elles pour juste se concentrer sur la difficulté d’avorter au pays de l’Oncle Sam, rend le processus d’identification aux personnages plutôt ardu. « Never rarely sometimes never » ne fait pas grand-chose pour être aimé du spectateur et se positionne comme une œuvre exigeante mais il n’empêche qu’être plus démonstratif, moins mystérieux et moins misérabiliste aurait peut-être été plus pertinent. L’ennui n’est pas loin à force d’être aussi taiseux, mutique et répétitif. Un film fort tout de même mais pour lequel il faut s’investir et qui aurait pu être bien plus impactant traité différemment.



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    Ykarpathakis157
    Ykarpathakis157

    4 708 abonnés 18 103 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 7 janvier 2021
    Tout d'abord ce film s'efforce d'être réaliste et de vous mettre vraiment dans la peau d'une jeune fille enceinte de 17 ans. Les personnages ne sont jamais entièrement mauvais ou entièrement bons ce qui est exactement ce qu'il faut faire pour ce genre de films car s'ils étaient exagérés d'une quelconque manière le film finirait par se sentir hors de propos et distant et cela irait à l'encontre de son objectif. L'erreur que fait le scénariste est la distribution du bien et du mal. Quand vous regardez les personnages individuellement ils sont en fait très bien écrits ils ne sont jamais exagérément bons ou mauvais et ont tous l'impression qu'ils pourraient exister dans le monde que nous connaissons mais quand vous faites un zoom arrière et que vous regardez l'ensemble du tableau vous remarquez que chaque personnages masculin avec plus d'une ligne de dialogue était une sorte d'incompétent (à différents degrés bien sûr comme je l'ai dit l'auteur n'exagère jamais) et que chaque femmes avec plus d'une ligne de dialogue était un ange nourricier (encore une fois à différents degrés). Il devrait être réaliste et il l'est jusqu'à ce qu'il ne le soit plus jusqu'à ce que vous réalisiez que vous n'avez pas vu un homme décent ou une femme méchante pendant une heure et quarante minutes...
    L'AlsacienParisien
    L'AlsacienParisien

    637 abonnés 1 403 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 30 août 2020
    Eliza Hittman signe toujours des portraits réalistes, des parenthèses de vie qui n'ont l'air de rien mais qui bouleverse une existence. Après "Beach Rats", qui retraçait la vie contradictoire d'un jeune homme à la recherche de ses désirs profonds, la réalisatrice se lance dans une approche frontale et remuante sur le thème de l'avortement. Ici, pas de pathos, pas d'effets, pas de récit labyrinthique, pas de morale ni d'interprétations écrasantes, juste un regard honnête sur une histoire rare mais néanmoins importante. Loin de toutes polémiques et de tous tabous, "Never Rarely Sometimes Always" suit le calvaire d'une adolescente enceinte, qui prend l'initiative de quitter sa campagne pour rejoindre New-York en compagnie de sa meilleure amie pour y avorter en toute sécurité. Galère d'argent et de moyens ainsi que la peur du regard des autres les obligent à se débrouiller sans aucune aide ni autorité parentale. Aucun flash-back nous est proposé pour nous éclairer sur son passé et aucune réponse ne nous sera apportée dans le présent. C'est clairement le genre de film où le spectateur devient le confident d'un acte caché et se raconte sa propre histoire. Parfois, les scènes de contemplation, sans dialogues, s'enchainent mais ces longueurs sont rattrapées par des scènes fortes, où l'émotion se fraye un chemin jusqu'à déborder en larmes. Tout en pudeur, ce film sans prétention ne force jamais le trait de la tragédie, et ne juge jamais le passage à l'acte de son personnage. On en déduit une histoire de corporalité, de féminité, d'avenir, d'égalité, d'émancipation, de liberté et d'injustice. En ne se penchant que sur deux jours d'une vie, la réalisatrice raconte énormément, et toute cette fluidité des émotions ne serait rien sans la déconcertante présence de Sidney Flanigan. Une belle surprise !
    Acidus
    Acidus

    736 abonnés 3 720 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 26 octobre 2022
    A l'heure où l'interdiction de l'avortement s'étend de plus en plus aux États-Unis, la cinéaste Eliza Hittman s'attaque au sujet dans son film "Never Rarely Sometimes Always" à travers la grosses non désirée d'une jeune adolescente. Sujet sensible et intéressant, traité sobrement bien que de manière prévisible et un brin manichéen (sur le rapport avec les hommes).


    Histoire linéaire et bien trop froide émotionnellement malgré ce qu'elle porte. Dommage car cette aventure féminine et féministe avait du potentiel; un potentiel que l'on effleure avec cette ambiance nocturne new-yorkaise et la complicité intéressante entre les deux cousines.


    Pas mal mais sans plus.
    Hotinhere
    Hotinhere

    570 abonnés 4 995 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 20 janvier 2022
    Une chronique sensible et cruelle qui évoque de manière quasi-documentaire, avec quelques longueurs, l’avortement d’une adolescente de 17 ans, interprétée par la touchante Sydney Flanigan.
    3,25
    Jonathan P
    Jonathan P

    69 abonnés 395 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 11 janvier 2021
    Au plus près des personnages et sans voyeurisme, brillant dans le fond comme dans la forme. Voilà un road-trip vers New-York très touchant. L'interprétation de Sidney Flanigan et Talia Ryder est absolument magnifique. Le film retient sa souffrance son émotion et sa colère, mais la laisse sortir par des silences des regards où par le simple toucher. Très beau travail d'hélène Louvart à la photographie. Boulevardducinema.com
    VOSTTL
    VOSTTL

    100 abonnés 1 955 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 17 mars 2023
    Quatre mots anglais qui correspondent à un questionnaire.
    Il suffit de répondre soit par «Jamais » (Never) - « Rarement » (Rarely) - « Parfois » (Sometimes) - « Toujours » « Always) ; par exemple à la question « Votre partenaire se montre-t-il violent ? » ; « Avez-vous des relations sexuelles forcées ? »

    Autumn fragilisée déjà par sa démarche d’avorter coûte que coûte ne dit mot dès qu’il s’agit d’évoquer son dernier partenaire et ce pourquoi elle est enceinte.
    Autumn (Sidney Flanigan ) est une ado qui parle peu, qui se révèle peu, par contre elle est déterminée à agir seule.
    Pas vraiment, elle est accompagnée par sa cousine tout aussi économe de paroles, Skylar (Talia Ryder).

    On ne sait pas grand-chose de ces deux ados, ce n’est pas le plus important selon le point de vue d’Eliza Hittman, la réalisatrice. Ce qui doit préoccuper le spectateur c’est ce périple qu’entreprennent les deux ados pour rejoindre un centre de planning familial situé à New York.
    Autumn habite dans un patelin de Philadelphie. Elle s’est prise en charge, pour elle, il n’est pas question d’en parler à sa mère, encore moins à son beau-père qu’elle ne semble pas apprécier.
    Seulement, le planning familial de sa petite ville lui fait bien sentir qu’avorter n’est pas acceptable.
    Autumn pourrait dépasser cette hostilité puisqu’elle est dans son droit depuis la légalisation de l’avortement en 1973. Toutefois, étant mineure, il lui faut l’accord de ses parents.
    Et ça, ce n’est pas du tout dans les plans d’Autumn.
    Donc, avec l’aide de Skylar, Autumn rejoint New York en bus.

    C’est la méga ville.
    Il ne suffit pas de rentrer et se faire avorter en 24h, elle doit respecter un protocole de deux jours. Ce qui n’arrange pas les deux filles qui n’ont pas d’argent pour séjourner dans un hôtel.

    Le film est évidemment intéressant à plusieurs titres, le premier : la difficulté d’avorter alors que c’est légal depuis 1973 !
    Eliza Hittman nous informe qu’il y a toujours des plannings réticents.
    A New York, ville de tous les possibles, Autumn peut avorter sans jugement sans culpabilité.
    La réalisatrice nous fait deviner la cité en serrant les visages mutiques des deux ados. On ne voit pas un New York aéré, déployé, comme on a l’habitude de le voir. Les plans serrés sur les personnages apportent un sentiment d’étouffement, de crainte, de prudence car les filles n’ayant pas les moyens de se loger à l’hôtel, doivent occuper leur temps à veiller dans les couloirs, les salles ou les rames d’un métro entre autres.
    Ce n’est pas un New York touristique et pour cause, Autumn et Skylar ne sont pas venues en touristes.
    La réalisatrice colle au plus de ses deux personnages qui se comprennent souvent sans prononcer le moindre mot ; le spectateur est là à attendre, à patienter, à craindre pour elles.
    Arrive ce questionnaire qui donne son titre à un récit poignant et qui suscite l’indignation.
    Oui indigné de savoir que l’on conteste encore aux femmes le droit d’avorter, alors que c’est légal !
    De les contraindre à entreprendre de longs trajets, loin de leur habitat, pour exercer ce droit.
    De les mettre en danger et de persister à disposer de leur corps.

    Le film s’inscrivait dans une Amérique (2020) qui a légalisé l’avortement, malheureusement ce droit gagné est bafoué par quelques soignants qui agissent à leur guise.
    Aujourd’hui, il n’est plus question de bafouer ce droit, c’est en toute légitimité que ce droit n’existe plus selon certains états !!!
    « Never Rarely Sometimes Always » n’est plus d’actualité !!!
    Ce film appartient à un autre temps… béni !
    Que c’est triste et révoltant !

    « NEVER » comme JAMAIS acquis, JAMAIS lâcher.
    « ALWAYS » comme TOUJOURS se battre.

    A noter : étonné et ravi de découvrir la chanteuse Sharon Van Etten dans ce film dont « All I Can » issu de son album « Tramp » (2012) me rend délicieusement mélancolique.
    C’est un autre débat.

    A voir en V.O si possible…
    Fodscraft
    Fodscraft

    23 abonnés 61 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 14 décembre 2021
    Never rarely sometimes always, ce sont les réponses possibles à un QCM que devra remplir Autumn, jeune fille à la grossesse non désirée, dans sa recherche de solution. Pour pouvoir avorter, elle part à New-York.
    Autumn est forte, elle est épaulée par sa cousine Skylar à l'indéfectible loyauté, toutes deux interprétées par d'excellentes jeunes actrices. Même si elles n'échangent que peu de phrases, elles sont unies dans ce combat de femme. Les hommes n'ont d'ailleurs pas le beau rôle : profiteurs, accusateurs, pervers, violeurs.
    Les silences et les non-dits sont nombreux et participent à l'installation d'une tension pendant le périple, on finit par craindre pour les jeunes filles.
    Le scénario dénonce ce droit à l'avortement, qui n'est pas le même dans tous les États-Unis, voire inexistant et remis en cause régulièrement.
    Fabien S.
    Fabien S.

    562 abonnés 4 150 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 mars 2023
    Un très beau drame américain tourné en Pennsylvanie avec Sydney Flanigan , Talia Ryder , Théodore Pellerin et Ryan Eggold.
    elriad
    elriad

    440 abonnés 1 869 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 novembre 2020
    A la limite du docu-fiction, exempt de tout pathos, ce film taiseux mais qui en dit tellement long sur l'état des lieux du droit d'avortement de moins en moins lisible aux États-Unis est d'une justesse touchante. Les deux jeunes actrices avec qui le spectateur est en totale immersion y sont pour beaucoup, perdues au milieu de cette grande pomme qu'est New-York. Abordant aussi les disparités entre états ruraux et grandes villes, ce très joli film intimiste réussit son pari malgré un parti-pris austère et une image volontairement granuleuse. Une belle réussite.
    Cinememories
    Cinememories

    487 abonnés 1 466 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 4 septembre 2020
    Eliza Hittman est une femme qui prend le temps de regarder ses sujets dans les yeux, jusque dans les sentiments profonds d’une adolescence qui cultive un certain mal-être. Elle l’a déjà fait avec « It Felt like love » et « Beach Rats », en présentant des jeunes qui se renferment dans le fantasme ou qui abandonnent leur libre-arbitre. Ici, elle soulève un point de vue exclusivement féminin, en l’accompagnant de conséquences amorales et pourtant bien réelles. La cruauté se conjugue au masculin, aucune pitié pour ces derniers, qu’ils soient identifiés dans une tranche d’âge ou d’une certaine classe sociale, ils iront tous dans le même panier afin de mieux servir ce road-trip intimiste et poignant.

    L’Amérique a la masculinité toxique, bien que l’on ne puisse pas la généraliser ou encore l’extrapoler à d’autres territoires. Mais il n’y aura nul besoin de développer davantage ce filon, dès lors que la justesse prend forme autour du corps de la femme. Un premier arrêt sur le patriarcat, qui martèle sans cesse la gent féminine, leurs valeurs et leur corps. Plus rien ne leur appartient, pas même l’embryon à l’arrivée impromptu et dont Autumn hérite avec stupéfaction. Pour l’incarner et pour partager le fardeau de la protagoniste, la chanteuse Sidney Flanigan et sa non-binarité correspondent au profil souhaité, celle d’une femme qui ne peut gagner tous ses duels du regard ou sur la scène de New York, aussi impitoyable qu’imprévisible. Pour un premier rôle, il y a de la place pour de l’émotion crue, celle qui ne prend pas de détour et qui va droit au but. Et c’est en compagnie de la loyale cousine Skylar (Talia Ryder) qu’on renforce le lien féminin et sa position dans un monde d’hommes et d’adultes.

    Toutes deux s’investissent dans une croisade à sens unique, convoitant l’IVG (Interruption volontaire de grossesse) comme le Graal symbolisant l’ultime pouvoir qui leur reste. Pour Autumn, le conflit intérieur prend le dessus sur son environnement et les dialogues sont limités à des professionnels médicaux. Elle se définit ainsi à travers une gestuelle plus bavarde que jamais et qui hurle au désespoir, à la trahison et de douleur. Ce silence est partagé avec sa partenaire de voyage, qui sème le charme malgré elle et qui révèle les complexités du parcours, portrait d’une nation qui restreint les droits d’une femme. Mais la place des hommes n’est sans doute pas assez nuancée pour rendre toute la légitimité et la noblesse à la quête. Malgré tout, les maladresses s’effacent derrière la mise en scène et une narration d’une justesse émouvante, jusque dans les derniers instants, mettant en relief la signification du titre et l’extrême violence qui en découle. Par ailleurs, on se permet de ne pas l’illustrer, on préfèrera la suggérer, sage décision.

    Ainsi, le film ne fait pas dans la fantasmagorie, il nous harponne à la réalité sans concessions, sans ressources supplémentaires. Il n’y a que deux filles qui avancent avec une incertitude permanente et une liberté qu’on leur ampute quasiment d’office. « Never Rarely Sometimes Always » répond déjà aux enjeux d’une société instable et qui ne justifie plus ses écarts de conduite ou les responsabilités de chacun. Ici, l’efficacité du récit souligne avec authenticité des problématiques d’actualités et qui rongent encore le cœur de victimes qui ne peuvent plus fuir ou confronter la hiérarchie. Elles se contentent de survivre en sauvegardant le peu d’esprit et de corps qu’on ne leur a pas déjà piétiné ou volé.
    VeganForAnimalRights
    VeganForAnimalRights

    134 abonnés 216 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 décembre 2020
    La réalisatrice, née dans les années 1970, filme à dessein son héroïne comme une jeune fille des années 1990. Et pour cause : rien n'a changé ou si peu. Aujourd'hui comme hier, les jeunes filles souffrent des mêmes violences sexuelles, de la même difficulté d'accès à l'avortement, de la même culpabilisation par la société.
    Tout ce qui a changé, ce sont les pratiques sexuelles héritées de la pornographie omniprésente que les garçons leur imposent. A l'une des questions que lui pose la médecin avant l'avortement, relatives aux pratiques sexuelles subies (et avant la question finale sur de possibles agressions sexuelles), l'héroïne répond qu'elle (qu'on lui) a tout fait : pénétration vaginale, orale, anale.

    Triste monde où le patriarcat continue envers et contre tout d'édicter ses lois.
    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    704 abonnés 3 055 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 4 novembre 2020
    Never Rarely Sometimes Always est une marche régie par la quête balbutiante et incertaine d’une féminité, d’un droit à la féminité et à la vie de femme qui passe, de façon apparemment paradoxale, par la mise à mort de l’embryon. Il faut rompre avec l’incarnation de l’abus et de l’oppression qui grossit et se développe jour après jour, qui résiste aux comprimés et aux coups ; mais cette rupture s’opère par étapes, Autumn louvoyant sans cesse entre deux rives qui l’attirent et la rebutent. Son prénom, d’ailleurs, porte en lui l’état transitionnel qui caractérise l’existence du personnage : une saison prise en étau entre la chaleur et le froid, la vie et la mort. Tout, dans cet environnement urbain étranger, apparaît comme un obstacle opposé à l’émancipation des deux femmes, de la manifestation religieuse organisée devant le centre médical à ce jeune homme rencontré dans le bus qui troque le billet de retour – ainsi que ses frites et son ketchup – contre caresses et baisers. Le corps est objet de marchandage : il passe sous des détecteurs, il titube et se casse sous le poids de la valise porté dans les escaliers du métro, il est sondé de l’intérieur à plusieurs reprises, on dévoile sa libido aussitôt exhibée aussitôt schématisée, enfermée dans l’une des quatre cases qui donnent son nom au long métrage. La marche vers la liberté est ainsi donnée à voir et à vivre par le prisme du corps, un corps sans artifice, brut, privé de sommeil, de soleil et de joie, contraint de se laver « comme les prostituées » – soit aisselles et pubis – dans les toilettes publiques. Les lieux traversés par Autumn et Skylar participent de cette dégradation de la femme : un bowling, un fast-food, la salle d’attente d’une gare ou d’une clinique, un bus ; des lieux de passage marqués par leur impersonnalité et l’engloutissement de l’individu dans une masse anonyme. Never Rarely Sometimes Always prend l’aspect d’une chaîne de solidarités féminines superbe, faite de mains tenues, d’une odyssée infernale qui voit sa fin repoussée encore et encore jusqu’à l’éreintement ; elle diffuse un féminisme d’autant plus intelligent qu’il n’est jamais plaqué : son expression découle naturellement des situations mises en scène, s’insèrent au sein du quotidien dans toute leur banalité révoltante et écœurante. Fort de deux actrices lumineuses, Sidney Flanigan et Talia Ryder, le film d’Eliza Hittman est une œuvre importante pour la représentation des femmes au cinéma, une œuvre qui prend aux tripes et offre le témoignage bouleversant d’une maternité subie et d’une libération gagnée après moult épreuves.
    GIJoe
    GIJoe

    107 abonnés 582 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 15 novembre 2020
    Film sobre, avec peu de moyens, caméra à l'épaule. Il retrace avec effroi l'état d'esprit étriqué des habitants des petites bourgades au sein desquelles l'avortement est tabou ou fortement réprouvé par les grenouilles de bénitier. Le parcours du combattant des jeunes filles désœuvrées à la sexualité erratique et souhaitant avorter nous laisse perplexes au vu des résistances rencontrées tout au long du processus de la part des gens et même des institutions.
    Marc L.
    Marc L.

    46 abonnés 1 607 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 19 avril 2021
    Reprenant la formulation des points du questionnaire qui leur est destiné, le film d’Eliza Hittman expose le chemin de croix des jeunes américaines qui font le choix d’avorter. Dans la plupart des Etats, cette décision est soumise à l’approbation parentale pour les mineures et pour peu que la famille soit en désaccord sur la question, il est parfois nécessaire aux filles concernées de parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour trouver un endroit acceptant de réaliser l’opération dans le respect de leur liberté de choix (à peu de choses près, ce n’est possible qu’ en Californie et à New York). D’autre part, ce qui tient lieu de planning familial aux Etats-unis est parfois financé par des organismes privés d’obédience religieuse, dont l‘objectif est de dissuader autant que possible les femmes de recourir à cette solution. ‘Never rarely sometimes always’ ayant fait le choix de l'hyperréalisme documentaire, il tient son pari jusqu’au bout sans jamais se sentir obligé de sacrifier aux règles de la fiction : Autumn et Skylar parleront peu tout au long de ce périple vers New York et une possible issue à la situation de la première. Dès lors, les dialogues sont réduits à la portion congrue et d’une banalité à toute épreuve et ce sont les regards et les expressions qui en diront le plus long sur une situation évidemment éprouvante, mais également sur la lassitude extrême des deux jeunes femmes vis-à-vis de tous ces petits actes et ces attitudes qui témoignent de l’emprise du patriarcat sur le quotidien des femmes.. Fort marqué par les tics des réalisations promises à un bel avenir “Sundancien”, ‘Never rarely sometimes always’ reste néanmoins d’utilité publique, et rappelle que le combat pour la liberté de choix est encore loin d’être une réalité partout en Occident, ni dans la loi ni dans les faits.
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