« Pleasure » est un film où Ninja Thyberg se garde bien de juger l’univers pornographique et sans plonger dans le misérabilisme.
Ici, il n’est nulle question d’une jeune femme forcée, contrainte, sous l’emprise d’hommes malveillants.
Bella veut faire du porno. C’est son choix.
Au commencement, elle rejoint le cinéma porno avec humilité, selon son rythme avec ses propres limites. Seulement Bella est ambitieuse, Bella veut briller comme Ava (Evelyn Claire) qui appartient à une grosse écurie : Mark Spielgler, himself.
Et oui, la réalisatrice inscrit son récit et son personnage dans la réalité avec Mark Spielgler, acteur porno.
Pour accéder au panthéon du porno, Bella abandonne le cinéma porno pour l’industrie pornographique. Elle doit repousser ses propres limites, encaisser des scènes hard voire traumatisantes pour séduire Mark Spielgler.
Au bout du compte, l’univers pornographique décrit par Ninja Thyberg s’avère peu reluisant.
Il y avait quelque chose de rassurant dans les débuts de Bella, mais à travers l’ambition de Bella, on s’aperçoit que l’industrie porno a des dents de requin.
Sans blagues !
Instructif dans la mesure où on découvre lors d’un entretien préalable que les actrices - (selon les maisons de production ?) - sont soumises à la question de confiance ; qu’elles sont pratiquement protégées, et qu’elles ont surtout le pouvoir de dire « Stop ».
Or, il s’avère que pouvoir dire « Stop » est une chose, respecter la requête est autre chose.
En effet, la production accepte le protocole le temps de consoler l’actrice, de l’encourager, de la manipuler.
Ce n’est rien d’autre que de la manipulation dans la mesure où le discours qui suit est de lui signifier qu’elle n’est pas à la hauteur en tant qu’actrice. Bref, dire « Stop » c’est donner une image d’amatrice, c’est trahir la confiance mise en elle, c’est planter ses partenaires et surtout sa production, c’est être responsable des engagements financiers.
Comment se faire respecter ? Comment réellement appliquer ce « Stop » ?
Ce « Stop » n’est rien d’autre qu’un leurre, une injonction rassurante mais inapplicable !
En soi, l'actrice n'a pas le choix !
Au commencement, Bella est blonde, naïve mais déterminée.
Quand elle rencontre Ava, celle-ci est brune et vêtue de noir ; son allure est fière, froide, distante. Disons inaccessible.
La star !
Aux yeux de Bella, Ava représente la réussite. Elle est son modèle.
Dans la limousine qui les amène à une soirée (?), les deux femmes sont assises côte à côte. Elles ne se parlent pas. Un peu avant, le tournage a été houleux ;
se sentant humiliée par Ava, Bella va se venger au cours d’une scène brutale qu’elle va jouer avec un certain plaisir.
Bella, désolée, est vêtue de noir alors qu’Ava est vêtue de blanc.
A travers ce plan, Ninja Thyberg aurait-elle employé le code du bien et du mal ?
Ou peut-on interpréter que Bella ait basculé dans le côté obscur ?
En tout cas, ce que je pressentais avec évidence, la scène finale ne pouvait que se terminer soudainement.
En sortant inopinément de la limousine, Bella semble mettre un terme à son ambition laquelle lui paraît contraire à ses rêves.
Je saluerai la prestation de Sofia Kappel et la direction de Ninja Thyberg qui a su amener la susnommée Sofia Kappel à incarner Bella avec conviction et audace.