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    Madre
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    3,3
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    Jen H.
    Jen H.

    33 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 6 août 2020
    Film très touchant, avec une magnifique complexité des différents personnages.
    Marta Nieto joue merveilleusement bien.
    QuelquesFilms.fr
    QuelquesFilms.fr

    276 abonnés 1 651 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 6 août 2020
    Malgré un bon plan-séquence, le début du film pose un argument de thriller assez basique et "facile", au sens où il est facile d'émouvoir avec la disparition d'un enfant vécue par une mère impuissante. La suite est heureusement plus complexe et troublante, même si l'on est en terrain connu : deuil et reconstruction impossibles, illusion et obsession autour d'un fils de substitution… Là où le film trouve son originalité et sa force, c'est dans la confusion des sentiments qui se déploie entre Elena, la mère, et Jean, cet ado rencontré sur la plage. Quelque chose d'aussi trouble qu'une atmosphère de bord de mer chargée d'embruns. Un élan d'instinct maternel face au désir et à la compassion, une attraction réciproque avec un transfert consenti. Tout cela est traité avec un délicat sens de l'ambiguïté et une tension permanente, pour une réussite funambule qui doit beaucoup au talent de l'actrice Marta Nieto dans un registre borderline et à la qualité de la mise en scène. Le reste du casting (Jules Porier, Alex Brendemühl, Anne Consigny, Frédéric Pierrot) est très bon. Petit bémol concernant le scénario, développé à partir d'un court-métrage du même réalisateur, qui est probablement un peu tiré en longueur sur un enjeu dramatique unique, et qui aurait pu avoir d'autres ramifications. Ce drame intimiste n'en demeure pas moins très prenant, dans la lignée efficace des précédents thrillers de Sorogoyen (Que Dios nos perdone, El Reino).
    Corbett
    Corbett

    34 abonnés 109 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 6 août 2020
    Thriller intimiste bouleversant et palpitant.
    J'y allais un peu à reculons, de peur d'être déçu après les chefs d'œuvre que sont El Reino et Que Dioz Perdone, peur que Sorogoyen se perde dans un nouveau genre . Mais en fait grosse claque, film incroyable, on retrouve son style flamboyant et haletant. Allez hop j'y retourne !
    velocio
    velocio

    1 334 abonnés 3 171 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 août 2020
    Les 15 premières minutes de ce film sont extraordinaires ne serait-ce que par la tension qu'elles dégagent ! Et, pourtant, il ne s'agit pratiquement que d'un seul long plan séquence, un plan séquence d'une grande simplicité dans ce qu'il raconte et dans la façon dont il est filmé : une mère qui reçoit un coup de téléphone de son fils de 6 ans qui lui dit que son père est parti il y a déjà pas mal de temps, qu'il n'est pas revenu, qu'il est seul sur une plage du sud-ouest de la France dont il est incapable de dire où elle se trouve précisément. Seul, sauf qu'un homme est en train de venir vers lui et le téléphone tombe en panne de batterie. Angoisse ! De la mère, de la grand-mère, qui assiste à la scène, et du spectateur. Il s'agit là de la reprise d'un court métrage réalisé en 2017 par Rodrigo Sorogoyen et qui a été couvert de prix dans les nombreux festivals qui l'ont accueilli. Le réalisateur a souhaité réaliser un long métrage reprenant cette scène et la prolongeant, non pas en nous racontant ce qui s'est passé tout de suite après, mais en nous entrainant 10 années plus tard, avec une mère, toujours chamboulée par la disparition de son fils, qui s'est établie dans la région où son fils a disparu et qui rencontre sur la plage un adolescent de l'âge qu'aurait son fils et qui, en plus, a des points communs avec lui. Pas question de divulgâcher ce qui va se passer entre eux ! Par contre, il y a un problème récurrent avec Rodrigo Sorogoyen : regardez la longueur de ses 3 derniers longs métrages, "Que dios nos perdone", 2 heures et 6 minutes, "El Reino", 2 heures et 11 minutes, "Madre", 2 heures et 9 minutes. Certes, "Madre" est largement supérieur à "Que dios .." et à "El Reino", 2 films dans lesquels il était difficile, voire impossible, de comprendre quelque chose. Certes il y a dans le prolongement du court métrage un certain nombre de scènes presque aussi fortes que la scène d'ouverture, mais il y a aussi un peu trop de remplissage, de scènes inutiles qui nuisent au jugement qu'on porte sur ce film et qui aurait dû, qui aurait pu, n'être que louangeur. Il y a aussi certaines incohérences, quelques scènes qui apparaissent peu crédibles. Cela, en fait, est recherché par le réalisateur et sa coscénariste : "Toutes nos histoires naissent toujours, et je dis bien toujours, de l’incompréhension du comportement d’un (ou de plusieurs) personnage/être humain". Puisque vous le dites .... Sinon, la mise en scène est vraiment top, l'interprétation également ainsi que la photographie. A noter que, dans ce film espagnol, la grande majorité des dialogues sont en français, ce qui pose d'ailleurs, parfois, un petit problème : ce que dit Marta Nieto, l'interprète de la mère (par ailleurs excellente) quand elle s'exprime en français , n'est pas toujours bien compréhensible et, bien sûr, ce n'est pas sous-titré.
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 368 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 août 2020
    De Rodrigo Sorogoyen, jusqu’à présent, je n’avais vu qu’un seul film : c’était « El Reino », sorti l’an dernier.
    « El Reino » pour moi c’était certes maitrisé, mais c’était quand même beaucoup d’esbroufe pour cacher au final le fait que, dans ce film, l’auteur n’avait pas grand-chose à dire.
    Or, étonnamment, c’est à mon sens tout l’inverse qui s’est produit avec ce « Madre ».
    …Et j’ai beaucoup aimé ça.

    Les premières minutes du film rappellent pourtant qu’il s’agit bien du réalisateur de « El Reino » qui est aux commandes.
    L’intrigue se lance tout de suite. La tension monte rapidement et habilement. Le cadre, bien que très dynamique (sûrement trop d’ailleurs) ne se cale jamais hasardeusement.
    C’est maitrisé. C’est nerveux. C’est efficace.
    Seulement, telle l’annonce du virage qui va être opéré par ce « Madre », des changements formels radicaux sont déjà réalisés : absence de musique, plan séquence, déplacementdélicat du cadre. Quelque-chose de presque invisible.

    D’ailleurs le film abandonne vite son amorce de thriller au profit d’un film plus posé.
    Un lieu va être installé et on n’en bougera plus. Une plage presque infinie sans bordure ni points d’intérêt. Une zone qui, par effet de miroir, appelle presque immédiatement à explorer les âmes à défaut de pouvoir explorer l’espace.
    Là où « El Reino » fonçait dans tous les sens à grands coups de musiques pétaradantes et de cuts à tout va, « Madre » appelle à l’introspection.
    Et j’avoue que c’est sur cet aspect là que Sorogoyen a su capter mon attention : cet art de l’effacement ou plutôt devrais-je dire de la sobriété.

    Car ce serait mentir que de dire qu’on ne ressent pas la patte du plasticien dans ce « Madre ».
    Ce n’est pas parce qu’on joue la carte de la sobriété que le geste de l’auteur est moins évident. C’est ce que m’a d’ailleurs récemment rappelé Claude Sautet avec son « Mauvais fils » : (que j’ai découvert au cours du printemps dernier) : souvent le meilleur moyen de restituer l’émotion des personnages et la suggestion des situations reste encore de faire confiance aux acteurs et à ce que peuvent dire les moments par eux-mêmes.
    Ainsi, « Madre » est tout d’abord un magnifique théâtre où chaque acteur est laissé à son talent. Leur direction est très justement menée : on insiste sur les regards, les petits gestes et les intonations bien plus que sur ce qui se dit textuellement. Au fond, ce qu’il y a à écouter et à comprendre se trouve entre les mots et dans l’électricité qui circule entre chacun des personnages. En cela d’ailleurs, le film est très intelligemment écrit. Tout en suggestion.
    Au fond c’est encore le meilleur moyen de laisser sa place au spectateur pour qu’il puisse ressentir, comprendre et interpréter à sa guise.
    Et moi, un cinéma qui laisse une place au spectateur, c’est un cinéma que j’aime.

    D’ailleurs, cette place laissée au spectateur, elle est à la fois le fait de l’écriture, mais elle est aussi et indéniablement la conséquence d’un véritable sens de l’espace qui transpire à chaque plan.
    Les lieux de rencontres et de discussions sont très souvent vides, parfois baignés dans des contre-jours remarquablement gérés.
    On ressent le poids malgré l’intimisme. On ressent la fragilité et la vulnérabilité de chacun malgré la douceur de l’endroit.
    D’une certaine manière, toute l’horlogerie de ce film, en cherchant à réduire le plus possible les cuts, les mouvements brusques, les musiques, parvient à créer un espace de cinéma dans lequel les personnages ne peuvent qu’être mis à nus. Et cette plage qu’on nous présente du début à la (presque) fin de ce film parvient presque à « incarner » cette démarche à elle toute seule.
    La plage devient ce lieu de mise à nu. Ce lieu froid, stérile et séduisant pourtant.
    Un théâtre siliceux où on ne risque rien parce qu’il n’y a rien. Un théâtre dans lequel on s’abandonne et où on se livre à l’introspection parce qu’il est rassurant à défaut d’être fertile. Un sas avant d’oser retrouver le vivant.
    …Cette forêt effrayante.

    C’est tout cela qui, chez moi, m’a beaucoup fait apprécier ce « Madre ».
    Au fond, à abandonner l’esbroufe au profit de l’introspection, Sorogoyen a su proposer un voyage intérieur qui ne pouvait que s’opérer avec délicatesse.
    Et cette délicatesse – à ma grande surprise – il a su la trouver.
    Il a su explorer ces entrailles à vif de cette humanité matricielle détruite d’en-dedans. Et il a su nous les montrer, sans trop de fard ni de superflu.
    Franchement c’est beau.
    Et moi ça me fait plaisir de retrouver un cinéma comme ça.
    Donc merci señor Rodrigo…
    ffred
    ffred

    1 746 abonnés 4 028 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 4 août 2020
    J'avais adoré les deux précédents films du metteur en scène (Que Dios nos pardone et El reino). Une certaine attente pour celui-là donc. Je n'ai pas été déçu. Il reprend ici l'idée d'un de ses propres court-métrages pour en faire un long (tourné presque entièrement en français). Après un thriller policier et un autre politique, il s'essaie au drame familial beaucoup plus intimiste. Même si la première partie de Madre, angoissante à souhait, nous scotche littéralement. Le tout devient plus calme par la suite, mais reste mystérieux et intriguant. Avec un côté très ambigu qui peut mettre mal à l'aise. L'écriture est toujours aussi nette et précise, la mise en scène toujours aussi solide et rigoureuse et la direction d'acteurs toujours excellente. Marta Nieto (inconnue pour moi) est très convaincante, tout comme le jeune acteur français Jules Porier. Avec également les toujours impeccables Alex Brendemühl, Anne Consigny et Frédéric Pierrot. Pour couronner le tout, les images sont sublimes. Au final, un très beau film sur le deuil et la perte d'un enfant, aussi tragique que lumineux, aussi sombre que sensible. On en ressort troublé et ému. Et une nouvelle magnifique réussite, intense et bouleversante, pour le réalisateur espagnol Rodrigo Sorogoyen.
    Bernard F
    Bernard F

    32 abonnés 72 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 4 août 2020
    Début poignant qui laisse présager d'un film prenant. Et puis le reste s'endort et traîne un peu en longueur. Et puis on ne comprend pas très bien cette relation avec cette adolescent entre relation maternelle et amoureuse. On ne sait pas trop ce qui est arrivé à l'enfant de cette femme (probablement tué par un rôdeur), pourquoi le père l'a abandonné sur cette plage. On a pu penser un moment qu'il était dans l'incapacité de revenir (meurtre, accident?) pour le récupérer mais on le voit réapparaître 10 ans plus tard sans comprendre vraiment son attitude d'alors. C'est un film intéressant mais en gros, on passe son temps à attendre. Un peu comme cette femme.
    CinÉmotion
    CinÉmotion

    189 abonnés 224 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 août 2020
    Qu'est-ce que j'ai adoré ce film !! Un film à personnage, superbement bien mené et écrit.
    Le début est déjà très intéressant en soit et accrocheur, avec une intrigue se déroulant par téléphone avec de l'hors champ tourné tout en plan séquence, et qui s'avère en fait être un court-métrage ayant permis de donner vie à ce long-métrage qui n'est que sa suite...
    On se demande donc dés le début vers quoi le film va tendre, puisqu'il débute façon thriller/policier. Va-t-on assister à la quête de la mère pour tenter de résoudre l'affaire afin d'apaiser son âme et de se reconstruire ? Ou de sa vengeance et de sa quête solitaire envers le père irresponsable ou la fameuse "voix" du suspect ? Rien de cela. Le film nous embarque avec surprise dans le développement d'une relation ambigüe entre la mère et un jeune de 16 ans, à travers qui elle voit revivre son fils. C'est intéressant la façon dont cela est amené, car on peut nous laisser penser au départ qu'elle voit en lui son vrai fils, avec une supposée retrouvaille, où il aurait refait sa vie auprès d'une autre famille car en réalité aucun élément n'est donné sur l'enquête et sur un éventuel corps qui aurait été retrouvé etc, donc cette idée pouvait paraître possible à première vue. Puis finalement, des éléments sont distillés au compte goutte pour que l'on comprenne qu'elle projette seulement l'image de son fils disparu à travers Jean, du même âge et qu'on va donc davantage avoir affaire à une intrigue autour d'un développement psychologique très intéressant de la mère ! Donc déjà cette mise en place multi-porte de l'intrigue avec une ouverture progressive dans la définition précise de l'enjeu principal du film, est pour moi brillante !
    Ensuite je suis absolument fan de ce genre de développement psychologique, poussée à l'extrême avec ces différentes strates et degrés de compréhension à mesure qu'avance le film. Et là encore, plus le film avance, plus on est nous même baladé en tant que spectateur sur la vrai caractérisation d'Elena, face à sa difficile reconstruction psychologique. Car l'intrigue laisse aussi planer le doute si oui ou non elle allait emprunter le chemin de la folie pure et simple sans retour possible, ou s'il s'agit simplement d'une instabilité psychologique liée au traumatisme, incluant une part de lucidité et de questionnement suffisant qui permet de lisser l'enjeu dramatique et donc de renforcer la relation entre la mère et le jeune Jean (qui parait comme impossible à priori) vers quelque chose de tangible et même "acceptable" pour le spectateur.
    Sans parler de l'idée incestueuse qui fait partie intégrante du conflit intérieure d'Elena, et appuyée par les personnages secondaires (son mari actuel notamment) qui tente de faire opposition. Autant d'éléments intégrés au développement de l'intrigue et du personnage qui m'a tenu en haleine sans aucun temps morts !
    J'ai adoré la mise en scène de Rodrigo Sorogoyen, le réalisateur, qui laisse le temps à l'intrigue de s'installer, et d'ensuite de la filmer avec de nombreux plans séquences permettant de nous plonger au plus proche de cette relation interdite, au plus proche du réel et de la temporalité de la construction cette relation. Et que dire de la prestation sublime et incroyable d'intensité de Marta Nieto (Elena) et Jules Porier (Jean), jeune acteur que j'avais découvert et déjà beaucoup aimé dans Marvin ou la belle éducation, ou plus récemment dans Play. Le seul bémol que je mettrais c'est quelques problèmes de compréhension sur certaines répliques de l'un ou de l'autre, par moments, que ce soit à cause de la diction/articulation et/ou de l'accent prononcé, il fallait avoir une oreille attentive sur certaine scène pour être sûr de bien comprendre certains mots. Mais cela n'efface en rien le plaisir immense que j'ai eu à regarder ce film, et des émotions qui s'en est dégagées.
    Il peut aussi y avoir débat et réflexion sur le parti pris à la fin du film... mais je l'ai trouvé personnellement bien pensée, permettant de clore la trajectoire des 2 personnages, tout en laissant un espoir dans leur relation future, mais aussi de la reconstruction à présent possible d'Elena. C'est l'autre côté brillant du scénario pour moi, avoir réussi une fin permettant à la fois une résolution et une ouverture. C'est vraiment donc pour moi un film d'une très grande maîtrise à tous les niveaux, dont le résultat est en grande partie dû au travail scénaristique d'une qualité indéniable qui a été fait dans le développement du personnage principal. Magnifique !
    Poulet fr
    Poulet fr

    4 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 2 août 2020
    Le film est bien mais il y a trop de doute qui reste Jean est-il sont fils, qu'est d'il devenue de son fils d'il y a 10ans ??? sinon le film reste intéressant et captivant
    Joyeux
    Joyeux

    105 abonnés 99 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 1 août 2020
    A travers le regard de cette femme au destin particulier, on vit les doutes et les contradictions d'une aventure singulière. Cadre, plans séquence maîtrisés à la perfection, jeu d'acteur, tout est juste et tout est beau. Un film d'une très grande puissance.
    Jean-luc G
    Jean-luc G

    70 abonnés 785 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 août 2020
    Avec un pitch de départ dramatique – la perte inexpliquée d’un enfant-, le film de Sorogoyen aurait pu se fracasser dans l’écume de la renaissance miraculeuse ou s’aventurer dans des terres bien plus scabreuses. Fort heureusement, le jeune metteur en scène espagnol nous embarque avec Madre dans une introspection d’une délicatesse inattendue et ouverte sur tous les possibles.

    Nous, spectateurs, n’en savons pas plus que Elena, alors, perdus comme elle, nous avançons pas à pas, minés par émotions qui traversent cette mère, déchirée entre le remords, le désir de vengeance, son déni de la vie sociale et de l’amour pour les autres.

    La réussite de Madre vient de l’équilibre général des choix du réalisateur: un scénario ouvert qui ne vous donnera pas toutes les réponses, une mise en scène d’une maîtrise hors pair, avec de longs plans séquences marquant les grandes étapes du retour à la vie sociale de Elena, une musique discrète dans un film qui prend son temps, et surtout une actrice Marta Nieto d’une sensibilité prodigieuse (que la caméra grand angle capte avec bienveillance).

    La mer landaise filmée en scope est dangereusement belle, et souligne les ambiguïtés avec lesquelles Elena se confronte à son corps défendant. Les pistes de lectures sont multiples, et certains d’entre vous penseront peut-être à Malle, Cayatte ou Ozon. N’en disons pas plus, et courrez vous faire votre propre opinion.
    Cinéma juillet 2020
    SebLefr3nch
    SebLefr3nch

    194 abonnés 687 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 août 2020
    Rodriguo Sorogoyen revient avec un drame extrêmement maitrisé. "Madre", le court-métrage qui l'a fait connaître, ouvre le film avec un plan-séquence qui marque dès le départ, aussi bien par sa maîtrise, par son actrice et par le style. Le film suit cette ligne directrice et nous subjugué par la beauté de ces ballets, par l'interprétation des acteurs, les images splendides, rappelant par moment "Roma". L'histoire est très prenante. Cette mère qui ne fait pas le deuil de son enfant et, 10 ans plus tard, pense le reconnaître dans un adolescent qui s'amourache d'elle. C'est intriguant et parfois dérangeant ... En l'espace de deux films Rodriguo Sorogoyen s'impose dans les cinéastes à suivre.
    Yves S
    Yves S

    13 abonnés 35 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 1 août 2020
    Le problème c'est que lorsque la mère espagnole parle en français, on ne comprend rien à ce qu'elle dit en l'absence de sous-titres...à cause de son accent. On se demande même si elle parle bien français.
    Sinon, avec de bonnes intentions, le film est trop décousu avec des scènes sans intérêt pour l'intrigue telles que celle où l'héroïne complètement ivre se retrouve embarquée dans la voiture de jeunes gens qui veulent faire la fête et qui veut s'échapper de la voiture malgré l'insistance de ces jeunes (j'ai cru un moment que ça allait se terminer par un viol en réunion). Très mal à l'aise également lorsque l'héroïne s'introduit de façon bruyante dans la maison du jeune de 16 ans et se fait rabrouer violemment par les parents de celui-ci et qui ne comprennent pas son insistance à courir après leur adolescent. Il aurait plus simple que la mère épleurée raconte son histoire à la mère de cet adolescent comme elle lui a proposé à un moment mais non c'est dans le caractère et sa souffrance que l'espagnole préfère se fermer et se taire. Film finalement assez pénible
    luclem1998
    luclem1998

    2 abonnés 3 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 août 2020
    Rodrigo Sorogoyen m'avait habitué à des polars nerveux réussis (Que dios nos perdone, El Reino) si bien que l'annonce de la sortie de ce film m'a quelque peu surpris. Heureusement, à l'arrivée, la qualité est toujours de mise et je me demande même si ce n'est pas mon film préféré de ce cinéaste. Le film est clairement construit autour de deux plans séquences remarquables faits de bruit, de fureur et où on retrouve la nervosité de la mise en scène du réalisateur. Le premier plan séquence introduit le film et se situe tout bêtement dans un appartement. Cette scène d'introduction dure une dizaine de minutes et suit une mère marcher dans son appartement avec son fils au téléphone. Sorogoyen laisse en hors champ le drame qui se produit et convoque l'imagination de l'héroïne et du spectateur pour comprendre ce qui se déroule à l'autre bout du fil. La tension grimpe par phases de manière brusque, le réalisateur jouant diablement bien avec le son et captant l'errance de cette mère éprise de hantise et d'espoir. L'horreur de ce qui se passe hors de l'image donne des frissons assez sensationnels et fait verser quelques larmes lors du dénouement terrible de la scène. Sorogoyen réutilise sa mise en scène énervée et opte pour un long plan séquence lors d'une scène de dîner où Elena s'invite, pensant que le jeune adolescent épris d'elle est en danger. Cette scène témoigne de tout le tragique du film, ici représenté par la tension et la violence sourdes puis audibles des sentiments. La peur de perdre à nouveau un enfant qui lui est cher, de ne pas arriver à temps, que le fil du téléphone coupe de nouveau et que l'atroce se produise, est si prégnante qu'elle se communique littéralement au spectateur.

    Sorogoyen filme donc sur le mode home invasion une scène de thriller qui met à bout de souffle les personnages et le spectateur et qui repose sur l’ambiguïté générale du long métrage. En effet, Sorogoyen peut se vanter de signer un film terriblement ambigu sur de nombreux points. Tout d'abord, le personnage d'Elena apparaît dix ans plus tard sur la plage comme un personnage perturbé, qui suit un jeune adolescent jusqu'à chez lui, l'épie, ira même jusqu'à pénétrer dans la maison sans y être conviée. Cette invasion de la vie privée d'un inconnu, le réalisateur laisse le spectateur juger si cela est immoral ou non car, dans l'autre sens, le jeune Jean va clairement draguer cette femme plus âgée qui pourrait être sa mère. Le comportement des deux protagonistes est dur à expliquer mais le film nous le fait l'accepter. La relation qui se noue entre cette mère endeuillée et cet adolescent lumineux fait des ravages : elle dérange par rapport à la différence d'âge, par rapport à la volonté des deux intéressés, leur différence d'affection l'un pour l'autre. Le réalisateur frustre le spectateur, qui veut que les deux protagonistes s'avouent les raisons de leurs ballades ensemble, de l'affection qu'ils éprouvent mutuellement.

    Sorogoyen signe malgré tout une relation intense et magnifique, esquivant toute perversité, toute allusion à l'inceste pour mieux capter ces deux âmes solitaires qui se rencontrent, s'éveillent et s'apaisent. En effet, petit à petit, Elena prend son envol, recherche les sensations, s'éveille à un nouveau monde, rattrapage en quelque sorte sa jeunesse qui lui a été volée. Elle séduit autant qu'elle est séduite, elle prend des risques qu'on peut lui reprocher. Elle est à la fois insouciante et lucide, irrationnelle et consciente de ce qui se passe entre elle et Jean. Sorogoyen instaure de manière assez magique et délicate un vrai suspense, une tension entre tous les personnages (l'amant d'Elena, la famille et les amis de Jean, les collègues d'Elena). La rencontre d'Elena avec la mère de Jean est brève, dure juste ce qu'il faut. Si la relation peut paraître incroyable, toutes les scènes sonnent vrai. Il y a une vraie justesse des situations car les personnages sont troubles et passionnants à découvrir. Ils bénéficient de l'interprétation remarquable de Marta Nieto, de quasiment tous les plans, dont le visage vous déchire et capable de rendre l'insaisissable émouvant, mais aussi de Jules Porier, angélique, fougueux, libre.

    Sorogoyen, débarrassé d'un scénario trop écrit et trop rempli, se laisse captiver par les errements des deux protagonistes. Il opte pour de longs plans larges sur la plage qui sont assez éblouissants, le réalisateur maîtrisant très bien la profondeur de champ. Puis sa mise en scène et surtout sa caméra adopte le mouvement de vagues qui poursuivent l'héroïne où qu'elle aille. Cette utilisation de la steadycam est grandiose : Sorogoyen rapproche la caméra de son héroïne puis s'en éloigne avec une fluidité exceptionnelle. Il filme essentiellement de nuit ou lors de jours gris, captant cette lumière propre à la fin d'été sur la côte Atlantique avec une tempête qui gronde avant de se déchaîner lors de la dernière partie du film. Cela permet également de semer le doute : ciel et mer se confondent magistralement. La beauté du film réside dans l'entreprise du deuil qu'effectue Elena. Elle retrouve son ancien époux, le mari de son défunt fils, et la caméra se veut mystérieuse, faite de clair obscur saisissant. La résolution de l'intrigue, belle mais amère, est somme toute logique et humaine. Sorogoyen se réinvente donc en maître des émotions, avec une mise en scène organique et minérale, un ton sobre et un sujet rongé à l'os sans sous intrigues ou personnages secondaires pas évidents à gérer.
    Fabien D
    Fabien D

    183 abonnés 1 144 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 1 août 2020
    Madre est un film esthétiquement très soigné. Les plans grands angles sont d'une grande beauté et les acteurs sont très convaincants. Malgré ces qualités cette histoire de deuil et d'amour naissant quasiment incestueux a beau intrigué, elle manque cruellement d'incarnation comme si le cinéaste n'arrivait pas à aller au bout de son sujet. Le scénario, finalement assez conventionnel, dans son traitement, aurait mérité un meilleur dénouement même si certaines séquences sont aussi glaciales que remarquables en terme de pure mise en scène. Sur un sujet similaire, mais avec un traitement très différent, on peut préfèrer le récent et sublime faute d'amour.
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