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AlphaWolf
81 abonnés
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2,0
Publiée le 30 mars 2021
Sorogoyen nous propose ce drame aux antipodes de son précédent film, l'excellent thriller politique El Reino. L'espagnol prend ici tout son temps pour dérouler une histoire qui démarre sur un plan séquence magistral... et puis plus rien. Dès l'ellipse, le scénario enchaine les redondances et l'intrigue fait un surplace monumental. L'ensemble est très maladroit, manque cruellement de subtilité, et la relation entre les deux personnages, en plus d'être relativement mal interprétée, est peu crédible. L’impression du soufflé qui retombe est tellement violente qu'on ne s'en remet jamais vraiment jusqu'au générique de fin.
Les longueurs pendant la recherche transie de l'enfant perdu sont frustrantes. Les 3 longs plans séquence sont 3 moments forts du film : la mère qui, au téléphone' sent disparaître son fils, les retrouvailles malsaines entre les ex, la violente dispute entre la mère et la famille de l'ado. Mais la fin est trop ambigue...
Après une scène d'ouverture magnifique, qui me rappelle le cinéma d''Andreï Zviaguintsev. Que cela soit à travers les mouvements de caméra et de son sujet. Petit à petit, Madre ma déçue, à cause essentiellement de son écriture à partir de la scène de la voiture sur le départ pour l'after. Le film se perd ne sachant plus trop quoi raconter, cela force le trait comme l'on force l'entrée dans un jardin. Évidemment, totalement sous le charme de l'immense et fiévreuse interprétation de Marta Nieto absolument incroyable, que je rêve et désire grandement chez Pedro Almodovar. Sinon magnifique travail d''Alejandro de Pablo en particulier les scènes de plages d'une belle profondeur. Boulevardducinema.com
Aucune restriction, AUCUNE, sur ce film bouleversant porté par un réalisateur surdoué, Rodrigo Sorogoyen et une actrice "incandescente" et "envahie" par le rôle, Marta Nieto ! (adjectifs pour la qualifier trouvés ça et là) Certains pourront légitimement ergoter sur tel ou tel point, détester mais tout comme Alejandro González Iñárritu, Sorogoyen possède ses propres codes narratifs portés par des plans, des cadrages et un rythme qui n'appartiennent qu'à lui. C'est remarquable d'intelligence et c'est la marque des grands ! Quant à Marta Nieto, elle est (juste) magnifique d'interprétation !
La puissance de Madre tient à ce cadre estival hors du temps qui constitue à la fois un conservatoire du traumatisme passé et un espace de rétablissement tendu vers un avenir radieux, une zone de turbulences pour une femme et ses proches qui n’obéit à aucune règle, qui ne dispose pas d’un bornage moral mais qui finit par se heurter à l’impossibilité d’une substitution. Rodrigo Sorogoyen réussit magnifiquement à composer un personnage principal à mi-chemin entre le rêve et la réalité, un être de fiction dont le combat intérieur est à ce point constant et contenu qu’il le raccorde à une authenticité éprouvante : toujours prête à vaciller, flottant pieds nus sur les sols qu’elle arpente– le sable de la plage, le revêtement de son appartement –, Elena apparaît comme un fantôme, aussi discrète dans ses fréquentations qu’efficace dans son emploi de gérante d’un restaurant. Le français utilisé en langue étrangère accentue cette impression d’exil volontaire, de purgatoire vécu sur un paradis terrestre. Et au milieu du chaos, une rencontre. Celle d’un adolescent, d’un garçon, d’un fils. D’un amant également. Le trouble que génère le long métrage s’avère remarquable en ce qu’il s’impose de lui-même, évident, naturel : il bouleverse par le destin déchirant qu’il programme, accéléré par les parents de Jean, accepté par Elena en guise de clausule. Madre raconte le deuil comme une histoire d’amour, affirme que la seule façon pour une mère de faire ses adieux à son enfant est de renoncer à l’approche thriller initiale (chercher la justice, obtenir réparation alors qu’une disparition ne saurait être réparée) pour mieux choisir la romance estivale et, par la superposition de l’être perdu sur un être aimé, le ressusciter et l’offrir à la vie. Un acte de foi en la puissance de l’amour magistralement réalisé et interprété – immense Marta Nieto –, qui recourt au calme et la fluidité pour exprimer le tumulte d’une intériorité tourmentée. L’un des plus beaux films de l’année 2020.
Très déçu ! Très long...trop long... certes je m'attendais à une intrigue et c'est tout l'inverse ! Mais passé cette première déception MADRE aurait pu être un très bon film d'émotion à la recherche de la sensibilité extrême de son héroïne. Quelques scènes répondent à cela :spoiler: la scène de début, la scène du petit déjeuner (très bien maîtrisé), la scène de rencontre avec l'ex mari responsable de ce malheur (selon elle !). La séquence où elle rejoue avec Jean la scène au portable de la disparition de son enfant... Le reste n'est que lenteur et ennui... A l'image du premier plan séquence après la scène de 15 mn du début... un long plan séquence de 3 mn où il ne se passe rien et où la photographie n'est même pas recherchée ! Une fête de village avec deux trois figurants...une virée à Dax incompréhensible...une scène de panique avec les parents totalement ubuesque... Faire un long métrage d'un court n'est pas toujours une réussite...MADRE en est la preuve !
4 819 abonnés
18 103 critiques
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1,5
Publiée le 18 décembre 2020
Il y a un grand début puis une disparition dans l'oubli. Une femme devient folle après l'enlèvement de son fils. Elle se lie d'amitié avec un garçon du même âge que son fils. Il y a de petites traces d'un complot qui ne va nulle part et le spectateur se méfie de tous. Peut-être que ce film a été financé pour les cinq premières pages du scénario et que personne dans les comités de financement ne s'est soucié de lire le scénario jusqu'à la fin a part pour les 5 premières minutes...
Tout commence par 15’ suffocantes lors d’un plan séquence virtuose mené de main de maitre par Rodrigo Sorogoyen. On est dans un appartement madrilène en compagnie d’une jeune mère qui reçoit un appel de son fils de 6 ans en panique. Il est seul sur une plage française et son père l’a abandonné quelques minutes mais ne revient pas. On sort de cette séquence rincé et sidéré. Sorogoyen recycle un court métrage qui lui valut de nombreux prix et en fait le point de démarrage de son histoire. L’espagnol, un des maitres planétaires actuels du thriller, nous scotche en quelques minutes pour nous transporter via une ellipse de 10 ans, sur la côte basque où la mère du petit vit seule dans une sorte de errance psychologique. Et là démarre un second film traitant, non d’une éventuelle enquête sur sa disparition, mais du deuil le plus terrible, celui d’un jeune enfant. Dans cette nouvelle vie, elle rencontre un ado de 16 ans qui pourrait donc être son fils par l’âge mais aussi par la ressemblance ; et jette son dévolu sur lui. Lui flatté d’être le fruit de l’attention de cette belle femme et elle perdue en face de ce jeune homme sur lequel elle projette son manque. Cette histoire de transfert affectif est traitée avec beaucoup de tact et de finesse. La bascule entre les deux films est brusque ; du thriller, on passe au film psycho intimiste, mais à la sauce Sorogoyen, c’est-à-dire en mode marionnettiste manipulant les sentiments de ses personnages. De fait, il reste un peu de mystère et de tension dans ce second film de 1h40, car le metteur en scène maitrise parfaitement son cadrage, ses plans et sa direction d’acteur. Marta Nieto en mère sur la lame du rasoir est magnifique et bouleversante de complexité jusqu’à un final dont on ressortira avec mille questions sans réponse. Même si ce film est frappé du sceau du talent à tous niveaux, on ressort un peu circonspect entre une montée d’adrénaline inhabituelle et un récit qui se dégonfle au fur et à mesure qu’il s’étire en longueur. Avoir tout de même pour la virtuosité des 17 premières minutes et la maitrise de Sorogoyen tout-un-cinema.blogspot.com
Rodrygo Sorogoyen confirme après El Reino et Que dios nos perdone son immense talent de réalisation. Totalement différents de ses deux premiers longs, Madre est lent, profondément triste malgré qu'on suive un personnage qui va de mieux en mieux. Le lieu de l'histoire influe beaucoup sur l'ambiance général du film.
Quel changement de thème et de rythme après l'époustouflant "El reino", chef d'oeuvre de 2019. Plus de lenteur et d'intimité dans ce nouveau film mais on retrouve l'efficacité de Rodrigo Sorogoyen pour filmer l'insoutenable et les tourments. Sa façon de filmer est unique, ses plans larges sont fascinants et quelques plans discrets méritent l'analyse des cinéphiles.
Génial ! Poignant, complexe et si rare dans le cinéma d'aujourd'hui. Amoral et profond, Sorogoyen nous prouve depuis déjà trois long-métrages qu'il reste encore des réalisateurs en Europe qui ont un style, qu'on peut encore faire une mise en scène unique et personnelle et s'introduire dans des récits inexplorés.
Au départ, une drame absolu . Ensuite, une relation ambiguë, réparatrice ou toxique difficile de le savoir mais 2 êtres qui se rencontrent, tentent de se réparer. Le spectateur est le témoin de ce pas de deux étrange, attachant, réjouissant, inquiétant, jusqu'à une conclusion très bien trouvée. Les difficultés de la psyché humaine, la difficile ou impossible réparation. Les films de Rodrigo Sorogoyan ont ceci d'originaux qu'ils combinent un sens du réalisme rattaché à la psyché de ses personnages. On a à la fois un film réaliste et étrange. Mention à cette belle actrice qui joue le rôle d'Elena qu'on ne quite pas des yeux et qu'on accompagne dans sa douleur contenue
Rodrigo Sorogoyen ("Que Dios Nos Perdone" "El Reino") change ici de registre avec un film et une entrée en matière tonitruante avec ce coup de téléphone avec le fils de l'héroïne qui disparait sur une plage. La suite nous projette 10 années plus tard où Elena (Marta Nieto) tente de se reconstruire. Cette oeuvre ressemble presque à une analyse psychanalytique voyant chez, et à travers Jean, un jeune français, l'image de son fils. Marta Nieto est bouleversante, mais sa présence n'empêche pas le film de subir de grosses baisses de rythme compensées par un suspense constant. Très différent de ses précédents films, le cinéaste dresse un beau portrait de femme, toujours sur un fil, jamais loin de basculer dans la folie. Un beau récit sur l'acceptation de l'inacceptable pour une mère.