Claus Drexel met en lumière des hommes et des femmes qui exercent celui que l’on surnomme « le plus vieux métier du monde », la prostitution. Le RDV est donné, il a planté sa caméra au beau milieu du Bois de Boulogne, dans le XVIème arrondissement de Paris. Oubliez tous les reportages racoleurs que vous avez déjà pu voir sur le sujet à la télévision, ici il n’en sera rien. Le réalisateur est un habitué, il avait déjà magnifié et sublimé ses rencontres avec des sans-abris à travers son documentaire Au bord du monde (2014).
Au cœur du bois (2021) donne la parole à celles et ceux que l’on ne voit pas, que la société veut cacher à tout prix, obligé de se tapir dans les sous-bois, attendant leurs prochain client (employés, chômeurs, personnalités du showbiz, hommes politiques, stars de la télévision ou footballeurs). Il n’y a pas de profil type qui viendrait fréquenter une travailleuse du sexe, elles l’affirment toutes face caméra, leurs clients viennent de tous les milieux et de tous les horizons.
Elles se livrent face caméra sans fausse pudeur, de façon anonyme ou pas, elles se livrent sur leurs parcours, parfois cabossés ou semés d’embuches. Des portraits passionnants et touchants pour certains, qui ont bien souvent plus de choses à dire qu’on ne le pense. Prostitués trans, hétérosexuelles ou homosexuels, il y en a pour tous les goûts, des jeunes ou des plus expérimentées (pour ne pas dire que certaines ont l’âge de votre grand-mère). Elles n’ont pas leur langue dans la poche (sans mauvais jeu de mot) et assume pleinement ce qu’elles sont devenues, ce qu’elles ont choisis d’être. Certaines d’entre-elles font ce métier depuis des années, d’autres plus récemment mais ne reviendraient pas en arrière si elles le pouvaient. Certaines le font pour l’appât du gain, d’autres pour le sexe (« j’aime la b!te » dixit un jeune homo).
Julietta, Kimberley, Luciana, Mélina, Geneviève, Isidro, Judith, Lydia, Prya, Raquel, Yoanni, Samantha et bien d’autres se livrent sans fard sur leurs conditions de vie, parfois pas facile (entre la précarité et l’absence de protection sociale) et sur les rares mauvaises rencontres qu’elles ont pu faire. Ces hommes et ces femmes viennent de France et d’ailleurs et ne font plus qu’un avec leur environnement, fait de brics et de brocs (cabanes dans les bois ou camionnettes aux couleurs flashy pour l’une et spotlights pour l’autre).
Le réalisateur nous offre un très beau documentaire, sublimé par de très beaux plans du Bois de Boulogne qu’il a filmé au long cours, au fil des 4 saisons. Un sujet très intéressant qui méritait ce regard bienveillant, loin des images racoleuses que peut renvoyer la télévision.
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