C’est ce qu’on appelle un film coup de poing…l’un de ces films qui vous prend aux tripes et qui ne vous lâche plus pendant les 2h10 de la projection. En Iran le film a pour titre originel et international « Just 6.5 ». C’est le nombre – sans cesse croissant – de toxicomanes en Iran : 6,5 millions. Dans ce pays, où dix tonnes de drogue sont consommées chaque jour et qui est frontalier avec l’Afghanistan, dont la narco-économie est florissante, la moindre possession de stupéfiants est punie de la peine de mort par pendaison et comme la détention de 30 g ou de 50 kilos est punie de la même peine, cela n’effraie guère les trafiquants, prêts à tout pour faire passer leur marchandise…
Le thriller, lui aussi stupéfiant, de l’Iranien Saeed Roustayi, 31 ans, s’ouvre par une descente musclée de la police de Téhéran dans une cache de dealers de crack…ce repère de dealers et de consommateurs est tout aussi ahurissant…un tas de grosses buses en béton, laissées là dans une espèce de no-man land et où s’abritent consommateurs de crack …mais aussi femmes et enfants…… Dès les premières minutes, « La Loi de Téhéran » frappe fort, : un débarquement de policiers, une course-poursuite dans un labyrinthe de ruelles et un suspect qui disparaît – au sens propre – comme dans un cauchemar… Le film met en scène Samad, un flic déterminé à remonter la filière de la drogue, des consommateurs au parrain. Avec ses méthodes musclées (intimidations, torture psychologique et violence physique), Samad attrape les petits poissons jusqu’à remonter au richissime parrain de la drogue, Nasser Khakzad…
Dans ce film scénarisé et cadré à l’américaine, la caméra portée à l’épaule suit au pas de charge le chasseur et sa proie, pénètre dans les maisons où les femmes et les enfants tiennent lieu de paravents (et d’alibis), sur les chantiers de construction… derrière les barreaux de prisons surpeuplées et dans les tribunaux. C’est haletant sans être jamais binaire, virtuose sans être tape-à-l’œil, et le portrait que, Saeed Roustayi donne de la société iranienne est édifiant, abrupt, impitoyable…On se demande même comment les autorités iraniennes ont pu laisser le film se tourner puis sortir en Iran où il a reçu un énorme succès… Saeed Roustayi avait, au départ, entrepris des recherches pour tourner un documentaire sur le crack. Il signe finalement une fiction puissante, marquante, magistrale…et la fin est comme le début …à couper le souffle !!