« La Femme de Mon Frère » en tant que comédie a de quoi déstabiliser le spectateur, il faut bien l’avouer et pas forcément dans le bon sens, tout au moins à ses débuts !
Pourtant malgré un excès évident dans la façon de dépeindre cette fratrie particulière, il n’en reste pas moins que le portrait de Sophia est tout à fait dans la lignée même du trentenaire qui ne veut pas devenir adulte en refusant totalement de s’assumer de manière responsable.
L’actrice Anne-Elisabeth Bossé met en œuvre une énergie folle pour aboutir à un jeu qui ferait presque état de véritable performance quelquefois !
De voir cette jeune femme et ses problèmes personnels plus existentiels que vraiment réels, on est évidemment proche d’un modèle classique que l’on rencontre désormais trop souvent dans la société actuelle...
Une peinture franchement bien vue et extrêmement instructive de notre époque, même si le couple frère/sœur a un comportement plus ou moins ambigu qui met quelquefois mal à l’aise, alors que rien ne justifiait ou ne nécessitait a fortiori cette situation de départ...
L’aspect très perturbé des personnages, en particulier de Sophia mais pas seulement quand on considère son entourage, doublé de cet accent canadien très marqué et sans que l’on comprenne pourquoi pas toujours sous-titré, provoque il est vrai un drôle de sentiment entre intérêt évident, et agacement parfois.
L’aspect déjanté, ici revendiqué, ne fait ainsi pas tout à fait l’effet voulu, suite à un manque de compréhension des paroles parfois évident surtout quand Sophia s’emporte sans limite !
Par contre, les scènes familiales mettent en scène deux parents extrêmement pétillants, touchants et charmeurs, pleins de joie er d’entrain contrairement à leurs enfants, et dont le père (Sasson Gabai) avec ses idées progressistes (dignes d’un Gilet Jaune !), est une véritable bouffée d’air frais et d’espoir !
Alors malgré des défauts incontestables, cette comédie sensible possède sur le fond, tout un tas de vérités sur le mal être des trentenaires ou plus, qui ici apparaît clairement et de manière intelligente même si la relation qui unit ces deux frère et sœur, est un peu trop outrancière et problématique dans l’histoire.
La réalisatrice Monia Chokri a cependant imprimé à son film une patte bien personnelle qui lui donne une vraie spontanéité, ainsi qu’une émotion et une fraîcheur manifestes, même si tout cela est un peu gâché par le côté un peu brouillon et excessif ressenti particulièrement dans une première partie, qui pourra d’emblée rebuter inutilement le spectateur...