Le cinéma canadien fait fréquemment souffler un vent de fraîcheur sur le septième art français si épris de réflexion sur les relations sociales. Il en est ainsi pour ce film qui, non-seulement nous rappelle "Le déclin de l'empire américain" par la truculence et l'intelligence de ses dialogues, mais apporte également du renouveau dans la façon de mettre en scène les rapports sociaux et familiaux. Monia Chokri a pensé chaque détail de chaque plan et effectué un extraordinaire travail de montage. C'est surprenant, atypique, cela donne du rythme au film mais peut surprendre certains spectateurs. C'est aussi la qualité des grands réalisateurs et Monia Chokri fait indéniablement partie de ce groupe restreint de personnalités artistiques.
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3,5
Publiée le 3 septembre 2020
La Femme De Mon Frère est un OVNI cinématographique aux dialogues exquis et aux personnages attachants. Sophia (Anne-Elisabeth Bossé peut-être Monia elle même ?) a vécu trop longtemps dans le cocon familial en totale symbiose avec son frère Karim et après une thèse de doctorat d'une inutilité flagrante. Elle termine douloureusement son adolescence à 35 ans découvrant maladroitement qu'elle doit apprendre à vivre seule et pour elle-même sans sa famille avec un retard de 10 ans. En quelque sorte l'événement déclencheur étant l'arrivée inattendue de la magnifique Éloïse dans la vie de son frère. Un premier film sympa et élégant de Monia Chokri. Une jeune réalisatrice avec une belle carrière devant elle, sans aucun doute...
Très bon film ! Pas prétentieux du tout, parfois des tirades difficiles à suivre mais globalement les personnages sont sympathiques. Côté féminin viril se plaît beaucoup. Un film touchant aussi. La bande originale est bien. À voir !
Comme j'ai ri ! Bon, il faut s'habituer à l'accent, il faut parfois tendre l'oreille. Mais les Canadiens nous livrent ici un film tel bourré de leur humour inégalable tour en traitant d'un sujet pas, si rigolo finalement, un régal.
Est ce l'envie de voir déjà un successeur à Xavier Dolan qu'une partie de la presse est dithyrambique sur ce film ? L'histoire de cette jeune femme mal dans sa peau et qui le fait payer aux autres, principalement son frère est un peu trop survoltée à mon goût pour être appréciable. Au bout d'une demie heure de film, on est abasourdi, assommé par tant de bons monts déferlants à chaque réplique. Ce qui aurait pu être drôle se révèle lassant, d'autant plus que l'accent québécois nous oblige à un effort d'écoute qui gâche l'éventuel plaisir qu'aurait pu procurer le film. La bande annonce était prometteuse, le cinéaste devrait soit mesurer son tempo, laisser le spectateur souffler ou se consacrer aux courts-métrages. Xavier Dolan peut dormir tranquille, une décennie après son premier film, il reste l'étendard du cinéma québécois.
Voici un très long métrage, qui hésite entre la comédie type "Bridget Jones" (sans l'humour) et le cinéma d'auteur (sans le message politique ou le parti-pris esthétique). Si on arrive à trouver crédible les premières scènes et qu'on n'est pas allergique aux scènes répétitives, il existe une chance d'arriver à trouver un intérêt à ce film, qui se prolonge sans rebondissement sur près de deux heures.
La Femme de mon frère a le mérite de représenter ce que seraient les œuvres de Xavier Dolan sans le génie de ce dernier, soit une suite de séquences rythmées et colorées comme autant de variations autour d’un sujet – la relation fusionnelle entre une sœur et son frère, ainsi que la jalousie qui s’installe – qui pourtant ne connaît pas de progression véritable. Ça crie à tout bout de champ, ça gesticule, ça ne tient pas en place, et pourtant le film adopte un statisme involontaire, un statisme structurel qui répète une série de tics esthétiquement marqués, à l’instar de ce montage incisif qui crée une impression d’épilepsie aggravée. Nous saluerions la recherche et l’ambition artistiques, si et seulement si toutes deux se subordonnaient à une réflexion sur la famille ou la jalousie, ici aux abonnés absents. Quelques scènes fonctionnent et trouvent un équilibre entre l’hystérie tonale et l’articulation des plans : ainsi, le dîner dans un restaurant italien s’avère assez désopilant, de même que la séquence d’introduction. Mais nous avons davantage l’impression d’assister à une compilation de trucs, d’astuces relatives au découpage et à la photographie découpés dans un catalogue pop art qui n’est pas désagréable à regarder, mais qui ne constitue que l’ombre de l’œuvre qu’il aurait dû et qu’il prétend être. En croisant les influences extérieures, en mariant les genres musicaux, le film La Femme de mon frère oublie, derrière les cris et les crises qu’il met en scène, de se composer une voix à lui.
Bienvenue au Québec fraternel! Sans vouloir faire de pléonasme bien sûr... Le duo d’acteurs, ici frère et sœur, nous emmène sur une belle balade familiale mêlant amour collectivement égoïste et des peurs foutrement du quotidien au bord du lac de Montréal! On rigole bien, l’ordre des images est tout aussi présent que l’énergie sociale que détient l’actrice principale! À voir pour se détendre .
D'après la bande-annonce, ce film semblait certes déjanté, mais très prometteur. Je suis donc mitigée car il y a des scènes savoureuses et des passages complètement loufoques qui, à mon sens, n'apportent pas grand-chose hormis des longueurs et un aspect décousu… Les acteurs sont top et le concept de départ plutôt chouette. Il y a du très bon comme du très mauvais, dommage que la réalisatrice nous perde en cours de route...
Très difficile à suivre du fait de la densité des dialogues et de l'accent québequois, on ne profite du coup guère de cet humour exacerbé et chaleureux que seuls nos cousins d'outre-atlantique savent offrir. Il y a bien 2 ou 3 scènes intéressantes, mais cela ne rachète pas un scénario qui manque franchement de subtilité. Ni émotion ni plaisir en regardant ce film.
Premier long-métrage de Monia Chokri, qu'on a pu découvrir en tant qu'actrice grâce à Xavier Dolan, et présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes, "La Femme de mon frère" questionne l'irruption d'un nouvel amour au sein d'une famille, chamboulant ainsi la fusion d'une relation fraternelle. Notre regard se focalise sur une jeune femme à la répartie acerbe et dynamique, gaffeuse et frustrée, préférant la moquerie gratuite aux pleurs. L'énergie euphorisante de son actrice, Anne-Elisabeth Bossé, nous transporte dans des joutes verbales hystériques, sans limites et très drôles. L'effet miroir est évident car cette histoire soulève malicieusement des émotions très intimes mais au fond, cruellement universelles. Que ça touche à un sentiment d'incompréhension, d'abandon, de tristesse ou de jalousie, on a tous vécu des bribes, voire des scènes de ce portrait tiré à l'extrême, grâce à un personnage hors-normes et non-conventionnel. Certaines scènes ont déjà de quoi devenir cultes : comme celle du restaurant italien avec le rendez-vous arrangé et le premier repas de famille avec la pièce rapportée qui se trouve être la femme de son frère. Il y a un vrai sens du rythme et de la répartie qui embellissent cette comédie qui ose et se révèle un peu plus douloureuse qu'elle ne le laisse voir. Le grain de l'image, les couleurs vives, les détails vestimentaires des personnages et des décors ainsi que la diversité des plans, bien qu'étant dans la continuité de l'univers de Dolan, font de "La femme de mon frère" un joli témoignage mélancolique et cruel. C'est aussi très bavard, ça fuse dans tous les sens, si bien qu'on en perd parfois le fil des dialogues. Mais force est de constater que l'engrenage du portrait de famille de Monia Chokri est extrêmement bien huilé, quitte à en faire trop par moment, et électrisé par ses comédiens plein d'audace et de panache !