Le noir est blanc très travaillé des Séminaristes, le deuxième long-métrage du slovaque Ivan Ostrochovsky, après Koza, remplit parfaitement sa fonction atmosphérique dans l'obscurité totalitaire de la Tchécoslovaquie du début des années 80. Sur ce plan, le film n'a rien à envier à l'imagerie du Cold War de Pawlikowski. La comparaison qui vaut aussi pour la maîtrise des ellipses, s'arrête là, tant ces Séminaristes jouent une partition austère et glacée, renforcée par une mise en scène claustrophobe. Le cinéaste qui vient à l'esprit est bien évidemment Bresson, avec cette interprétation presque neutre, synonyme de peur épidermique pour des personnages, les jeunes séminaristes, qui ont le choix de leur dévotion, soit à une Église qui collabore avec le régime, soit à celle, dissidente, qui prône la résistance; appuyée en sous-main par le Vatican. Le sujet est passionnant et le traitement original, avec une ambiance proche du cinéma expressionniste, voire d'un film d'horreur. Mais le scénario a choisi de limiter l'accès du spectateur à l'information, privilégiant le silence à des dialogues explicatifs. Cette posture prend le risque de laisser une grande partie du public à quai, le rôle de certains protagonistes et plusieurs événements semblant parfois opaques. Cela donne un aspect par trop "artistique" au film, au détriment d'une émotion que l'on aimerait éprouver davantage en comprenant tous les tenants et aboutissants. Quant à la durée, à peine 80 minutes, elle donne également l'impression que tout n'a pas été dit.