Un tour chez ma fille
Théâtre filmé
Après son Retour chez ma mère de 2016, Eric Lavaine repique au truc avec une fausse suite de son succès. Faut dire que cette comédie tout à fait honorable l’avait sorti d’une longue suite de nanars tailles XXL, comme Bienvenue à bord, Barbecue, Protéger et servir ou Poltergay. Depuis, le niveau était nettement remonté avec des films sympathiques, L’embarras du choix et Chamboultout. Cette fois-ci, c’est elle qui débarque ! Jacqueline, en pleins travaux dans son appartement, est joyeusement contrainte d’aller vivre « quelques jours » chez sa fille ainée Carole et son gendre, en pleine thérapie de couple. Ces « quelques jours » se transforment en «quelques mois », Jacqueline se sent vite chez elle, prépare les dîners, accapare la télévision, réorganise la cuisine… Elle est là et on ne sait pas pour combien de temps ! Ces nouvelles 85 minutes confirment mon impression, mais, sans toucher les sommets, on en est même très loin. Sympa sans plus, cette gentille comédie foit à peu près tout à son casting. Merci à lui !
La mise en scène est plan-plan, le montage mou du genou, l’écriture plutôt ordinaire… vous allez me dire, alors qu’est-ce qui reste ? Quelques gags – pas toujours surfins -, mais bienvenus, un quiproquo plutôt bien mené et des moments d’émotion – mais oui ! – assez inattendus dans le cinéma du sieur Lavaine. Mais, je l’ai dit, c’est les comédiens et les comédiennes qui tiennent la baraque. Heureusement, ils et elles donnent l’air d’y croire. Alors pourquoi pas nous ? Du cinéma désuet mais, allez, c’est l’été, les sourires réapparaissent sans les masques, le temps de la mansuétude tous azimuts est revenu.
Josiane Balasko balaye tout sur son passage. Elle cabotine – avec justesse -, avec une gourmandise jouissive. Quel numéro ! Pour une fois, Mathilde Seigner ne fait pas dans l’hystérie et ça lui va bien. Jérôme Commandeur, - excellent -, Philippe Lefebvre, Didier Flamand et les apparitions de Line Renaud, dans le genre savoureux, complètent une troupe qui donne l’impression de s’être beaucoup amusée. Et c’est contagieux. Je l’ai dit, il n’y a pas de quoi se relever la nuit, mais ce n’est pas la catastrophe que certains décrivent avec une délectation suspecte. Bon, cela dit, il y a beaucoup mieux sur les écrans en ce moment, alors préférez – certes dans un tout autre genre – le 1er film de Just Philippot, La Nuée dont j’avais parlé en octobre 2020.