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ClashDoherty
228 abonnés
838 critiques
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4,0
Publiée le 4 mars 2023
Sans doute un des meilleurs films de Francesco Rosi, réalisateur italien spécialiste des films politiquement engagés ("Main Basse sur la Ville", "Cadavres Exquis", "Les Hommes contre", "L'Affaire Mattéi"), qui dirige une fois de plus un de ses acteurs fétiches, l'excellent Gian Maria Volonte, qui interprète le rôle-titre, ce mafioso, figure importante de la pègre italo-américaine des années 30/40. On trouve aussi Rod Steiger (que Rosi avait déjà dirigé) et Vincent Gardenia dans ce "Lucky Luciano" qui m'a vraiment énormément plu et que je conseille à toute personne aimant les films de mafia et les drames historiques.
Sous un même angle de prise de vue que s'ils étaient Américains, mais avec un angle culturel différent, Francesco Rosi et ses sbires vont explorer New York, et plus particulièrement la mafia, comme de l'intérieur. Mais de l'intérieur, il y en aura trop : intérieurs de voitures, de commissariats, de larges vestes grises... on en viendrait à adorer bêtement les scènes où l'on ouvre une fenêtre sur un mur couleur ville.
Non vraiment, on passe trop de temps à se demander quelle audience pourrait être intéressée par ce film où tout le monde court après tout le monde pour en revenir au point de départ. Si l'œuvre avait fait cela pour relater les faits réels, c'eût été compréhensible, mais elle ne prend pas vraiment la peine de se remplir de quoi que ce soit d'autre. L'histoire est brodée sur le tissu râbaché d'une police sachant pertinemment qui sont les coupables de quoi, sans pouvoir pour autant les arrêter. Quant aux coupables, justement, on n'en saura rien de plus que l'image donnée indirectement par les médias et la foule, fascinés par ces truands qu'on ne voit jamais truander et qui passent du coup pour des stars.
Les discours sont bien pensés, et les acteurs maîtrisent ce qu'ils doivent filtrer de leur naturel pour personnifier les mafieux, mais on n'a pas l'impression que cela leur demande beaucoup de travail. On a l'impression de contempler un ballet de slow où l'on sait tout du long que les conséquences seront sans importance. Lucky Luciano, tout le contraire d'un film qui marque.
Francesco Rosi raconte l'histoire du célèbre mafieux Lucky Luciano en élaborant une mise en en scène immersive, qui donne au film un côté documentaire (le générique du début; la caméra au milieu des personnages). Intéressant dans son parti pris réaliste et dans la démonstration très claire d'une certaine complexité politique, "Lucky Luciano" ne parvient pourtant pas à véritablement passionner, en partie à cause d'un dispositif formel pauvre et d'un rythme mou assez paradoxal tant le choix chronologique employé appelait un certain dynamisme. Un film curieux, aux fulgurances esthétiques inspirées, qui a la bonne idée de ne jamais présenter son protagoniste en coupable mais, au contraire, de le mettre en retrait : un Lucky Luciano campé par l'excellent Gian Maria Volontè.
Coincé entre le néo-réalisme de Rossellini et la comédie à l'italienne des Risi et Monicelli, Francesco Rosi propose un cinéma militant souvent vu comme assez austère qui dénonce les dérives de la société italienne. Un peu en retrait tout au long de sa carrière, il lui aura fallu attendre les dernières années de sa vie pour se voir décerné par les festivals de Berlin et de Venise en 2006 et 2012 un ours d'or et un lion d'or pour l'ensemble de sa carrière. Sa biographie de "Lucky Luciano" sortie en 1974, deux ans après le triomphe du "Parrain" dénote par son style épuré en complète opposition avec le drame opératique de Francis Ford Coppola qui réécrit à lui seul les codes du film de gangsters. La visée de Rosi aidé par son fidèle et brillant scénariste Tonino Guerra, collaborateur attitré de Fellini, Antonioni, Angelopoulos, est tout autre qui entend montrer que ces pontes de la mafia tant admirés autour desquels se bâtissent les légendes les plus folles ne sont en vérité que les instruments des gouvernants des grandes puissances. A cet effet, l'immense Gian Maria Volonté incarne un Lucky Luciano très loin des codes habituels incarnés à Hollywood par les Edward G Robinson, James Cagney, Paul Muni ou George Raft. D'allure bonhomme et presque insignifiante, celui qui selon Rosi aurait été fabriqué "héros de guerre" par le camp démocrate pour faciliter le débarquement en Sicile puis installer des hommes de confiance à différents postes stratégiques afin de faciliter les intérêts américains après le conflit, se montre un calculateur hors pair plus proche de l'homme d'affaires cynique et calculateur que de la petite frappe aux sautes d'humeur incontrôlables. C'est donc tout autant la grande histoire qui intéresse Rosi que la mise en lumière des exécutions sanglantes même si à travers le personnage de Gene Giannini interprété par un Rod Steiger pour une fois relativement sobre elles ne sont pas omises. Rosi c'est une approche aujourd'hui un peu surannée de l'art cinématographique qui se veut davantage éveil des consciences que divertissement. Heureusement son propos comme celui d'un Costa-Gavras devenu trop rare est intemporel et le support DVD permet à chacun de se replonger dans ces œuvres coup de poing pour se sentir encore vivant dans cette époque un peu "chloroformée".
Le style très documentaire, très reportage d'investigation de Francesco Rosi pour ce biopic sur l'une des figures de la Mafia les plus puissantes et redoutables de tous les temps voir même la plus puissante et redoutablede tous les temps tout court... Lucky Luciano seul suffit largement à rendre ce film intéressant, mais c'est sans compter aussi Gian Maria Volontè qui prouvait une nouvelle fois qu'il était un acteur exceptionnel en se fondant totalement dans la peau de son personnage ; un protagoniste passionnant, un acteur exceptionnel pour l'interpréter, que demander de plus au bon peuple ??? Ben peut-être un scénario qui sort un peu plus de son côté reportage et de son côté politique (ah les américains, les premiers à faire la morale aux autres mais certainement pas les derniers à faire dans l'immoralité...!!!), qui aurait pu devenir facilement plus puissant en creusant plus la personnalité ambiguë du deuxième "Capo di tutti Capi". On reste un peu à la surface des choses et c'est dommage... Mais il y a Lucky, il y a Gian pour l'incarner, et c'est déjà pas mal...
La série « Boardwalk empire » a rappelé a ma mémoire ce film que Rosi avait tourné sur ce célèbre gangster des années 30. Le récit s’attache plutôt ici à la seconde partie de sa carrière lorsqu’il fut extrader des état-unis vers l’Italie en 1946. Mise en scène avec rigueur, ponctuée d’éclat de violence, « Lucky Luciano » met en évidence la collusion entre politiques et mafia dans le processus de reconstruction de l’Italie d’après guerre.
Rosi va à contre-courant des films de gangster apologétiques en construisant une approche quasi-documentaire de son personnage. Les intentions de mise en scène sont rares puisqu'on leur préfère une peinture réaliste et froide de Luciano et son business qui donnera naissance à la Sicile en tant que véritable plaque tournante des cartels de drogue. Luciano est filmé tel quel et c'est ce qui fait la force du film, d'autant plus que Gian Maria Volonte l'incarne corps et âme avec une amoralité à vous glacer le sang.
Le super parrain selon Rosi est une sorte de notable homme d’affaire terne, opaque, vieillissant, discrètement sardonique et cardiaque (parfaitement interprété par G. M. Volonte). Le gangstérisme avec ses règlements de comptes ne sont qu’un préliminaire dans sa carrière : sa véritable ascension il la doit à la corruption des politiques américains, à l’exploitation des circonstances historiques, qui permettent à la mafia italo-américaine de prendre une part du gâteau du pouvoir en Italie, dans le sillages des armées alliées à la fin de la Seconde guerre mondiale, puis, de cette base, de contrôler le trafic d’héroïne entre l’Europe et l’Amérique. Comme d’habitude chez Rosi, le scénario a une construction complexe, avec d’incessantes circulations dans le temps et des digressions. La compréhension demande une attention soutenue. Il s’agit bien d’un film engagé, mais d’une manière assez inhabituelle. Plus que d’une dénonciation indignée, on a le sentiment d’un constat tristement écoeuré et sans illusion. La fin de Luciano est à son image donné dans le film. Il meurt banalement d’une crise cardiaque. En frustrant les enquêteurs d’une victoire qui se dessinait. Une ultime défaite de la justice en quelque sorte. Le film ne cède qu’une seule fois à une forme de lyrisme spectaculaire, lorsque sont filmées les « Vêpres siciliennes », qui virent l’exécution de toutes les têtes de la mafia italo-américaine, au bénéfice de Lucky Luciano.
A travers le retour de Lucky Luciano en Italie ce film dénonce la relation de l'armée américaine durant la 2nde GM avec la maffia et autres magouilles dont le crime organisé a pu bénéficier. Ce n'est pas une réelle biographie que nous offre Francesco Rosi car on ne voit qu'une partie restreinte de la vie de Lucky Luciano mais ce film malgré un manque de puissance n'en reste pas moins intéressant et intelligent dans ses propos de plus Gian Maria Volonte qui incarne le rôle titre rendrait presque sympathique ce personnage ; le casting comporte aussi Rod Steiger dans la peau d'un mafieux à grande gueule.
Une fois encore, Francesco Rosi cède à ses démons et plonge au coeur de la mafia italo-méricaine et sicilienne. Avec quelle maîtrise ! Gian-Maria Volonte incarne un Lucky Luciano plus vrai que nature, dirigé d'une main de fer par Francesco Rosi. Souvent brillant, parfois cru, violent, le film atteint toutefois ses limites en devenant trop didactique. Moins réussi que son chef-d'œuvre, "Main basse sur la ville".
Alors que le parrain cartonnait, nos amis Italiens lancèrent un film retraçant la fin de la vie de Lucky Luciano sans doute le plus célèbre parrain avec Al Capone. Joué par le cultisme Gian Maria Volonte, le film se veut trés réaliste refusant les artifices conventionnels du film de gangster. Si Rosi a du talent il est dommage que le résultat bien que très documenté soit aussi fade, le lyrisme fait défaut au film qui ressemble par moment à un docu-fiction alors qu'il avait tout a gagné en transformer son personnage principal en icône.