Je ne connais pas forcément bien Robert Aldrich, j'avais juste vu Kiss Me Deadly (très beau titre au passage) qui m'avait surtout marqué par sa fin complètement inattendue. Cette fois je ne regarde pas un film noir, mais un film sur un kidnapping qui ne se passe pas comme prévu. Et là, première claque, le film va à 100 à l'heure. L'organisation du kidnapping est une ellipse, tout s'enchaîne pour arriver à ce qui intéresse vraiment Aldrich j'ai l'impression : filmer ces personnages complètement arriérés essayer de se dépatouiller dans leur propre merdier. On est face à un film viscéral, tout sauf manichéen, intelligent, avec une qualité d'écriture rare. Je dois mettre une mention spéciale sur la "Ma", qui est réellement flippant en petite mère-grand complètement machiavélique et légèrement psychopathe sur les bords. Il a une scène à la fin du film qui est juste magnifique, il la filme en contreplongée elle domine l'écran une arme à la main, on sent toute sa folie. Et puis il faut admettre qu'Aldrich n'est pas un petit joueur, il sait mettre en scène. Parce que c'est visuellement très beau. On a un montage saisissant réussissant à nous faire voir des choses qui sont hors champ par les réactions des personnages assistant à la scène. Quelque part ce film avec sa famille de ratés m'a rappelé un peu Killer Joe, bien que finalement les deux films n'ont rien à voir, on retrouve cette même Amérique profonde avec ces petites frappes dégueulasses mais finalement attachantes. Parce que oui Aldrich réussit à nous faire éprouver un peu d'empathie pour ces personnages qui sont des véritables monstres que l'on n'aimerait pour rien au monde croiser dans la rue. Et lorsqu'on a une écriture exemplaire prenant le luxe d'éliminer toutes les scènes habituelles de ce genre de film pour se concentrer uniquement sur ce qui l'intéresse vraiment et donc aucune baisse de rythme et une mise en scène aux petits oignons, on a un grand film… Rien à redire.
R. Aldrich était au pied du mur quand il mit ce film en chantier, sa société de production ayant enchaîné les bides jusque là avec seulement 3 films (il avait réussi à obtenir son indépendance suite au succès colossal des 12 salopards, qui lui avait rapporté énormément d'argent). Pour autant, le bougre ne choisit pas de faire un film commercial, bien au contraire. Il signe un polar moite, noir, ultra-violent et surtout, peu aimable et facile d'accès. Non pas que le film soit compliqué à suivre, mais il se démarque des autres films en laissant délibérément de côté un héros positif à cette histoire. En effet, nous ne suivront que trop peu l'enquête du détective, nous laissant plutôt plonger au coeur de la folie qui agite le clan Grissom. Fresque criminelle (l'ascension du gang reste une toile de fond, des péripéties annexes qui n'intéressent que trop peu Aldrich) mais surtout vrai drame psychologique, avec des personnages bien tarés, avec en 1er lieu S. Wilson dans le rôle de Slim. Son couple qu'il forme avec la frêle K. Darby reste comme l'un des plus étranges qui ai arpenté le grand écran. Femme soumise ou en quête de survie, les deux à la fois, couple au sein duquel finit par naître un amour véritable ? Aldrich semble vouloir tout montrer et finit par nous représenter Slim et Miss Blandish comme un couple hollywoodien typique. En grand farceur et anti-conformiste subversif qu'il était, spoiler: Aldrich finira même par une scène d'un baiser fougueux, accompagné d'un thème romantique qui n'aurait pas dépareillé dans une romcom plus classique . Reste également un film violent, rondement mené, avec une atmosphère moite et dégoulinante de sueur qui offre à nos yeux ébahis un film de gangster pas comme les autres, parfois un peu trop long (certaines scènes sont très étirées) mais bigrement bien troussé. D'autres critiques sur thisismymovies.over-blog.com
Très belle réalisation de la part de Robert Aldrich, qui, quelques années après son célèbre Les Douze salopards (1967), nous revient avec un film de gangsters hors du commun. Pas d'orchidées pour Miss Blandish (1971), c’est l’histoire d’un vol de bijoux qui tourne mal, se transformant à la dernière minute en un rapt. Les ravisseurs n’étant franchement pas ce qu’il y a de mieux, ils se font piquer leur « poule aux œufs d’or » par une bande rivale, ces derniers seront bien décidés à ce servir de leur victime afin de se remplir les poches ! Par la suite, a lieu une rencontre étonnante, celle entre la jeune fille bourgeoise et l’un des bandits (mentalement déficient). Leur aventure se transformant en une amourette furtive (victime du Syndrome de Stockholm), le film brasse divers thèmes et nous offre sur un plateau d’argent, un acteur sidérant, en la personne de Scott Wilson. La mise en scène sur les chapeaux de roues nous réserve bien des surprises, on en décroche pas et ce, jusqu’au grand final.
Je ne savait pas trop à quoi m'attendre et au final j'ai été plutôt emballé bien qu'un peu frustré. Le scénario comprend pas mal de rebondissements, il n'y a pas de stars mais les acteurs jouent très bien en particulierement pour les roles de Slim et Ma et l'ambiance est très réussie. le problème c'est que les moments forts ne sont pas très bien exploitées, du moins ils se fondent dans l'ensemble d'une réalisation et d'une production un peu limitées. On suit aussi un peu tout les personnages ce qui n'est pas forcément un désavantage mais cela rajoute un sentiment de dispersion.
C'est poisseux à souhait, les gangsters sont grotesques et effrayants, frôlent la caricature sans jamais y tomber. Les scènes d'action et de violence sont à l'estomac, réalisées avec une redoutable efficacité. La touche de romantisme à la fin n'est pas vraiment crédible, mais, par contre, la séquence ultime dévoile avec une terrible causticité toute la cruauté du monde "normal" ou "honnête". L'apothéose d'un excellent film.
Aldrich continue à décortiquer la noirceur de l’âme humaine qu’il regarde toujours avec un certain cynisme, à travers un étonnant film de gangsters.
Film totalement fou, porté par une liberté de ton qui caractérise le Nouvel Hollywood, et les années 70, le genre abordé y est complètement déstructuré et dynamité. On pense autant à Bonnie & Clyde qu’à massacre à la tronçonneuse. Ainsi, si la trame de base, un vol de bijoux qui se transforme en kidnapping et demande de rançon, peut évoquer les films inscrits dans la temporalité de cette histoire, les années 30, durant la prohibition, le regard que le cinéaste pose sur les personnages et les faits s’en éloignent complètement. Mise en parallèle et opposition de deux classes sociales qui tendent vers un même point de déshumanisation et de cruauté : classes bourgeoises et rebuts de la société. Le cinéaste allant à filmer de façon presque plus cynique le personnage du père dont la fille a été kidnappée que le gang Grimsom, avec à leur tête une bloody mama castratrice. L’atrocité de leurs agissements étant vue sous un prisme grotesque et presque compatissant.
D’une violence juste hallucinante, presque cartoonesque parfois dans son outrance appuyée ce qui la rend autant fascinante que dérangeante, le film laisse percer sous sa sueur, sa crasse et sa noirceur un romantisme singulier. Dans cette opposition entre deux mondes, un lien contrasté va se tisser entre le fils Grimsom un peu attardé et la jeune victime. Cette dernière, d’abord révulsée, va rentrer dans le jeu de cet amoureux pour bénéficier d’une situation de séquestration plus « vivable », jusqu’à éprouver un sentiment amoureux que l’on imaginerait impossible. C’est l’union impossible et presque touchante de deux individualités qui touchent un sentiment qu’ils n’avaient jusqu’alors jamais eu l’occasion de ressentir, étouffés par leur univers respectif déshumanisé et castrateur.
Film asphyxiant, la mise en scène baroque enfermant ses personnages dans des cadres clos de plus en plus refermés sur eux-mêmes, encore une fois la maison des Grimsom à une grande importance dans la dramaturgie (comme c’était le cas dans Baby Jane ou Charlotte). Le cadre spatial rejoint ainsi le cadre social. On est dans les années 70 et on cherche à fuir, un système, une situation spatiale, sociale ou humaine, on cherche la clarté, la liberté. Ici, si cette accession semble le temps d’une séquence possible, la fenêtre se referme rapidement, laissant dans la bouche un pessimisme au goût amer.
D'un polar Robert Aldricht avec le talent qui est le sien tire une étude psychologique de haute volée.Avec ces personnages névrosés toujours sur le fil du rasoir,il réussit l'exploit de nous surprendre,de nous émouvoir sans oublier les scènes d'action époustouflante qui emmaille ce petit bijou de film.Un film à voir absolument par tout cinéphile soucieux de qualité et de produit non formaté
La possibilité de la mort peut-elle créer la possibilité de l'amour? De quelle chair somme-nous faits, qui se plie si profondement sur l'âme, et reciproquement? Dans ce film comme toujours, Aldrich est un sublime pervers, un romantique de l'impureté, sous l'emprise d'une orgie des sentiments perpetuelle. Le scenario est super, mais la mise en scène est le scenario levé au carré, au sublime. C'est une evidence, comme toujours avec Aldrich, des la première séquence du film, poursuite jazzée et antologique. Ensuite, les decors comme attrape, les personnages comme blessures, les fusillades comme bouillonement, sont à voir, à regarder, à revoir, à reflechir. Aldrich est le plus inteligent des metteurs en scène, ses exagerations ne sont qu'un outil de cette intelligence; la vulgarité est loin, car on est proches du coeur.
Film très loin dépourvu de tout sens de la rélité. Des clichés, des gangsters demeurés qui se vont doubler par une famille dirigée par un psychopate, des flingues sortis plus souvent que des igiarettes et des morts inutiles dans des bains de sang grotesques.. Un Aldrich raté, d'ailleurs sans grands acteurs pour tenir des rôles qui auraient mérité mieux.