Le vaudeville dépoussiéré
Après un calamiteux 1er film en 2014, Jamais le premier soir, Melissa Drigeard s’est concentrée sur les séries télé avant de revenir, cette fois, avec une comédie grinçante qui constitue somme toute une excellente surprise.Tout sourit à Audrey et Jérôme. Ils ont trois merveilleux enfants et leurs métiers les passionnent. Le temps d’un week-end, ils partent chacun de leur côté... Avec leurs amants respectifs. Sauf qu’ils ont la même idée : aller dans leur maison de campagne. Quand ils se retrouvent nez à nez, c'est l'explosion. Arrivent alors les parents d’Audrey, puis leurs enfants et enfin sa sœur. Le quatuor n’a pas d’autre choix que jouer la comédie pour sauver les apparences. Mais très vite le vernis et les nerfs craquent... 100 minutes bien menées, bien écrites, bourrées de ces vérités qu’on n’aime pas forcément entendre et surtout par un casting de luxe.
C’est d’ailleurs ce casting qui m’a poussé à entrer dans la salle. Bien m’en a pris. Sans toucher les sommets, c’est très au-dessus des films français de ce genre. Enfin un scénario original qui tient la route et la distance. Ça parle de se serrer les coudes, de protéger les gens qu’on aime des mensonges utiles… Au bout du compte, on parle toujours d’amour. D’amour charnel, d’amour filial, d’amour de la vie. Le choix de constants très gros plans apporte une sensation d’étouffement assumée pour ce vaudeville moderne tragique et humain, drôle et pathétique. A voir sans crainte. C’est une belle surprise.
Elsa Zylberstein, à fleur de peau, et Stéphane De Groodt, - décidément un comédien très subtil -, mènent la danse avec subtilité et talent. Quelle joie de retrouver notre vieux Guy Marchand, dont la prestation sonne un peu comme un adieu. Quant à Anne Benoit, Emilie Caen, Kardjia Touré, Giovani Cirfiera et toute une bande de jeunes acteurs, ils sont tous épatants dans des registres différents. Du rire aux larmes, des thèmes sociétaux qui parlent à tous, - l’amour, la séparation, la famille, l’approche de la mort -, c’est habile, bien écrit, d’une cruauté maîtrisée et bourré d’énergie. Le burlesque cède très vite la place à une chronique douce-amère sur des gens qui nous ressemblent et qui ne savent pas saisir le bonheur pourtant à portée de leurs mains. C’est fin et ça se mange sans faim.